P-au-P, 15 sept. 09 [AlterPresse] --- Une commission d’enquête internationale pour évaluer la situation d’Haïti et les actes de violence reprochés à la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah) par des organisations de droits humains siégera à l’hôtel le Plaza (Champ de Mars) du 16 au 19 septembre prochains.
Elle devrait réunir une quinzaine de militants syndicaux et officiels haïtiens, brésiliens, algériens, français, américains et guadeloupéens, selon Fignolé St Cyr, membre du comité de suivi dont font notamment partie le mouvement démocratique populaire (Modep) et la Centrale autonome des travailleurs haïtiens (Cath).
Les activités se dérouleront entre le 16 et le 19 septembre et combineront l’étude de documents relatifs à la situation du pays et aux actes reprochés à la Minustah, projections de documentaires, exposition de photos, visites dans les quartiers populaires, témoignages de victimes et rencontre avec les autorités.
La principale mission de cette commission consiste à produire un rapport sur les agissements de la mission onusienne dans le pays.
« Dans le cadre de son travail, la commission d’enquête doit réunir un ensemble d’informations sur les actes que la Minustah a posé dans le pays, sur les actes de répression dont elle est responsable, sur des cas de viol, de personnes qu’elle a assassinées, etc. Mais aussi, la commission doit réunir des informations sur des actes qui ont été commis dans divers quartiers populaires », a précisé Guy Numa du Modep.
Le travail de cette commission devra servir de support aux organisations du pays qui veulent dénoncer la Minustah et réclamer son départ, a indiqué Guy Numa, membre du comité de suivi. Il a cependant confié que « les prochaines étapes après la présentation du rapport ne sont pas encore tout à fait définies ».
Le travail de cette commission internationale fait suite à une conférence réalisée à Port-au-Prince les 12 et 13 décembre 2008 sur la souveraineté du pays et s’inscrit dans le cadre de la lutte pour le départ de la Minustah, a fait savoir le comité.
Cette conférence, comme deux autres précédemment organisées en Guadeloupe et en République dominicaine, se situe dans le cadre d’un plaidoyer international intitulé « Défendre Haiti, c’est se défendre nous-mêmes ».
Selon les informations transmises par la Confédération des travailleurs et travailleuses du secteur public et privé, ce sont les militants et leurs organisations qui prennent en charge les frais de cette rencontre, « par solidarité ».
Par ailleurs, plusieurs représentants de pays membres du conseil de sécurité de l’Onu ont approuvé la semaine dernière la demande de prorogation du mandat de la mission faite par le secrétaire général Ban Ki Moon. Celui-ci avait notamment basé sa demande sur la contribution précieuse que la Minustah peut apporter en terme de défense des droits de l’Homme.
Néanmoins, cette mission établie depuis 2004 est souvent pointée pour des actes de violence contre la population. Au mois d’août 2009, les habitants de Lascahobas avaient accusé les casques bleus d’avoir fait feu sur la foule de civils manifestants pour le retour de l’électricité. Un jeune homme était décédé des suites des événements.
La Minustah avait à son tour accusé la foule d’avoir eu en sa possession des armes artisanales et tenté de lyncher ses soldats. L’autopsie du jeune homme réalisée n’a toujours pas permis de faire la lumière sur ce cas et le rapport de l’investigation médicale n’a pas encore été rendu public.
Le Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés demande dans ce cadre la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante.
En visite dans le pays au début de ce mois de septembre, l’expert de l’Onu, Michel Forst, avait pour sa part déclaré ne pas disposer d’informations sur ces actes de violence. [kft mm apr 15/09/2009 00:30]