P-au-P, 31 août 09 [AlterPresse] --- Après des années de litiges concernant leur autorisation d’exploitation des terres de Madras, à Limonade (Nord d’Haïti), les producteurs de lait de la zone retrouvent une ambiance propice au travail. Après que leur autorisation d’exploitation ait été rétablie par l’État pour 15 ans, ils s’engagent vers l’objectif de relance de la production nationale en produisant également de l’alimentation solide.
« Il n’y a plus aucun problème depuis la résolution du litige fin 2008 », déclare Fritz Jospeh, coordonnateur de l’association des producteurs de lait de Limonade (Apwolim) à l’agence en ligne AlterPresse. « Il existe une bonne entente entre tous les occupants de la plantation ».
En décembre 2008, les producteurs de lait signaient un contrat de 15 ans, renouvelable, avec le ministre des finances, Daniel Dorsainvil. Ce contrat implique pour près de 240 producteurs la disposition de 993 hectares de terres sur la plantation.
Quelques 300 hectares, l’autre partie de la plantation, est concédée à la compagnie Grand Manier.
Le contrat signé avec l’État définit qu’une partie des terres devra être utilisée pour l’agriculture et l’autre pour l’élevage, selon Fritz Joseph.
« Une bonne partie des terres a été réservée pour la culture de bananes », a indiqué le coordonnateur d’Apwolim, qui croit au potentiel immense de celles-ci pour produire du riz et du manioc également.
Un plan contenant un programme d’accompagnement établi par les producteurs a été déposé devant le ministère de l’agriculture et le ministère des finances.
Le nouveau contrat signé avec l’État concerne l’appui technique de ce dernier à la production de la laiterie Lèt Agogo.
En ce sens, le 14 août 2009, les producteurs de lait recevaient deux tracteurs et 4 pompes d’irrigation du gouvernement et promettaient en échange de travailler pour produire plus de nourriture.
La cérémonie s’est déroulée en présence de près de 250 paysans, du ministre de l’agriculture Joanas Gué, du secrétaire d’état à la production animale, Michel Chancy, et du directeur de l’Inara, Bernard Ethéard.
La priorité du gouvernement est la relance de la production nationale ; il a compris la nécessité de régulariser ces paysans sur les terres de Madras et de leur offrir des moyens de produire pour y parvenir, a expliqué Michel Chancy.
Aux sources du conflit
En 2004, un protocole d’accord unissant l’Inara à 240 paysans éleveurs les autorisait à occuper régulièrement les terres sur 612.87 hectares. Ce protocole définissait également les actions de l’Inara quant à l’arpentage et l’accompagnement des paysans dans les travaux d’aménagement des terres.
Des contrats individuels avaient été signés en 2006 entre l’INARA et les producteurs de lait.
Cependant, la Dgi avait refusé de délivrer les bordereaux d’affermage agricole, et des fonctionnaires de l’institution avaient autorisé d’autres exploitants à utiliser ces terres. Face à cette situation, les paysans avaient appelé à l’intervention directe du chef de l’état, René Préval, et organisé une importante mobilisation, attirant son attention sur un possible éclatement de conflit dans la zone.
Les producteurs de lait risquaient alors de perdre les terres dont ils disposaient pour leurs activités d’élevage. [kft mm apr 31/08/09 20:00]