Par Roosevelt Jean-François
Soumis à AlterPresse le 11 aout 2009
Ils étaient quelques centaines à participer la semaine dernière (6-9 aôut) au congrès de la diaspora haïtienne organisée par le Haitian League au Trump International Beach resort à Miami. Ce congrès déroulé autour du thème de l’”unité” se voulait être “la grande réunion de la famille haïtienne”.
Jeudi soir (6 aout), c’était la session d’ouverture. Au lobby de la Trump, les retrouvailles se faisaient drues. Les accolades et embrassades étaient on peut plus enthousiastes. L’atmosphère et le décor étaient plantés pour une grande réunion.
Il est presque 7:00pm, chacun se presse vers l’ascenseur. Rendez-vous au 3ème étage où se tiennent les salles de réception, d’exposition et de réunion réservées pour la circonstance.
Un comité d’accueil assiste les arrivants et vérifie leur identité et réservation. La musique se mélange aux conversations diverses et aux rires. Les serveurs passent le vin rouge, blanc, whisky etc… Pas de Prestige ni de Barbancourt. Un léger buffet froid est offert : saucisson, fromage, pain etc…
Dans la salle d’à côté, des exposants mettent la dernière main, arrivent et arrangent leurs supports de communication.
Les maitres de cérémonie Herntz Phanor et Bernice Fidelia saluent l’assistance et annoncent l’ouverture du congrès en invitant les gens présents à observer une minute de recueillement “pour nos frères et soeurs qui ont trouvé la mort au large de Turks and Caicos”.
En moins d’une trentaine de secondes, ils invitent le Chairman du congrès, Dr Rudolph Moïse, à présenter ses propos de circonstances suivis du saxophoniste Jowee Omicil qui interprète de façon magistrale l’hyme national américain et la dessalinienne. Le père Réginald Jean-Marie de l’église Notre Dame d’Haïti de Miami a évoqué la prière.
Puis, c’est une litanie de discours : Dr Bernier Lauredan, président de The Haitian League,USA ; André Pierre, maire de la ville de North Miami, Joseph Célestin, ancien maire de la ville de North Miami, Joséphine Elizée Legros, Co-Chair du congrès ; Henryka Manès, de la Floride ; Prof. David Elcott de New York University ; Sybil Elias, juge à New Jersey ; Gérald Germain, ancien Ministre du Commerce et des Affaires Sociales d’Haïti.
Le Premier Ministre Michèle Pierre-Louis figurant dans l’agenda de la soirée est absente. Une autre intervention de sa part annoncée par les organisateurs pour la session plénière du vendredi matin n’a pas eu lieu.
Près d’une vingtaine de sessions regroupant chacune une moyenne d’une dizaine de panélistes sont organisées pendant une période de 45 minutes. Les thèmes débattus concernent l’agriculture, l’éducation, la santé, l’environnement, l’énergie, l’investissement, le tourisme, l’artisanat, le développement, les droits humains, les ONG’s, la religion, la diaspora, l’immigration, les médias, les arts et beaucoup, beaucoup d’autres.
Madame Pierre-Louis arrive le samedi soir au congrès au moment du gala. Elle salue tout le monde passant d’une table à une autre avant de laisser la salle par une autre porte. La table qui lui est réservée au haut du podium demeure vide pendant toute la soirée.
Clarens Renois et Florence Liautaud qui font office de maîtres de cérémonie annoncent que le Premier Ministre est allée se reposer après “un long voyage” venant d’Haïti dans l’après-midi.
Des plaques d’honneur et mérite sont remises à Edwin Paraison de la Fondation Zile en République Dominicaine, Rudolph Moïse, Président du Congrès et Léonnie Hermantin du Lambi Fund.
Parallèment, Dr Lauredan reconnait publiquement dans l’assistance certaines personnalités ayant contribué à la tenue du congrès. Puis, il invite l’assistance à danser Sweet Micky qui a pris place dans la salle des exposants transformée en piste de danse.
L’ambiance est festive avec l’animation du président du Compas et aussi culturelle avec des chorégraphies de quelques jeunes danseurs haitiano-américains.
