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Haïti-Technologie : Plus de synergie pour des télécentres durables

P-au-P, 8 sept. 09 [AlterPresse] --- 26 animateurs et animatrices de télécentres se sont réunis ce samedi 5 septembre à la villa Manrèse à Port-au-Prince lors d’un atelier d’échange sur leurs expériences. Ils ont posé la durabilité comme défi majeur à leur fonctionnement.

La majorité des télécentres du pays sont implantés dans le sud, le sud-est et l’ouest et situés pour la plupart dans les zones défavorisées ou rurales.

Venus principalement des villes de Marigot, Petit Goave, Gros Morne, Cap Rouge, Les Cayes, Fond Jean Noel, de la commune de Delmas et du quartier de Solino, les 26 animateurs et animatrices ont échangé sur la possibilité de se mettre en réseau.

Cette synergie peux être une des solutions afin de relever les nombreux défis qu’affrontent les télécentres.

Les télécentres sont des espaces publics où les utilisateurs ont un accès collectif aux outils des nouvelles technologies. Ils n’ont pas de vocation commerciale, mais pour objectif de participer au développement socio-économique.

Une enquête réalisée récemment et présentée au cours de l’atelier rapporte que les télécentres d’Haïti font face à plusieurs grands obstacles.
Le plus important reste celui de leur durabilité.

En terme de viabilité financière, aucun télécentre en Haïti n’arrive à couvrir tous ses frais. Sur les 17 télécentres existants dans le pays, seule une dizaine fonctionne correctement. Trois d’entre eux ont reçu une subvention du Conseil national des télécommunications (Conatel) pour leur installation, mais aucun ne reçoit de subvention de l’État. Souvent, ils rencontrent des problèmes de maintenance, de connexion à internet et d’électricité.

Certains bénéficient du support d’organisations non gouvernementales, mais pour un temps assez court. Ces subventions ne leur permettent donc pas d’assurer leur pérennité.

« Les problèmes que nous rencontrons sont surtout d’ordre économiques. Par exemple, lorsque nos appareils tombent en panne, nous ne pouvons pas les réparer », explique Fritzner Borgella, animateur du télécentre Pic de Vallue, 12e section de Petit Goave.

Face à ces difficultés, le réseau des télécentres devrait permettre de créer des liens et de réaliser des projets communs afin de capter davantage de ressources, comme le croient en tout cas les organisateurs, participants et participantes à l’atelier.

Le fait de mutualiser les ressources des télécentres pour leur maintenance, d’organiser des opérations de levées de fonds communes, de mettre en place des fonds communs d’appui aux télécentres, une unité de support technique pour le réseau, une rencontre annuelle sont autant de propositions qui ont émergés lors de cet atelier tenu dans la capitale.

Selon Stéphane Brunot, de l’association haïtienne pour le développement des Tic (Ahtic), il s’agit pour les télécentres de découvrir « comment devenir soutenables pour ne pas disparaitre, comment devenir autonomes. Comment travailler ensemble pour faire des projets, trouver des accords avec des entreprises, mettre en place des services pour survivre ».

« Le réseau dont nous parlons est un réseau humain », précise de son côté Yacine Kelladhi de la Fundación Taigüey.

« Le réseau des télécentres présente un avantage capital : lorsqu’un télécentre a des problèmes, les autres pourront l’aider, cela permettra la solidarité entre nous », espère Fritzner Borgella.

Actuellement, le réseau trouve une existence virtuelle sur www.telecentres-haiti.net

Un des constats sortis des échanges entre animateurs des télécentres en Haïti est que l’identité et le rôle des télécentres ne sont pas toujours bien connus par la population. Ils envisagent de mettre sur pied des campagnes de sensibilisation et de vulgarisation de la notion de télécentre, mais aussi un programme de formation à destination des animateurs.

La majorité des télécentres mettent l’emphase sur les jeunes qui constituent leur population cible. Mais certaines structures se sont au départ créées pour des pêcheurs, comme à Arcahaie, ou des caféiculteurs à Fond Jean Noël, même s’ils sont accessibles à tous.

En plus de l’accès aux technologies, ils offrent aussi la possibilité d’utiliser cette technologie pour réaliser des transformations et développer des capacités d’organisations entre autres.

Dans la Caraïbe, 70 à 80% des personnes qui fréquentent les télécentres sont des femmes.

Cet atelier était une initiative de la Fundación Taigüey, l’Association Haitienne des TIC (AHTIC) et du Groupe Médialternatif (GM) [kft mm apr 8/09/2009 15:00]