P-au-P, 27 août 2009 [AlterPresse] --- Des artisanes du Nord-est, membres du Réseau frontalier des femmes artisanes, sont actuellement en tournée de prospection à Port-au-Prince et Jacmel afin de dénicher des lieux de vente pour les bijoux, sacs, boites, vêtements brodés, portes-clés et autres objets d’artisanat qu’elles et leurs homologues dominicaines confectionnent.
Ces objets sont réalisés au départ de pit, de graines, de calebasses,…et vendus sur les marchés de Ouanaminthe, dans le Nord-est, ainsi qu’à la boutique du Centre Pont, à Dajabon, la ville dominicaine voisine. Le Centre Pont travaille à l’appui du développement local, des femmes et de l’enfance dans la zone frontalière.
Elizabeth Durosier, du groupement de femmes de Bois de Laurence et Iliomène Péricles, coordinatrice du Réseau des femmes dévouées pour développement de Mont-oganisé (Refandem), sont en mission de prospection à Jacmel, après Port-au-Prince, afin de trouver de nouveaux débouchés pour faire connaître leurs créations ainsi que celle des groupements d’artisanes de Feryé, de Carice et de trois villages en République dominicaine.
Élargir la filière
« Cette année, beaucoup de produits sont restés dans nos mains », témoigne Elizabeth Durosier. Les troubles entre dominicains et haïtiens enregistrés cette année et la tension qu’ils ont engendré n’y sont pas étranger. « Il y a des jours ou nous n’osions pas traverser la frontière, qui restait parfois fermée lors de troubles », témoigne Iliomène Péricles.
« Pour les vêtements, la situation est assez difficile avec la concurrence des pépé. Comparativement, les vêtements d’artisanat coutent cher », continue Elizabeth Desrosiers.
Le Réseau frontalier des femmes artisanes existe depuis 2005. « En 2004, nous avons participé à une rencontre entre des femmes haïtiennes et dominicaines. Nous nous sommes rendues compte que nous affrontions toutes les mêmes difficultés », explique Iliomène Péricles.
Manque d’accès au crédit et aux intrants, difficulté de transport des marchandises étaient alors leurs plus grandes préoccupations. « Au centre pont, nous trouvons la matière première. Une fois que nous avons vendu, nous remboursons le coût », explique Elizabeth Durosier, aujourd’hui responsable de la boutique du Centre pont à Dajabon.
Grace à un appui de Nantik Lum, une organisation espagnole qui soutient le réseau, « nous avons reçu quelques voitures, mais aujourd’hui nous devons faire face à leur réparation. Nous avons aussi besoin de formations pour mieux gérer la filière de commercialisation », explique Elizabeth Desrosiers. « Nous nous sommes déjà rendues dans une foire qui s’est tenue à Saint-Domingue, en partenariat avec le groupement d’étudiants Boukman », témoigne Iliomene Pericles.
Le Réseau frontalier des femmes artisanes réunit actuellement 78 femmes, dont 24 dominicaines et 54 haïtiennes, respectivement réunies au sein de trois et quatre groupements de femmes. [apr 27/08/09 15:00]