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Haïti-Salaire minimum : Le Garr pour des opportunités d’emplois décents, susceptibles de prévenir la migration externe

P-au-P, 1er juillet 09[AlterPresse]--- Affirmant son soutien à la loi d’augmentation du salaire minimum à 200 gourdes, la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) pose le principe d’opportunités d’emplois décents, de nature à prévenir la migration externe en direction de la frontière avec la République Dominicaine ou sous de frêles embarcations de fortune en vue d’un mieux-être.

« Sans un emploi décent pouvant répondre à leur besoin, des milliers d’Haïtiens-Haïtiennes se tournent vers la frontière ou vers la mer en quête de mieux-être. Refoulés ou déportés, ils-elles reviennent plus pauvres qu’avant leur départ ; et leur réinsertion sera toujours irréalisable sans des opportunités de travail qui les gardent loin du cercle de la pauvreté », soutient l’organisme œuvrant dans la protection des droits des migrantes et migrants, dans une note de presse en date du mercredi 1er juillet 2009 transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

Le Garr juge comme un « acte dilatoire » et « une menace à la paix et à la stabilité » la demande de modification de la loi des 200 gourdes, exprimée par le président René Garcia Préval dans ses objections au parlement, objet d’une campagne systématique, depuis une semaine, par l’achat d’espaces dans les médias.

“En choisissant des procédés dilatoires pour le maintien d’un salaire dérisoire, l’Exécutif haïtien renonce à son devoir de protection et à sa responsabilité dans la recherche de propositions alternatives pour sortir le pays de ce cycle d’emplois misérables. Il contribue ainsi à renforcer les tensions et les clivages sociaux au détriment de la Paix et de la Stabilité”.

Déclarant craindre une hausse du taux de chômage dans le pays si cette loi venait à être publiée, Préval s’est tourné vers la presse pour faire valoir ses objections à la loi d’augmentation du salaire minimum dont il propose une augmentation graduelle.

« Oui au travail décent, non à l’esclavage moderne », rétorque le Garr, qui se demande dans quelle mesure est-il possible de parler aujourd’hui de travail quand une ouvrière ou un ouvrier touche un salaire qui ne lui permet même pas de s’alimenter convenablement.

En 2009, “les conditions de travail dans certaines entreprises haïtiennes peuvent être qualifiées sans ambages d’esclavage moderne et il est regrettable que de telles situations perdurent avec la participation des plus hautes autorités de l’Etat”. 

Complicité des autorités nationales dans l’appauvrissement des travailleuses et travailleurs

Dans le contexte d’inflation actuelle, l’Etat n’a pris aucune mesure en vue de soulager les ouvrières et ouvriers, mais a plutôt adopté la position des patrons d’entreprises, relève le Garr aux yeux de qui « la situation engendrée par le vote de cette loi, contre laquelle le président de la République a fait objection, met à nu la complicité de l’Etat dans la violation systématique des droits d’une catégorie de travailleuses et travailleurs, parmi les plus pauvres du pays ».

“ L’Etat, qui, pourtant, doit garantir la protection des droits des travailleurs, ne s’est jamais préoccupé d’ajuster leurs salaires, malgré les prescrits du Code du travail. Non plus, il n’a adopté de mesures d’accompagnement face à la montée vertigineuse du prix du transport, de la nourriture, du loyer, de la scolarité des enfants, etc. Au contraire, les dirigeants de l’Etat ont préféré s’associer aux patrons pour faire porter, par la main d’œuvre déjà sous-payée, toutes les augmentations de coûts, sans se soucier de leurs conditions de vie qui n’ont cessé de se détériorer. En plus, cet État a continué à effectuer des prélèvements sur les maigres salaires des ouvriers et ouvrières, à travers un système de ponction comme l’Office national d’assurance vieillesse (Ona), sans aucune offre sérieuse de service en retour. Pire, leurs dépôts détournés contribuent à enrichir les amis du pouvoir et, malgré le récent scandale qui a éclaboussé cet organisme, aucun plan de redressement n’a été annoncé”.

Pour un système de sécurité sociale efficace

La plateforme Garr partage l’idée de la mise en place d’un système véritable de sécurité sociale et de mécanismes d’inspection du travail par le ministère des Affaires Sociales pour pallier à tout effet pervers découlant de la publication de ladite loi sur l’augmentation du salaire minimum.

Il faut parvenir à "cette équité minimale en soutenant la publication de la loi fixant le salaire minimum à 200 gourdes, telle que votée par le Parlement haïtien", insiste le Garr se déclarant solidaire de toutes celles et de tous ceux qui veulent briser le cercle de la pauvreté en Haïti.

Suivant plusieurs instruments internationaux, dont ceux de l’organisation internationale du travail (Oit), les États ont pour obligation de créer des conditions décentes de travail de manière à permettre aux travailleurs/euses d’accéder à un emploi et à une juste rémunération, à jouir de droits, de moyens d’expression et de reconnaissance, à bénéficier d’une stabilité familiale et d’un développement personnel de justice et d’égalité entre les sexes, rappelle la plateforme Garr œuvrant en faveur de la promotion et de la défense des droits des migrantes et migrants.

« Ces diverses dimensions du travail décent sont les fondements de la paix dans les communautés et la société », signale l’Oit.

La loi sur l’augmentation du salaire minimum, déjà votée par les députés et sénateurs, fait l’objet de nombreuses négociations entre le président de la république, les parlementaires et le secteur privé.

Le président de la chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (Ccih), Réginald Boulos a réitéré, le 30 juin 2009, la position du secteur privé sur la question, prédisant une fuite des investisseurs vers d’autres pays au cas où le salaire minimum passait de 70.00 gourdes (niveau actuel) à 200.00 gourdes (environ 5.00 dollars américains ; US $ 1.00 = 41.50 gourdes aujourd’hui).

Alors que le Parlement doit statuer à nouveau sur cette loi, des informations circulent sur le ralliement de certains députés à la position de la présidence haïtienne.

Les revendications sur le salaire minimum ont déjà causé beaucoup de tensions dans la capitale. Les étudiants de la Faculté des sciences humaines de l’Université d’État d’Haïti prévoient de manifester, à nouveau ce vendredi 3 juillet 2009, en faveur de la loi d’augmentation du salaire minimum.[kft rc apr 01/07/2009 13:50]