P-au-P, 31 août 09 [AlterPresse] --- Une partie du personnel de la faculté de médecine et de pharmacie (Fmp) regagnait, ce lundi 31 août 2009, les locaux universitaires, après une opération de la Police nationale d’Haiti (Pnh) conduite, durant la nuit du vendredi 28 au samedi 29 août, sur demande du Rectorat de l’Université d’État d’Haiti (Ueh), dans l’enceinte du bâtiment afin d’en déloger les étudiants grévistes occupant les lieux depuis le 27 avril dernier.
« Jusqu’à nouvel ordre, l’accès au bâtiment est essentiellement réservé aux enseignants et au personnel administratif. Les étudiants seront convoqués ultérieurement pour la reprise des activités académiques », stipule une note signée de la doyenne de la Faculté de médecine et de pharmacie, la docteure Galdys T. Prosper.
Si tout le personnel n’est pas encore sur place compte tenu du contexte de sécurité, une partie de ce dernier, tel l’administrateur ou le comptable, est en fonction dans la faculté, précise la doyenne dans un entretien accordé à l’agence en ligne AlterPresse.
« Il y a aussi une équipe de nettoyage sur place qui est à l’œuvre depuis dimanche (30 août), car les lieux se trouvent dans un état d’insalubrité », ajoute la doyenne.
Calendrier à venir
« Nous sommes en train de réfléchir à l’élaboration d’un calendrier de reprise », explique Gladys T. Prosper, ne voulant pas, pour l’instant, se prononcer sur la date de reprise effective de l’année académique 2008-2009 amputée du fait de l’éclatement de la crise entre des étudiants grévistes et le décanat.
« Cela va empiéter sur l’année académique 2009-2010. Afin de récupérer, à moyen terme, un calendrier académique normal, les vacances de l’année à venir seront certainement plus courtes, ce sera un sacrifice des deux côtés, et de celui des étudiants, et de celui des professeurs », prévoit la doyenne.
« Il reste prés de huit semaines à récupérer sur l’année académique 2008-2009. Nous prévoyons la rentrée académique prochaine pour le mois de décembre », indique Fritz Deshommes, vice-recteur à la recherche.
« Les examens d’entrée pour les étudiants de première année pourraient se dérouler début octobre », ajoute-t-il.
Crise en suspens
Dans une note adressée au public le samedi 29 août, le Décanat de la faculté de médecine et de pharmacie et le Conseil des chefs de départements annonçaient avoir repris possession des locaux de la faculté.
Dans la nuit du vendredi 28 août au samedi 29 août 2009, la Police nationale d’Haiti intervenait en effet, vers minuit, afin de déloger les étudiants grévistes qui revendiquaient de meilleures conditions de travail et le départ « sans condition » du personnel du décanat.
A leur arrivée, les policiers n’ont trouvé personne à l’intérieur de l’édifice, a, cependant, déclaré Frantz Lerebours, le porte-parole de la Police Nationale d’Haiti.
Cette intervention est le résultat d’une décision du Conseil de gestion du rectorat de l’Ueh, prise le 28 août dernier afin d’en finir avec l’occupation « illégale » et « arbitraire » de la faculté par un groupe d’étudiants depuis le 27 avril, ainsi que de rétablir son rôle de service public.
« La Police nationale d’Haïti (Pnh), à compter de la présente décision, est autorisée à prendre les mesures nécessaires en vue de la libération et de la protection de l’espace universitaire susmentionné », souligne le rectorat en l’article 2 de sa décision.
La doyenne de la Fmp justifie la mesure, décidée par le Rectorat de faire intervenir la police, par l’échec de toutes les tentatives de médiation et de résolution pacifique de la crise.
Se référant à la Constitution, elle rappelle que l’occupation illégale d’un établissement d’enseignement constitue un cas de flagrant délit qui autorise les forces de l’ordre à y pénétrer.
Selon une note diffusée ce lundi 31 août par le Syndicat des travailleurs et enseignants de l’université d’Haiti (Staia), aucune volonté de négociation n’a jamais existé du coté des autorités académiques. Ce syndicat dénonce les méthodes d’intervention du rectorat pour régler cette crise, qui, selon lui, mettent à mal les conquêtes démocratiques réalisées depuis trente ans dans l’espace universitaire public.
La crise, qui a laissé étudiants grévistes et autorités académiques se regarder de longs mois en chiens de faïence, n’est pour autant pas résolue.
Un groupe d’étudiants non-grévistes, voulant contribuer à la résolution de la crise, proposaient, avant ce week-end, un débat public autour de la question qui devrait se dérouler ce lundi 31 août à la faculté des Sciences de l’Université d’État d’Haïti. [mm apr 31/08/2009 11 :30]