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Haïti/France/Immigration : Alerte sur la situation de 40,000 sans papiers, dont 50% d’Haïtiens, en Guyane française

P-au-P, 29 juillet 09 [AlterPresse] --- L‘organisation non gouvernementale (Ong) Cimade [1] a profité de la visite du ministre de l’immigration français, Eric Besson, les 22 et 23 juillet 2009 à la Guyane, pour tirer la sonnette d’alarme sur la situation de 40 000 étrangers sans papiers, dont plus de 50% seraient des Haïtiens, dans ce département d’outre mer (Dom) français, selon un document consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

Encourager la préfecture dans la reconduite à la frontière des sans papiers, affirmer comme priorité la lutte contre des “orpailleurs” clandestins et privilégier la coopération avec le Brésil, pays voisin et grand fournisseur de clandestins, seraient les objectifs poursuivis par Besson [qui, pendant son séjour, a visité des centres d’accueils de réfugiés et rencontré le maire de la ville de Cayenne]. indique le site Mediapart.

De tels objectifs ne feront que renforcer une situation migratoire déjà complexe, aux yeux de l’Ong Cimade.

La Guyane francaise reçoit, en effet, 300 demandes d’asile par an de ressortissants qui fuient leur pays. Cependant, la situation des migrantes et migrants y est très difficile. Environ 10 000 étrangers ont été reconduits en 2008 par les autorités guyanaises.

Comme en 2008, la Cimade, qui a protesté plusieurs fois en 2009 contre l’enfermement d’enfants au centre de rétention administrative (CRA) de Cayenne-Rochambeau, se plaint d’une législation d’exception appliquée (dans les pratiques préfectorales et policières) à l’encontre des migrantes et migrants en Guyane francaise et de l’absence d’un centre d’accueil pour les recevoir.

Retenus dans un centre à leur arrivée, ils-elles reçoivent des soins de santé de façon très irrégulière et demeurent ignorants-es de leurs droits. Souvent des familles entières sont contraintes de vivre dans la rue.

« Les étrangers dorment toujours sur des tatamis sans draps. Le temps moyen de rétention est inférieur à 48h, couplée à une instruction stéréotypée, la défense des droits des étrangers est compromise, faute de passage devant le juge des libertés et de la détention.
« [. ..] A la préfecture, les lourdeurs administratives compliquent les demandes de régularisation, qui sont entamées par les migrants. L’accès au guichet et l’obtention d’un titre de séjour sont un véritable parcours du combattant. D’autant plus que les refus implicites de la préfecture sont quasiment systématiques. », relève la Cimade.

Ces lourdeurs administratives et la difficulté d’accès aux soins, que connaissent les étrangers, en Guyane et dans le CRA, rendent leur situation
parfois dramatique, sans oublier les pratiques humiliantes et
dégradantes de reconduite, menées à grande échelle.

Malgré l’intervention quotidienne de la Cimade au CRA, tous les retenus ne peuvent pas être vus et restent donc très mal informés de leurs droits (à un médecin, à un avocat, etc.). La question de la notification des droits et de l’interprétariat demeurent des problèmes récurrents, lorsque le retenu n’a pas droit à un interprète dans sa langue maternelle ou lorsque l’information se résume à un « signe là ! », signale l’organisation.

La Cimade affirme s’élever à nouveau contre des mesures d’éloignement à répétition pour servir les objectifs chiffrés, l’expulsion de personnes protégées (parents d’enfants français, étrangers mineurs ou malades), et même de ressortissants français.

Outre la fin du régime juridique dérogatoire pour les Départements d’outre mer, l’organisation non gouvernementale plaide en faveur de la création d’un centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) en Guyane française. Elle exige également l’arrêt du placement en rétention des familles et des mineurs.

Présente en Guyane depuis octobre 2005, la Cimade dispose aujourd’hui d’un groupe local comprenant une vingtaine d’adhérents bénévoles à Cayenne et à Saint Laurent du Maroni, ainsi que 3 salariées, deux chargées de la rétention et une de l’accueil des demandeurs d’asile. [kft rc apr 29/07/2009 0:50]


[1service œcuménique d’entraide qui accueille, oriente et défend les demandeurs d’asile, les réfugiés et tous les migrants