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Un autre chef de bande lavalas tué dans des conditions suspectes

P-au-P., 3 nov. 03 [AlterPresse] --- Cité Soleil était en effervescence ce lundi 3 novembre à la suite de la mort par balles samedi de l’un des plus puissants chefs de bande lavalas de ce bidonville, Roodson Lemaire alias Colibri.

Les partisans de Colibri sont en effet descendus dans la rue pour réclamer l’arrestation et le jugement du maire de Cité Soleil, Fritz Joseph, qu’ils rendent responsables de ce crime.

Selon Robenson Thomas, un autre chef de bande très influent de la cité connu sous le sobriquet de Labanyè, Roodson Lemaire dit Colibri a été tué lors d’une opération menée par la police le 31 octobre, non loin de l’ancien local de la Mairie de Cité Soleil. Deux policiers auraient été blessés lors de cette intervention.

Cette thèse est toutefois rejetée par le maire Fritz Joseph. Celui-ci indique que Colibri a été tué par un groupe de gens à Cité soleil en représailles contre un meurtre que le chef de bande venait de commettre parmi la population civile.

Lors de la manifestation de ce 3 novembre à Cité Soleil, les partisans de Colibri ont réclamé le départ du pouvoir de Jean Bertrand Aristide.

Un autre chef de bande lavalas, Bernard Casséus, a dénoncé un plan du régime en place pour éliminer physiquement des militants de base lavalas zélés et devenus encombrants pour le pouvoir.

Un sénateur lavalas, Prince Pierre Sonson s’est quant à lui demandé s’il n’existe pas réellement une volonté du pouvoir en place de se débarrasser des chefs de groupes lavalas jugés dangereux. Le parlementaire contesté a déploré la transformation des chefs « d’organisations populaires » lavalas en chefs de gangs.

C’est le deuxième chef de bande lavalas tué dans des circonstances troublantes en moins de deux mois. Le 22 septembre 2003, le corps du chef de « l’armée cannibale », Amio Métayer qui régnait sur le quartier de Raboteau, a été retrouvé criblé de balles près de Saint-Marc, dans l’Artibonite.

Les partisans de Métayer, qui ont accusé le président Aristide d’être le commanditaire de cet assassinat, ont déclenché depuis une vaste mobilisation anti-gouvernementale réprimée avec rigueur par la police. Douze personnes sont décédées et trente-cinq ont été blessées par balles depuis cette date aux Gonaïves.

Le 27 octobre dernier, un « attaché » (indicateur de police) affecté au commissariat de police de Delmas 33, René Jean Anthony alias « Grenn Sonnen » a été blessé dans un attentat à Delmas 19. Ses agresseurs se trouvaient à bord d’un véhicule qui appartiendrait à un parlementaire lavalas.

Le député contesté mis en cause, Placide, a toutefois démenti l’implication de son véhicule dans un telle affaire. Le nom de René Jean Anthony figurait dans un récent rapport de la Coalition Nationale pour les Droits des Haitiens (NCHR), sur le phénomène des « attachés » dans les diverses institutions publiques haïtiennes dont les commissariats de police. [vs apr 03/11/2003 13:30]