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Haïti : Garantir le droit à l’alimentation et la souveraineté alimentaire nationale

L’urgence d’une nation souveraine en production et accès aux aliments est posée dans le cadre d’un séminaire, déroulé début juillet 2009 à Port-au-Prince sous les auspices de la plateforme des organisations haïtiennes de droits humains.

Actualisation 17 juil. 09

Correction des chiffres concernant le pourcentage du budget national consacré à l’agriculture

P-au-P, 10 juillet 09[AlterPresse] --- Il y a urgence, aujourd’hui en Haïti, de parvenir à des conditions de souveraineté nationale favorisant la production et l’accès aux aliments pour toutes les couches de la population.

Telle est l’une des conclusions d’une session de formation, tenue sur le droit à l’alimentation, les mercredi 8 et jeudi 9 juillet 2009 dans la capitale, par la plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (Pohdh) au profit d’institutions partenaires et de représentants de médias, dont l’agence en ligne AlterPresse.

La nécessité d’un État responsable et d’une nation souveraine en termes de production et d’accès aux aliments, se pose maintenant comme une urgence, affirme Margareth Mathurin de la plateforme nationale de sécurité alimentaire (Pfnsa).

Les allocations de l’État dans l’agriculture nationale sont passées de 3% (2007/2008) à 6% du budget national pour l’exercice 2008-2009 (de l’ordre de 80 milliards de gourdes ; US $ 1.00 = 41.50 gourdes aujourd’hui). Entretemps, plus de 75% du riz consommé par le peuple haïtien provient de l’extérieur, révèle Camille Chalmers de la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).

La crise alimentaire, qui sévit dans le pays, est la résultante de plusieurs facteurs, notamment la déresponsabilisation de l’Etat, les pressions internationales et le système économique mondial, dénonce le secrétaire exécutif de la Papda.

« La question de la souveraineté alimentaire est une question de souveraineté tout court », maintient-il.

Le rôle de l’État et des institutions dans la question de droit alimentaire a été plusieurs fois mis en avant pendant le séminaire. Les intervenants ont insisté sur l’urgence de la souveraineté alimentaire dans le pays, concept qui embrasse également la notion de sécurité alimentaire.

Les participantes et participants recommandent à l’État de définir des politiques d’encouragement de la souveraineté alimentaire nationale, d’investir dans le secteur agricole, de stimuler la production agricole, de construire des entrepôts (magasins de l’État) afin de disposer de stocks alimentaires pour prévenir la flambée de prix sur le marché ainsi que toute éventuelle rareté et crise alimentaire, d’établir des infrastructures routières pour favoriser l’approvisionnement et la commercialisation dans les zones éloignées des centres, de susciter la création d’emplois en zones rurales et urbaines pauvres.

A leurs yeux, un observatoire spécifique devrait voir le jour pour compiler les données sur l’insécurité alimentaire, vu que le travail de la coordination nationale pour la sécurité alimentaire (Cnsa) est plutot « technique et scientifique ».

Ils suggèrent l’intégration, dans la législation nationale, du pacte international pour les droits économiques, sociaux et culturels (Pidesc) en attente de ratification devant le Parlement haitien.

4,5 millions d’Haïtiennes et d’Haïtiens seraient aujourd’hui en situation de risque à l’insécurité alimentaire et plus 2 millions dans une situation d’insécurité alimentaire (allant de modérée à aigue), selon les chiffres fournis dans le séminaire.

En 2008, la saison cyclonique a ravagé près de 64 000 hectares de terres cultivables.

Une position commune des organisations présentes, reflétant les échanges entre panélistes et participantes / participants pendant la session de formation, doit être transmise aux médias dans les prochains jours.

L’objectif de la formation des mercredi 8 et jeudi 9 juillet était de sensibiliser sur le droit à l’alimentation, un droit non reconnu dans les actions mises en œuvre par les autorités nationales.

Les intervenants choisis proviennent d’organisations œuvrant dans le domaine de la sécurité alimentaire, telles la plateforme nationale de sécurité alimentaire (Pfnsa), la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), la commission épiscopale nationale de l’église catholique romaine (Jilap), le mouvement démocratique populaire (Modep), et une instance étatique la coordination nationale pour la sécurité alimentaire (Cnsa).

Le premier jour, les interventions se sont déroulées autour du droit à l’alimentation et la situation alimentaire en Haïti. Puis, le 9 juillet il s’agissait de trouver les solutions pour favoriser le droit à l’alimentation dans le pays. [kft rc apr 10/07/2009 11 :10]