La dernière journée du congrès, le dimanche 9 aout, commence à partir de 7:00am avec un petit déjeuner. L’accès est fermé à 8:00 am en raison des conditions de sécurité exigées par la présence de l’ancien président américain Bill Clinton faisant office d’envoyé special du secrétaire général des Nations Unies en Haïti.
Le père Réginald Jean-Marie évoque le sens de leadership et de l’engagement tant nécessaire aujourd’hui pour lancer la rencontre de la matinée.
Il est suivi de l’administrateur intérimaire de l’USAID, Monsieur Alonzo Fulgham, un ancien volontaire du Corps de la Paix en Haïti. Celui-ci invite les Haïtiens de la Diaspora à investir leur capital et partager leur expertise pour aider à la création d’emplois en Haïti. Il souligne l’importance du programme dénommé « Haitian Diaspora Marketplace » lancé par l’USAID et la Fondation SOGEBANK qui fournit deux (2) millions de dollars pour soutenir des investissements de la Diaspora haïtienne dans des petites et moyennes entreprises en Haïti et ainsi permettre de créer des emplois dans la fabrication, le tourisme, l’agriculture, la construction, la technologie de l’information et bien d’autres secteurs.
L’USAID/Haïti a également lancé un projet pouvant aider les Haïtiens à utiliser des fonds reçus de l’étranger à des fins d’investissements tels des comptes d’épargne, des nantissements pour des prêts d’affaires et d’éducation, et des bourses d’études.
Rudolph Moïse remercie le représentant de la USAID et improvise un résumé du contenu de son intervention et des besoins d’Haïti pour le moment. Il continue de parler attendant, dit-il, l’arrivée du Premier Ministre. L’attente dure près de 15 minutes et le président du congrès profite de la circonstance pour étaler ses prouesses personnelles comme médecin, aviateur de l’armée américaine, acteur de cinéma, etc…
Le Premier Ministre Michèle Pierre-Louis entre dans la salle en saluant quelques personnalités qui se trouvent au premier rang. Elle est assistée de son chef de cabinet, Daniel Henrys, et du consul d’Haïti à Miami. Elle présente un brillant discours en Créole autour du thème de l’unité et dégage la portée d’un mouvement d’unité pour Haïti à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Les propos du Premier Ministre sont entrecoupés d’applaudissements exprimant la satisfaction du public présent dans la salle.
Entretemps, un membre du cabinet Clinton fait signe de la main au Dr Lauredan pour venir le trouver en coulisses. Vraisemblablement, il fait savoir à Lauredan d’aller sur le podium pour demander au Premier Ministre de raccourcir son intervention. Lauredan passe le message à Moïse qui acquiesce de la tête. Moïse gravit le podium en glissant légèrement ses pas vers le Premier Ministre qui continue de parler. Il tape l’épaule gauche du Premier Ministre qui cesse momentanément son discours et lui chuchote quelques mots à l’oreille.
Le Premier Ministre a du bâcler la fin de son intervention soulignant qu’on lui demande de terminer pour faire la place au Président Clinton. Ce qui déclenche un malaise dans la salle.
Lauredan prend la parole pour annoncer Clinton. Celui-ci n’est pas encore prêt et Lauredan se lance dans un « one man show » tragi-comique pendant plus d’une quinzaine de minutes. C’est comme un « one man show » dans un lakou du pays devant une dizaine de caméras des stations de télévision et de nombreux invités. L’homme parle de tout, de rien, voire de rien du tout. Puis, il chante et danse. Il annonce enfin « ladies and gentlemen, the president of the United States of America » et, hué par l’assistance, il se reprend « pardon, the former… the former president… ».
Clinton remercie Lauredan pour son extraordinaire présentation et après les salutations d’usage il rappelle les moments de sa présidence où il était toujours accueilli avec de la musique. Et c’est ce qui lui manquait le plus même 3 mois après avoir quitté le pouvoir.
Puis, il présente le préambule de sa mission et sa description de taches. Clinton annonce la visite d’une délégation commerciale en Haïti en octobre prochain. Il affirme qu’il ne va pas s’immiscer dans la politique interne et qu’il va faire le plaidoyer d’Haïti au niveau international.
Roosevelt Jean-François
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