Español English French Kwéyol

Forum d’Austin-Haiti : AlterPresse, entre tradition et modernité

Intervention de Gotson Pierre, éditeur d’AlterPresse, le 12 septembre au 7ème Forum d’Austin sur le journalisme dans les Amériques [1]

Repris par AlterPresse le 15 septembre 2009

AlterPresse est une agence haïtienne sur Internet, qui s’est créé un espace dans l’univers de l’information, dans un pays où il y a peu d’accès direct à Internet. [2]

Contexte communicationnel

Environ 900.000 Haitiens ont accès à Internet en Haïti, ce qui signifie 10% de la population. Cependant, la croissance du nombre d’internautes est très rapide : seulement 80.000 Haitiens avaient accès à l’Internet en 2004.

Avec l’arrivée du téléphone cellulaire, le nombre d’utilisateurs de téléphones est passé à 3 millions. Il y a moins de 10 ans, nous avions moins de 100.000 lignes téléphoniques.

Outre l’accès aux technologies, Uu autre obstacle est l’analphabétisme. Quoiqu’en baisse constante, il atteint aujourd’hui le niveau de 56%. C’est un des facteurs qui explique le faible développement des moyens de communication écrits (2 quotidiens), tandis que la radio demeure aujourd’hui le moyen de communication de masse le plus utilisé.

92% des Haitiens possèdent un poste de radio et 67% d’entre eux écoute ce média jusqu’à 3 heures par jour. Environ 290 stations de radio émettent sur le territoire haïtien qui atteint une superficie de 27.750 km2 (42 chaînes de télévision).

La culture orale en Haïti favorise beaucoup ce que nous appelons le Teledyòl, qui est la transmission de bouche à oreille pour faire circuler l’information. Cette culture constitue la trame de l’utilisation de n’importe quel outil de communication, qu’il s’agisse de technologie numérique ou traditionnelle.

Éléments historiques et stratégiques

AlterPresse a été fondée par un groupe de journalistes et a lancé ses activités en 2002. Elle s’inscrit dans la dynamique du Droit à l’Information et à la Communication. Son but est de mettre le sujet social dans les nouvelles et d’offrir « beaucoup plus que l’actualité ».

En réalité, AlterPresse pourrait être considérée comme le prolongement d’une expérience journalistique de l’époque des dictatures et de la résistance, lorsque nous étions amenés à transmettre des matériaux graphiques ou audio, de manière massive, collective ou individuelle, avec l’appui d’un réseau humain. Ce qui a influencé la création d’une conscience de la communication et a facilité, au milieu des années 90, la naissance du mouvement des radios communautaires.

D’autre part, profitant de notre influence dans le secteur médiatique, AlterPresse a initialement pu compter avec l’impact de quelques stations de radio, quelques chaines de télévision et une partie de la presse écrite, qui ont reproduit nos premiers bulletins.

Diversifiant nos sources, nous sommes parvenus à travailler des sujets relatifs à l’agriculture durable, l’économie solidaire, la sécurité alimentaire, la protection de l’environnement, la participation locale, l’équité de genre, la migration, la jeunesse responsable, les droits de l’enfant, etc. Grâce à son dynamisme et son aptitude à publier une information inédite et transcendante, peu à peu, AlterPresse a commencé à être une référence.

Éditée en Creole, Français, Espagnol et Anglais, AlterPresse s’est positionnée dès le départ comme un moyen de communication global ayant aussi un impact local. Il ne s’intéresse pas seulement au fait haïtien, mais à tout fait régional ou global qui peut être lié à la réalité haïtienne.

Nous recherchons notre public en Haïti, mais aussi hors d’Haïti, de sorte que, pour la première fois, les 2 millions d’Haitiens de l’extérieur,sont devenus une part du public ciblé par un moyen de communication de l’intérieur.

Dans le même sens, nous avons incorporé les relations d’Haïti avec la République Dominicaine voisine parmi nos sujets privilégiés. Ce thème, traité auparavant occasionnellement dans les nouvelles, se transforme maintenant en objet de compétition au niveau des médias.

Depuis la plate-forme informative AlterPresse, nous sommes devenus des interlocuteurs de moyens de communication internationaux intéressés à Haïti, des promoteurs d’événements comme la Fête annuelle d’Internet, promoteurs d’ateliers sur le journalisme, sur les réseaux sociaux, des promoteurs de vidéos et de chroniques radiophoniques.

Mieux qu’un moyen de communication, nous sommes dans le processus de création d’un espace de communication en alliance avec des médias commerciaux, des radios communautaires, des institutions d’éducation populaire, l’université, les groupes culturels, les télécentres, etc.

Impact

AlterPresse attire directement des visiteurs/visiteuses de 110 pays qui consultent 6000 à 9000 pages par jour, tandis que beaucoup de sites reprennent les contenus de l’agence.

À travers la liste de diffusion d’AlterPresse, des nouvelles quotidiennes parviennent à plus de 1300 abonnés, qui sont des médias, des réseaux, des institutions, des associations et des individus.

AlterPresse reçoit aussi quotidiennement des (dizaines de) courriers électroniques et des lettres de nombreux acteurs qui souhaitent s’exprimer à travers ce moyen.

AlterPresse fait partie des sources répertoriées par Google News en Français, Espagnol et Anglais.

À la fin de l’été 2003, AlterPresse a dans lea« Check list » du Journal « Le Monde » comme une des meilleures sources d’information de la région.

Mais nous savons qu’il y a beaucoup à faire pour continuer à améliorer notre travail. Voilà pourquoi nous sommes ici.


[1Forum tenu cette année avec la participation d’une cinquantaine de journalistes venus de divers pays de l’Amérique Latine, de la Caraïbe et des États-Unis. Thème : « Impact des technologies digitales sur le journalisme et la démocratie en Amérique Latine et la Caraibe ».

[2Intervention originale en Espagnole