P-au-P., 16 juil. 09 [AlterPresse] --- Un mouvement de citoyens haïtiens appelle à marcher à Port-au-prince le 17 juillet contre les désastres et en faveur de la protection de l’environnement, sévèrement dégradé.
Le « Mouvman Moun pou Ayiti Bèl » (MAB-Mouvement de citoyens en faveur d’une belle Haiti) invite la population à gagner les rues pour dire « non au suicide collectif », selon les propos du cinéaste Arnold Antonin, un des principaux initiateurs de cette action.
« Nous ne voulons pas que le pays meure », s’exclame Antonin lors d’une émission diffusée en multiplexe par des stations de radio et de télévision du pays. « Il est tard, mais il n’est pas trop tard », ajoute-t-il.
Il indique que plusieurs secteurs de la vie nationale sont déjà mobilisés pour cette marche qui doit partir à 9 :00 du matin du Champ de Mars, principale place publique de la capitale.
Des sportifs, des artistes, des écrivains se sont, entre autres, joints au mouvement, indiquent les organisateurs, qui bénéficient également du support promotionnel de divers médias.
Antonin insiste sur une double responsabilité en matière de bonne gestion de l’environnement : celle de l’État et celle des citoyens.
C’est à l’État de développer une politique publique en matière de protection et régénération de l’environnement, souligne l’agronome Jean André Victor, spécialiste dans ce domaine. Il met l’accent sur l’absence de coordination entre les ministères qui interviennent sur le dossier.
Un Comité interministériel d’aménagement du territoire (Ciat) vient d’être lancé. Créé par un arrêté, en mars 2009, le Ciat a pour objectif de définir une politique claire sur l’aménagement du territoire, de la mettre en œuvre au niveau national comme au niveau local de façon volontariste et coordonnée, tout en tenant compte des attentes, des contraintes et des ressources des populations.
Haïti est parmi les pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles. En 2004, le cyclone Jeanne a fait environ 3000 morts et disparus à travers le pays et causé pour près de 265 millions de dollars de pertes, tandis que les quatre cyclones de 2008 ont fait 900 morts et disparus et environ 1 milliard de dollars de dégâts.
« Un pays peut disparaitre », avertit l’agronome David Nicolas, qui rappelle qu’en 1996, un village du Sud-Est connu sous le nom de Guillomonde (Ladyomoun) a disparu dans un glissement de terrain.
Pour lui, il est urgent de cesser le « pillage des ressources en bois » et en finir avec « la mauvaise gestion des espaces ».
En 2009, Haiti ne bénéficie que de moins de 2% de couverture forestière. 10 à 20 millions d’arbres sont coupés par année.
Les restaurants, boulangeries et distilleries consomment 53000 arbres par année, tandis que 90% de la population utilise le charbon de bois. [gp apr 16/07/09 12 :00]