Communiqué du GRALIP
3 novembre 2003
Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP)
prend acte de la démission caractérisée des autorités nationales, tant dans
l’institution policière que dans les instances gouvernementales, face à la
systématisation des actes de violence contre les médias et les journalistes
en cette fin d’octobre 2003. Au lieu de prendre des dispositions pour la
protection des travailleurs de la presse, les institutions publiques
s’affichent clairement comme les pires ennemis de la Liberté de la Presse en
utilisant les ressources des contribuables pour garantir l’impunité des
prédateurs.
Le GRALIP en appelle à la solidarité indéfectible entre les consoeurs et
confrères, en vue de préserver le vital espace démocratique dans un pays où
la Liberté de la Presse est vécue par le pouvoir à la dimension d’une
maladie fatale, sinon d’une tragédie, à cause d’un autoritarisme endémique
et morbide.
Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP)
convie l’ensemble de la corporation à réfléchir sur la stratégie mise en
ouvre par le pouvoir lavalas pour non seulement parvenir à un règne de
pensée unique, mais surtout pour manipuler l’opinion et faire passer
continuellement dans les médias sa propre vision étriquée des réalités
dramatiques vécues par la population sur l’ensemble du territoire national.
Le GRALIP lance cette alerte aux médias et aux journalistes, au regard des
derniers actes de violence perpétrés contre la Presse par des officiels
lavalas, des partisans du régime et des personnes ayant utilisé des
matériels de l’Etat.
Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse tient à
souligner la gravité de l’implication, sans équivoque, d’un véhicule de
service public immatriculé SE 3275, dans l’opération de la soirée du mardi
28 octobre 2003 qui a mis en danger directement la vie et les biens du
personnel de Radio Caraïbes FM, à un moment où le concept de terrorisme
atteint toute son amplitude, dans la phraséologie politique officielle.
Cet acte criminel est survenu à la veille de la poursuite du procès mettant
en cause un dignitaire du régime, Angelot Bell, dans l’accident ayant coûté
la vie, en juillet 2003, au journaliste sportif de Radio Caraïbes Rigaud
Délice et entraîné de graves blessures chez 4 autres personnes qui
accompagnaient le confrère défunt.
Le GRALIP est sérieusement intrigué par le fait que le grave incident contre
la station Caraïbes FM est survenu seulement quelques heures après les
troublantes préoccupations de Mario Dupuy, porte-parole du gouvernement
lavalas, dans son plaidoyer pour un rejet total du récent rapport de la
Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (NCHR), sur les violations
en cascade de la liberté de la presse en Haïti de février 2001 à octobre
2003.
Le GRALIP se pose des questions sur le laxisme des institutions judiciaires
face aux agressions répétées de fonctionnaires et de partisans du pouvoir
qui, en plus des agressions contre les professionnels de la Presse, se sont
même arrogé le droit de s’emparer d’une cassette d’images filmées par la
station Télémax autour de leurs violences contre les femmes, le mercredi 29
octobre 2003, devant le Palais de Justice de Port-au-Prince.
Le GRALIP s’interroge sur les motivations de l’intérêt obsessionnel porté à
la presse, par un secrétaire d’Etat mi-ange mi-démon, qui dénonce la
prétendue partialité des correspondants dans la couverture des événements
dramatiques, enregistrés ces derniers jours, aux Gonaïves, tout en se
faisant dans le même temps l’avocat de journalistes à qui des patrons de
presse non identifiés auraient déclaré la guerre, pour empêcher une
expression politique plurielle dans les Rédactions.
Lors même qu’une telle anomalie se serait produite, elle relèverait de la
compétence exclusive de la corporation des journalistes et non de celle du
pouvoir, englué dans une gestion politique malsaine, calamiteuse et
autoritaire des médias d’Etat.
Tout en exprimant sa solidarité aux rédactions des stations Caraïbes FM
(Port-au-Prince), Hispaniola et Maxima (Cap-Haïtien), Atlantique (Gonaïves,
Artibonite), toutes contraintes d’observer un arrêt de travail à cause des
menaces et persécutions dont elles sont l’objet de la part des partisans de
l’intolérance, le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la
Presse suggère à la corporation de définir dans la concertation des modes
organisationnels de survie face à l’arbitraire et l’oppression du système
établi.
Pour le GRALIP,
Vario Sérant, Coordonnateur principal
Stéphane Pierre-Paul, Assistant Coordonnateur
Ronald Colbert, Administrateur