P-au-P, 30 juil. 09[AlterPresse] --- Une enquête de la Plateforme des organisations haïtiennes des droits de l’homme (Pohdh) relève la non jouissance des droits fondamentaux par la population du département de l’Artibonite (Nord).
Le rapport de cette enquête a été présenté ce 30 juillet, lors d’une conférence de presse convoquée au local de l’institution à Port-au-Prince.
Le choix de l’Artibonite se justifie par le fait qu’il s’agit d’un département très vulnérable, surtout aux catastrophes naturelles, et ayant souffert de conflits armés, dont les plus récents remontent à 2004, déclare Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la POHDH.
« Dans certaines régions du pays, les normes en matière de droits humains ne sont pas ou presque pas respectées et sont très peu connues », observe la plateforme qui considère l’Artibonite comme un exemple typique de ce non respect.
Le rapport, fruit d’une enquête réalisé entre 2008 et 2009 dans dix communes du deuxième département du pays en terme de population (16% des habitants en 2002), montre que le droit à la vie est le premier à souffrir de violation dans la région, non seulement à cause des conflits armés, mais aussi parce que les habitants n’ont pas accès aux besoins les pus fondamentaux.
« La majorité de la population est confrontée à une très grave crise alimentaire. Bon nombre de familles ont perdu leur maison et tout ce qu’elles possédaient en termes de biens après le passage des ouragans de 2008 et vivent jusqu’ à présent dans la précarité. »
En ce qui concerne la justice, les institutions de ce secteur « fonctionnent en deçà des principes fondamentaux des droits humains », poursuit le rapport. Certaines d’entre elles « ne disposent ni de matériels adéquats, ni de personnels suffisants pour assurer correctement leur fonctionnement. »
Le texte aborde aussi les droits à la liberté individuelle, aux garanties judiciaires, celui des mandants de choisir leurs propres représentants, le droit à l’identification et à une famille.
Dans le département de l’Artibonite, les enfants « ne jouissent pas tous de leur droit de vivre dans une famille. Ils ne reçoivent ni protection ni assistance afin de jouer pleinement leur rôle dans la société. »
Conséquences : la domesticité infantile, l’exode rural, le kidnapping et la violence sous toutes ses formes affectent la population de ce département, relève le rapport.
Néanmoins, la Pohdh dit constater des efforts de la Part de l’État pour établir des normes en matière de droits humains. Elle déplore cependant que ces normes ne soient pas appliquées.
La Pohdh recommande au gouvernement la mise en place d’un plan de développement à long terme qui réponde aux besoins fondamentaux de la population afin de garantir les droits sociaux, économiques et culturels dans l’Artibonite et dans tout le pays.
L’institution plaide également en faveur des politiques environnementales capables de prévenir et d’enrayer la dégradation de l’environnement et les éventuelles catastrophes naturelles dans l’Artibonite.
Le rapport sur la situation des droits humains dans l’Artibonite s’inscrit dans le cadre d’une campagne lancée par le regroupement des droits humains afin de sensibiliser la population et les autorités sur la situation des droits humains dans ce département.
L’an dernier, l’Artibonite a été le département le plus touché par le passage de quatre cyclones et ouragans, ayant fait, dans tout le pays, 900 morts et environ 1 milliard de dollars de dégats matériels. [kft gp apr 30/07/2009 14 :30]