P-au-P, 26 août 09 [AlterPresse] --- Un colloque de deux jours organisé par le Ministère de la culture et de la communication (MCC) sur la gestion des parcs nationaux historiques a mis en lumière la nécessité de développer un cadre légal adéquat à leur protection et gestion. Menacés par l’urbanisation et les migrations, ces lieux de mémoire, gardiens de l’identité haïtienne, sont aussi une source de développement économique à ne pas négliger.
Des experts nationaux et internationaux venus des Etats-Unis, de République dominicaine, de Guadeloupe, du Canada étaient présents lors d’un colloque international sur la gestion des Parcs nationaux historiques qui fut, l’espace de deux jours (24 et 25 août 2009), un lieu d’information, de formation et d’échanges d’expériences, a pu observer l’agence en ligne Alterpresse.
Selon Olsen Jean Julien, le Ministre de la culture et de la communication, 6 parcs retiennent pour l’instant l’attention du gouvernement. Il s’agit du parc Citadelle Sans Souci et Ramier, les forts Jacques et Alexandre, les fortifications de Marchand Dessalines, le Camp Gérard dans le Sud, le site de la Crête à Pierrot et le Fort Liberté.
« Les monuments sont des lieux de mémoire. Si nous ne les gérons pas, nous risquons de perdre notre identité. C’est pourquoi le Ministère de la culture a un intérêt particulier dans la préservation de ces parcs », a indiqué Olsen Jean Julien.
Or, les nombreux sites historiques présents en Haïti manquent de protection et sont en proie aux conséquences des migrations et de l’urbanisation sauvage, étant parmi les plus grandes menaces auxquelles ils font face. Par exemple, les cas de vandalisme sont courants au parc de la citadelle, qui se transforme parfois en lieu de lessive et de marché pour la vente de matériaux de construction, selon Olsen Jean Julien. Restauré il y a quelques années, le site classé patrimoine mondial de l’Unesco, l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture, subit une forte pression démographique sans la mise en place d’une gestion et d’une protection adéquate.
Plusieurs expériences de création et de gestion de parcs dans le pays ont été présentées, comme le projet de création du Parc de Martissant coordonné par la Fondation connaissance et liberté (Fokal) ainsi que l’expérience du parc historique de la Canne à sucre.
Un cadre légal indispensable
Lors de ce colloque, un avant-projet de loi sur la gestion des parcs nationaux historiques dans le pays a été discuté lors d’ateliers.
Pour Olsen Jean Julien, on ne peut concevoir la gestion des parcs nationaux sans une vision stratégique, qui doit se traduire par l’adoption d’un cadre légal. Il a souligné l’importance de ce dernier afin d’éviter de perdre ces lieux, à la fois gardiens de l’identité haïtienne et source d’opportunités touristiques.
Diego Bosch, du parc national de Cuba a lui insisté sur la publication d’une loi qui témoigne de la volonté de l’état de préserver les parcs nationaux.
Le pays offre encore de nombreuses possibilités pour la création de parcs, avec les anciennes habitations sucrières qui existent toujours. La loi haïtienne actuelle considère 33 constructions anciennes capables de se transformer en parcs, selon le Ministre de la culture et de la communication. Le Ministère de l’environnement a quant à lui proposé 32 sites comme parcs nationaux.
Le directeur de l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (Ispan), Daniel Elie, a parlé de la création d’une unité spéciale chargée de la gestion, de l’aménagement et de l’équipement des parcs nationaux. Cette unité prendrait le nom d’autorité de gestion des parcs nationaux (Agpnh).
Au niveau institutionnel, une Commission interministérielle a été mise en place en 2008, qui réuni les compétences des Ministères de la Culture et de la communication, de l’environnement et du tourisme.
Hormis la faiblesse du cadre normatif et institutionnel, il existe d’autres carences dans la prise en charge des parcs nationaux en Haïti, entre autres le manque de ressources humaines formées et de ressources financières.
Préserver et créer des richesses
Olsen Jean Julien a souligné le potentiel des parcs nationaux historiques à générer des revenus et produire des richesses culturelles. Pour lui, le patrimoine culturel possède un pouvoir de distraction particulier qui fait de lui un attrait touristique et une industrie culturelle à part entière.
Interrogé sur le coût et la rentabilité de la gestion des parcs nationaux, Colin Niel, du parc naturel de la Guadeloupe, a fait savoir que le parc qu’il codirige est placé sous tutelle du ministère de l’écologie, les dépenses de sa gestion sont couvertes par l’état français. Pour lui, la rentabilité du parc ne se pose pas en termes uniquement financiers, s’agissant d’un espace de protection et de sauvegarde.
De son côté, Dinu Bumbaru, un expert canadien, a précisé que la rentabilité des parcs est considérée dans son pays du point de vue des retombées économiques de la restauration de ces lieux sur l’environnement avoisinant, comme l’augmentation du prix des biens immobiliers par exemple. [kft mm apr 27/08/2009 06:00]