P-au-P, 20 juil. 09 [AlterPresse] --- Doter le pays d’un plan sur la sécurité alimentaire avant la rencontre de l’initiative Amérique latine et Caraïbes sans faim, prévue pour le mois de décembre 2009 en Haïti : c’est l’objectif affiché par la coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), lors d’une table ronde tenue le 16 juillet 2009 à Port-au-Prince, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
L’initiative sans faim réunit des pays de l’Amérique du Sud et des Caraïbes, engagés dans l’éradication de la faim dans la région d’ici 2025.
Au cours de cette table ronde sur le droit à l’alimentation, une proposition de plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle (Pnsan) a été soumise au jugement des organisations présentes.
Par cette table ronde, la Cnsa ambitionnait de permettre aux organisations du secteur alimentaire de s’approprier le texte, indique Gary Mathieu, coordonnateur de la Cnsa.
La proposition de plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle établit un diagnostic de l’alimentaire en Haïti par axes sectoriels, tels la politique fiscale et commerciale, l’agriculture et l’environnement, la santé et la nutrition, la gouvernance et le droit à l’alimentation, et définit des actions à entreprendre dans chaque axe.
Cette proposition de plan national est la version actualisée du plan national sur la sécurité alimentaire, élaboré après le sommet mondial définissant les objectifs du millénaire en 1996.
L’agriculture biologique demeure un atout dans le cadre de l’application de mécanismes de garantie du droit à l’alimentation de la population, insistent les participantes et participants à trois ateliers conduits, le 16 juillet, sur les axes pris en compte par le Pnsan.
Les participantes et participants aux ateliers invitent également la Cnsa à définir clairement le rôle de chaque secteur dans les actions à entreprendre, prévues par le Pnsan.
L’ensemble des propositions, issues des ateliers, sera analysé par un consultant de la Cnsa, en vue d’affiner davantage le document, d’après les propos de Gary Mathieu.
Toujours est-il que le droit à l’alimentation est, en partie, présent dans certaines lois haïtiennes, notamment dans la Constitution de 1987, et dans les conventions déjà signées.
C’est ce qui se dégage des réflexions engagées autour du Pacte international pour les droits économiques sociaux et culturels (Pidesc) à l’occasion de la table ronde du 16 juillet 2009.
Intervenant sur le Pidesc, la sociologue haïtienne Danielle Magloire a toutefois mis un bémol.
« L’important, c’est de démontrer les retombées bénéfiques, au niveau national, de ces pactes que nous signons, tout en comprenant les contextes politiques dans lesquels nous choisissons ou pas de les signer. », a affirmé la directrice de la branche en Haiti de l’organisation canadienne internationale « Droits et Démocratie ».
Une dizaine d’organisations du pays, dont certaines issues du mouvement pour les droits humains comme la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh), Haiti Solidarité internationale (Hsi), le centre Karl Léveque (SKL), le Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (Garr), le Groupe de recherche et d’appui en milieu rural (Gramir), l’organisation féministe « Fanm yo La », l’institut national pour la réforme agraire (Inara), le Mouvement des paysans de Papaye (Mpp/ Hinche, Plateau central) ainsi que Koze Pep ont pris part à cette rencontre.
Des représentants de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), Ary Tobou Ibrahim et Juan Carlos Garcia, venus du Chili, ont participé aux échanges et aux ateliers, de même que Suzy Castor du centre de recherches et de formation économique et sociale pour le développement (Cresfed), hôte de l’événement.
Le droit à l’alimentation fait l’objet, de plus en plus, de discussions, depuis les émeutes de la faim d’avril 2008 dans le pays.
La Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh) a fait circuler, la semaine dernière, une proposition de déclaration sur le droit à l’alimentation de la population nationale, à signer par organisations du pays.
Le ministère de l’agriculture des ressources naturelles et du développement rural (Marndr) a, de son coté, élaboré une déclaration, prélude d’une politique agricole. Les détails de cette déclaration demeurent, pour l’heure, du domaine de l’interne. [kft rc apr 20/07/2009 11 :15]