P-au-P., 2 sept. 09 [AlterPresse] --- A quelques semaines de l’ouverture de la nouvelle année académique 2009-2010, une épreuve de force semble être engagée entre le rectorat et des étudiants au sein de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), suite à une intervention policière, dans la nuit du 28 au 29 août 2009, en vue de reprendre le contrôle de la faculté de médecine et de pharmacie (Fmp).
Des étudiants de cette entité universitaire, qui occupaient le local de ladite Fmp depuis le 28 avril 2009, ont tenté, avec le support d’autres étudiants de l’Ueh, de fermer les administrations d’au moins 3 autres facultés d’Etat. Critiquant l’opération policière de la fin du mois d’août, demandée par le rectorat, ils annoncent des actions pour empêcher la rentrée universitaire dans l’ensemble des centres d’enseignement supérieur d’Etat.
Cette intervention policière est le résultat d’une décision du Conseil de gestion du rectorat de l’Ueh, prise le 28 août dernier, afin d’en finir avec l’occupation « illégale » et « arbitraire » de la faculté par un groupe d’étudiants depuis le 27 avril, ainsi que de rétablir son rôle de service public, face aux menaces d’actes de vandalisme sur les dossiers de la Fmp.
L’échec de toutes les tentatives de médiation et de résolution pacifique de la crise justifierait la mesure, décidée par le Rectorat de faire intervenir la police, indique la doyenne de la Fmp la docteure Galdys T. Prosper.
Se référant à la Constitution, elle rappelle que l’occupation illégale d’un établissement d’enseignement constitue un cas de flagrant délit qui autorise les forces de l’ordre à y pénétrer. "C’est une solution légale à un problème qui était illégal. L’instance était prise en otage par ces étudiants", déclarait la doyenne lors d’une conférence de presse organisée dans les locaux de la FMP.
Argument rejeté par le Syndicat des travailleurs et enseignants de l’université d’Haïti, aux yeux de qui aucune volonté de négociation n’aurait jamais existé du côté des autorités académiques. Ce syndicat dénonce les méthodes d’intervention du rectorat pour régler cette crise, qui, selon lui, mettent à mal les conquêtes démocratiques réalisées depuis trente ans dans l’espace universitaire public.
Le décanat de la FMP, en réponse à ces reproches, affirme qu’il était près à la discussion avec les étudiants et a fait de nombreuses tentatives en ce sens mais que ces derniers auraient refusé, campant sur leur requête de départ du décanat. "Il n’y a aucune raison valable pour que le décanat s’en aille", precisait Gladys T. Propser.
Dans une note adressée au public le samedi 29 août, le décanat de la faculté de médecine et de pharmacie ainsi que le Conseil des chefs de départements annoncait avoir repris possession des locaux de la Fmp.
Une partie du personnel de la faculté de médecine et de pharmacie a pu regagner, le lundi 31 août 2009, les dits locaux universitaires.
« Jusqu’à nouvel ordre, l’accès au bâtiment est essentiellement réservé aux enseignants et au personnel administratif. Les étudiants seront convoqués ultérieurement pour la reprise des activités académiques », stipule une note signée de la doyenne de la Faculté de médecine.
En attendant, il reste à déterminer un calendrier de reprise des cours (interrompus pendant huit semaines) et des dates pour la tenue des examens devant boucler l’année académique 2008-2009 amputée du fait de l’éclatement de la crise entre des étudiants grévistes et le décanat, sans oublier pour les futurs étudiants qui entreront à la Fmp pour l’année académique 2009-2010.
« Les examens d’entrée pour les étudiants de première année pourraient se dérouler début octobre », précise Fritz Deshommes, vice-recteur à la recherche au sein de l’Ueh.
La crise, qui a laissé étudiants grévistes et autorités académiques se regarder de longs mois en chiens de faïence, n’est pour autant pas résolue. Apres la reprise des lieux, la reprise administrative et bientot celle de l’année académique, les autorités académiques disent vouloir mettre sur pied une commission réunissant les enseignants, chefs de département, étudiants et personnel de la faculté pour entamer un dialogue réel avec la communauté estudiantine et non juste le comité central des étudiants.
Le décanat annonce que le comité de discipline permanent va statuer sur le comportament des étudiants grévistes. "Pas sur le fait qu’ils fassent grève, ce qui est leur droit, mais bien sur le comportement qu’ils ont adoptés", a tenu à préciser la doyenne de la FMP. [rc mm gp apr 02/09/09 10:00]