P-au-P, 14 août 09 [AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh) évoque l’urgente nécessité de promulguer la loi sur le salaire minimum journalier initialement fixé à 200.00 gourdes (environ 5.00 dollars américains ; US $ 1.00 = 41.75 gourdes aujourd’hui) par le Parlement haïtien.
« Fixer à 200 gourdes le salaire minimum de base, c’est rendre aux travailleurs [une forme de] justice sociale, et leur permettre de renouveler leur force de travail et de prendre soin de leur famille », indique la Pohdh dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
.
La plateforme demande au président René Préval de « publier dans le journal officiel de la république « Le Moniteur » la loi sur le salaire minimum dans les dispositions votées par le Parlement haïtien ».
Elle appelle les organisations sociales à maintenir la mobilisation en vue de porter l’Etat à prendre sa responsabilité en créant de bonnes conditions de travail dans le pays.
L’organisme de défense des droits humains considère que la position du patronat vis-à-vis de ce salaire journalier manque de bons sens.
La Pohdh dit constater que le président haïtien se lance dans une campagne de mobilisation visant à « montrer l’incapacité des patrons à octroyer aux misérables travailleurs des industries de sous-traitance le salaire journalier fixé à 200.00 gourdes par le Parlement haïtien ».
Pourtant, il revient à l’Etat de fixer le salaire journalier de base, lequel devrait être calculé en fonction des besoins fondamentaux des travailleurs, du coût de la vie qui ne va qu’en augmentant et du droit des travailleurs à vivre dans la dignité.
« Le salaire journalier de base est un bon indicateur, qui reflète à quelle enseigne se loge l’Etat, la vision de son gouvernement exprimée à travers l’application de sa politique publique », analyse la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains.
Si insuffisant soit-il, ce salaire minimum pourrait aider les familles haïtiennes les plus défavorisées à faire face à la hausse vertigineuse du coût de la vie.
« Partant de la considération des dépenses quotidiennes que doit effectuer une famille par ces temps difficiles, les 200.00 gourdes seraient nettement insuffisantes. Le salaire minimum pourrait, petit à petit, être revu à la hausse, si on y mettait la volonté politique », écrit la Pohdh.
Dans son diagnostic, la Pohdh souligne que la république d’Haïti se trouve dans une situation de dépendance alimentaire avec 58% des produits de consommation courante venant de l’extérieur.
« Pour survivre, une personne doit pouvoir manger, s’habiller, s’éduquer, se loger, se soigner…se distraire. Elle doit aussi pouvoir travailler. Son travail doit lui permettre de rester en vie, de reproduire sa force de travail et de faire face aux besoins fondamentaux », estime la Pohdh dans sa note d’information.
L’organisme de promotion des droits de la personne identifie une série de crises qui paralysent le fonctionnement du pays et affectent les 4,5 millions d’Haïtiens confrontés à une accablante situation de vulnérabilité alimentaire.
L’insécurité alimentaire, la réforme de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), le salaire minimum, sont autant de crises signalées par la Pohdh.
Ces crises cristallisent l’incapacité de l’Etat à prendre sa responsabilité afin de garantir le respect des droits humains dans le pays, poursuit-elle.
La Pohdh plaide pour une politique publique qui embrasse les revendications populaires en vue d’enrayer toute tendance à la polarisation de la société et d’éviter qu’une infime minorité ne s’accapare point de la part substantielle de la richesse du pays et qu’une écrasante majorité ne végète point dans une misère infrahumaine, cela à la faveur d’un système d’exploitation que l’Etat n’arrive pas à éradiquer.
Dans ce contexte, la Pohdh pense qu’il revient au pouvoir législatif de défendre les intérêts des plus démunis en renvoyant à la présidence la loi sur le salaire minimum dans les mêmes termes qu’elle a été votée.
Les députés de la 48e Législature n’ont pas pu parvenir à une entente sur le dossier du salaire minimum lors d’une séance tenue le 12 août dernier.
Il y a, une semaine (le mardi 4 août 2009), la majorité de ces députés, partisans des 200.00 gourdes, s’étaient rétractés en votant le rapport de la commission des Affaires sociales de la Chambre basse préconisant un salaire minimum de 150.00 gourdes.
Opposés à cette démarche, un bloc de 26 députés a infirmé le quorum et la séance du 12 août n’a pas pu aboutir. [do rc apr 14/08/2009 12 :30]