P-au-P, 25 août [AlterPresse] --- Les avocats des étudiants arrêtés le 12 août 2009, lors des manifestations pour revendiquer un salaire minimum à 200 gourdes, et toujours incarcérés au pénitencier national, déposent ce mardi 25 août une requête auprès du juge d’instruction Fanfan Jeudilien afin que des médecins puissent les visiter, en attendant leur libération, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
Les nouvelles parvenues aux parents et aux avocats d’Hérode César et d’Alfred Valsaint concernant leur état de santé sont inquiétantes.
« L’un souffre de blessures aux yeux et à la tête suite à son arrestation, ainsi que de problèmes épidermiques, tandis que l’autre souffre de diarrhée », précise à AlterPresse Patrice Florvilus, l’un des avocats des étudiants, rappelant les conditions sanitaires déplorables du pénitencier national.
« Nous déposons aujourd’hui une requête auprès du juge d’instruction afin d’obtenir l’autorisation pour des médecins de visiter les deux étudiants afin qu’ils les examinent, établissent un diagnostique et puissent acheminer les médicaments pour les soigner », ajoute-t-il.
Pressions sur le Parquet
« Jusqu’à présent, le parquet n’a pas rendu ses conclusions. Nous savons qu’hier après-midi (lundi 24 août 2009), un commissaire du gouvernement a été saisi du dossier », relate Guy Numa, du Mouvement démocratique populaire (Modep), l’une des organisations des secteurs sociaux solidaires du mouvement des étudiants et des ouvriers pour les 200 gourdes.
Le 20 août 2009, suite à la décision du juge d’instruction Fanfan Jeudilien rendue le 18 août 2009 d’envoyer les deux étudiants en dépôt au pénitencier national pour la poursuite de l’instruction, les avocats des étudiants intentaient une nouvelle action en justice.
Ils déposaient deux requêtes demandant une ordonnance de « main levée » au juge d’instruction afin d’obtenir leur libération. Cette demande ne peut cependant être acceptée que lorsque le parquet, à qui a été transmis le dossier, aura rendu ses conclusions, ce qui n’est pas encore le cas.
« Nous sommes en train de mener des démarches afin que le parquet rende ses conclusions le plus vite possible », poursuit Patrice Florvilus. «
Ce lundi 24 août, un sit-in s’est déroulé devant le Palais de justice de Port-au-Prince. Jeudi 27 août, une conférence de presse se tiendra à la Faculté des sciences humaines avec les parents et les avocats des étudiants et le vendredi 28 août, un sit-in se déroulera à 10 heures devant le Parquet », explique Guy Numa.
Toutes ces activités sont organisées avec le Comité de défense des prisonniers politiques des 200 gourdes.
Pour les avocats, ces détentions ont un caractère politique, visant à casser la mobilisation et la solidarité étudiante.
« Ces jours-ci encore, il y a eu beaucoup de tergiversations. Les parents étaient furieux car ils nous ont dit que selon des contacts qu’ils ont au Palais, les étudiants étaient en passe d’être libérés mais que le sit-in organisé le 24 août aurait empêché leur libération. Ils veulent dresser les étudiants les uns contre les autres et casser la mobilisation », s’est exclamé Patrice Florvilus.
« Pour nous ce ne sont pas des actes isolés, déclare encore l’avocat. Il existe une volonté systématique du pouvoir en place de criminaliser les mouvements sociaux dans leurs revendications. Jusqu’à présent, des manifestants arrêtés lors des émeutes d’avril 2008 n’ont toujours pas été entendus par un juge. »
Pour rappel, aucune charge n’a jusqu’à présent été retenue contre Hérode César et Alfred Valsaint, mais l’instruction se poursuit.
« Je ne vois pourtant pas de différence avec le dossier des autres étudiants libérés », déclarait André Michel, un des avocats des étudiants qui avait assisté à l’audience des trois étudiants et militant libérés (Edouard Edwidge, Guerchang Bastia et Patrick Joseph) comme à celle des deux autres maintenus en détention. [mm apr 25/09/2009 14 :00]