En ce moment où le régime de facto hondurien, dirigé par Roberto Micheleti, est en train d’analyser une deuxième proposition de sortie à la crise, présentée le mercredi 22 juillet 2009 par le président costaricain Oscar Rayas, le pays centraméricain est actuellement paralysé par une grève générale appelée par les partisans du président destitué Manuel Zelaya. La proposition du médiateur costaricain inclut, entre autres points, le retour au pouvoir de Zelaya qui doit surseoir à sa décision d’amender la Constitution hondurienne, ainsi que la formation d’un gouvernement d’unité et de réconciliation nationale, la généralisation de l’amnistie en faveur des putschistes, l’organisation anticipée des élections générales (soit du 20 novembre au lieu du 28 octobre 2009)… Que réserve l’avenir au Honduras, actuellement très polarisé, et aux mouvements sociaux de ce pays qui continuent à se mobiliser pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel, en dépit des représailles du pouvoir de facto ? Que réserve l’avenir à la gauche latino-américaine face aux « faucons » de l’empire qui semblent commencer à sortir leurs griffes « déstabilisatrices » ?
Par Wooldy Edson Louidor
Port-au-Prince, 22 juil. 09 [AlterPresse] --- « Nous sommes arrivés à un point assez difficile dans notre pays Honduras », a écrit le mardi 21 juillet 2009, sur le site web des mouvements sociaux latino-américains (Minga Informativa), la militante du Front de résistance contre le coup d’État, Wendy Cruz, faisant allusion à la poursuite des persécutions « contre toute personne qui s’oppose au coup d’Etat ».
Les proches collaborateurs de Manuel Zelaya, restés au Honduras, font aussi systématiquement l’objet d’attaques et de pressions de la part du régime de facto dirigé par Roberto Micheleti, confie à l’agence en ligne AlterPresse une source proche du gouvernement destitué par le coup d’état militaire du 28 juin 2009.
La gauche latino-américaine, principalement les pays membres de l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (Alba), vient d’être durement frappée par le gouvernement de facto hondurien qui a ordonné l’expulsion du pays des représentants de la diplomatie vénézuélienne.
Les mouvements sociaux continuent à se mobiliser
Le régime de facto mène une campagne systématique de persécution, de répression, d’intimidation et de violation des droits humains contre les partisans de Zelaya qui réclament le retour à l’ordre constitutionnel.
En dépit des représailles exercées par le pouvoir en place, les organisations et mouvements sociaux, réunis autour du Front de résistance contre le coup d’Etat, continuent leur mobilisation.
Ils ont entamé, ce 23 juillet, une grève générale de 2 jours pour exiger le retour sans conditions de Zelaya au pouvoir.
Le président de facto, Roberto Micheleti,a vu la main du président vénézuélien Hugo Chávez et de la gauche latino-américaine derrière cette résistance du peuple hondurien.
Pour ce, il vient d’accorder, le mardi 21 juillet 2009, aux diplomates vénézuéliens un délai de 72 heures pour quitter le Honduras en raison, dit-il, de l’« ingérence de Chávez dans notre pays ».
Zelaya ne démord pas non plus
À l’instar de ses partisans, Zelaya ne démord pas. Suite à l’échec des premières négociations réalisées le week-end écoulé à Managua sous la médiation du président costaricain Oscar Arias, il a annoncé, pour le prochain week-end, son retour au Honduras comme président constitutionnel.
Le président déchu a également lancé au peuple hondurien un appel à « l’insurrection contre l’oppression » et à la « désobéissance civile ».
À rappeler que la délégation, envoyée par Roberto Micheleti à la capitale costaricaine, a refusé le premier point de la feuille de route proposée par le président costaricain, qui demandait le retour de Zelaya au pouvoir.
Micheleti qualifie la proposition du médiateur d’ « ingérence directe dans les affaires internes de notre pays ».
Devant l’impossibilité de dégager un consensus, Arias a demandé aux deux délégations de lui donner un délai de 72 heures (ayant pris fin le mercredi le 22 juillet) pour tenter de chercher, une deuxième fois, une issue à la crise hondurienne.
Par ailleurs, la médiation de Arias est très mal vue par les présidents de gauche latino-américains.
Considérée par le vénézuélien Chávez de « pièges », elle est qualifiée, par le chef d’État nicaraguayen Daniel Ortega, d’ « instrument entre les mains des putschistes ».
Les États-Unis d’Amérique de plus en plus critiqués
Tandis que Zelaya se dit satisfait du rôle joué par le président américain Barack Obama pour « avoir été conséquent dans sa position de condamnation du coup et d’appui au président légitimement élu dans les urnes », l’implication des États-Unis d’Amérique dans le coup d’Etat au Honduras est de plus en plus pointée du doigt par la gauche latino-américaine.
Le gouvernement cubain et le président vénézuélien Chávez ont demandé à Obama de « cesser d’appuyer militairement le gouvernement de facto de Honduras » et de « faire face aux faucons de l’empire ».
Le président bolivien Evo Morales interprète le coup d’Etat au Honduras comme un avis (envoyé par les Etats-Unis d’Amérique) aux gouvernements de gauche en Amérique Latine et dans les Caraïbes qui consolident des mécanismes d’intégration économique et politique, tels que « l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques » (Alba).
Des militants et organisations aux États-Unis d’Amérique dénoncent aussi l’implication présumée de l’administration de Barack Obama dans le coup d’Etat.
Par exemple, dans son article intitulé Comment les États-Unis financent la déstabilisation en Amérique latine [ repris par l’Agence latino-américaine d’information (Alai)], Allan G. Greenberg de Archives for Democracy (organisation basée à Washington) informe que “des chercheurs, provenant d’institutions universitaires étasuniennes, ont détecté, dans le cadre du processus qui a abouti à la destitution du gouvernement constitutionnel de Honduras, l’implication d’entreprises et de fondations liées à des banques ayant participé dans des activités déstabilisatrices au Venezuela à travers l’utilisation de transferts d’argent en passant par le Panama et la Colombie ».
« Le coup d’Etat au Honduras, le premier sous l’administration du président Barack Obama, est… une opération réalisée par le nouveau gouvernement démocrate contre la gauche latino-américaine », soutient le militant qui conjecture que « les prochains scénarios (en utilisant ces nouvelles formes de financement pour la déstabilisation) seront le Paraguay, la Bolivie et une intensification de la déstabilisation au Venezuela pour mettre à la défensive le gouvernement de Hugo Chávez ». [wel rc apr 23/07/2009 7 :00]