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Haïti/Education : L’école s’ouvre sur fond d’austérité

P-au-P, 4 sept. 09 [AlterPresse] --- L’année scolaire 2009-2010 démarre ce 7 septembre sur tout le territoire national haïtien, suivant le calendrier scolaire élaboré par le Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp).

Mais la fièvre de cette rentrée scolaire ne se fait pas totalement sentir. Après environ 2 mois de vacances d’été, les élèves du primaire, secondaire et des classes terminales retournent à l’école dans une conjoncture socioéconomique difficile.

Au centre commercial de Port-au-Prince, certains étalagistes disent faire face à de nombreuses difficultés de vente. Les matériels scolaires qu’ils ont achetés grâce à des coups de poignard – des prêts à de fort taux d’intérêt – restent sur les étals.

« Je n’ai rien vendu depuis ce matin, pas même un stylo, se plaint Maryse, une revendeuse de matériels scolaires. Il y a beaucoup de gens qui visitent mon commerce, ils aimeraient bien acheter, mais ils semblent n’avoir pas d’argent ».

A deux jours de la rentrée scolaire, cette jeune dame dans la trentaine ne sait où donner de la tête pour envoyer ses trois enfants à l’école. Son seul espoir est ce petit commerce acheté à l’aide de « coups de poignard ».

La situation de Maryse n’est pas différente de celle de Françoise qui vend des sacs d’école et des tissus pour la confection d’uniformes. Installée au Boulevard Jean-Jacques Dessalines, cette commerçante se dit victime d’une certaine concurrence imposée par les établissements scolaires privés et congréganistes.

« L’Etat ne protège pas les petits commerçants. A l’école, on vend tout : livres, cahiers et uniformes. C’est un désavantage pour nous les petits détaillants qui sommes dans le secteur », indique Françoise, très critique envers les autorités étatiques.

L’approche de la rentrée scolaire est plus perceptible dans les librairies où règne depuis plusieurs jours une grande affluence de parents et d’écoliers qui viennent faire leurs emplettes.

« J’ai reçu beaucoup de gens ici qui sont à la recherche de livres subventionnés, parce que sans la subvention, les livres sont trop chers », confie à AlterPresse une des responsables du supermarché Délimart qui vend des matériels scolaires pour le compte des éditions Deschamps et Zémès.

Cette femme, qui a requis l’anonymat, dit avoir reçu des ouvrages subventionnés de la Maison Henri Deschamps sans toutefois connaître l’origine de ces subventions.

Au niveau du gouvernement, rien n’est encore tiré au clair concernant la subvention des manuels scolaires. Cependant, dans des annonces faites à la presse, le ministre de l’Education, Joël Desrosiers Jean-Pierre, indique que le programme de subvention de manuels scolaires et de dotation est déjà relancé.

Pour cette année, le titulaire du Menfp informe que le gouvernement a subventionné plus de 741 mille livres et plus de 450 mille kits scolaires. Des écoles ont été réaménagées et/ou reconstruites avec l’appui de divers partenaires dont le Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), dans le cadre du programme d’urgence.

Régulariser la fixation des frais scolaires

La hausse des frais scolaires est l’un des points soulevés par les marchandes du centre ville qui doivent elles aussi payer l’écolage de leurs enfants. « Nous aimerions savoir s’il n’existe pas dans le pays une instance qui s’occupe de la fixation des frais scolaires », se demande Josiane, une libraire ambulante rencontrée à la rue du Peuple.

A une semaine de la rentrée des classes, les députés haïtiens ont voté, le 1er septembre 2009, une loi visant à réglementer les frais scolaires dans les écoles privées. Cette loi proposée par le sénateur Kély Clédor Bastien vise à soulager les parents devant le coût exagéré des frais de scolarité dans le pays.

La loi fait injonction aux directeurs d’école de ne pas réclamer des frais annuels dépassant trois mois de scolarités pour les sections fondamentale et secondaire. Les cérémonies de graduation sont réservées uniquement pour la classe de philo, selon cette loi.

Dans les écoles publiques des deux premiers cycles fondamentaux, les frais scolaires sont fixés à 100 gourdes (un dollar américain vaut 41 gourdes) selon une décision du ministère de l’éducation nationale.

Les frais scolaires sont cependant fixés à 200 gourdes dans les lycées et écoles du 3e cycle fondamental. Des sanctions sont prévues à l’encontre de quiconque applique un autre tarif.

Le 1er septembre dernier, le comité de l’Initiative de mise en œuvre accélérée de l’education pour tous (Imoa – Ept) a annoncé un don de 22 millions de dollars américains pour augmenter l’accès à l’éducation d’environ 600 mille enfants dans ce pays. Selon l’Unesco, qui coordonne l’initiative, c’est le résultat d’un travail de longue haleine et un partenariat renforcé entre les institutions nationales et les bailleurs de fonds résidents en Haiti.

La date de décaissement de ce don – qui consiste à « améliorer l’équité, la qualité et la gouvernance dans le secteur de l’éducation » – n’est cependant pas signalée. [do mm apr 04/09/2009 17:00]