Par Maude Malengrez et Ronald Colbert
P-au-P, 21 juin 2009 [AlterPresse] --- Des urnes bien maigres, affichant quelques rares bulletins (entre 6 à 10) par leurs parois transparentes, des membres de bureaux de vote (BV) assoupis à même les tables des opérations électorales, des policiers nationaux et des agents onusiens faisant la navette et montant la garde, quelques mandataires de partis politiques exprimant des frustrations par rapport à leurs candidats, des électeurs en colère du fait de n’avoir pas pu retrouver leurs noms sur les listes électorales, des observateurs nationaux en mal d’activités vu le peu d’affluence de votants : c’est le tableau des opérations électorales, observé dans la zone métropolitaine de la capitale Port-au-Prince par l’agence en ligne AlterPresse.
Ce dimanche 21 juin 2009, consacré deuxième tour des sénatoriales partielles, le constat est similaire du nord au sud de la capitale, en passant par Cité Soleil (grande agglomération populaire) pour arriver à Carrefour (autre municipalité dans la zone métropolitaine).
Une atmosphère d’apaisement, plus de tranquillité et moins d’agression : c’est la différence relevée pour cette journée de second tour du 21 juin, comparativement au premier tour de scrutin le 19 avril 2009, soulignent à AlterPresse membres de bureaux de vote, agents de sécurité électorale, mandataires et observateurs nationaux.
Peu d’électeurs, urnes très légères
Au Centre de vote installé dans le Building 2004, à proximité de Cité Soleil, qui comprend 34 BV, à l’image des autres urnes, celle du bureau 18 contenait 6 bulletins, pour une liste de 401 électrices et électeurs inscrits. Il était alors 12:30.
“Ce sont là uniquement des bulletins déposés par les mandataires politiques”, déclare à AlterPresse un membre du bureau.
A Carrefour, au centre de vote de l’Ecole mixte de Thor, la situation est pareille. Un coup de vent suffirait à faire tomber les urnes des bancs, sur lesquels elles trônent esseulées. En milieu d’après-midi, une électrice ou un électeur, si l’une ou l’autre venait, devait avant tout réveiller les membres des bureaux de vote, las d’attendre.
Dans les rues de la capitale, plus vides qu’à l’accoutumée, les seules manifestations d’enthousiasme, individuel comme collectif, étaient liées au match Brésil-Italie qui se disputait ce 21 juin.
Au Lycée de Cite Soleil, les membres des différents bureaux témoignent de difficultés pour les électeurs de trouver leurs noms sur les listes électorales.
“Les quelques bulletins, que vous voyez là, sont tous le fait des membres du bureau ou des mandataires politiques, qui n’ont pas besoin d’être inscrits sur une liste électorale pour voter à un endroit’, explique à AlterPresse un membre de bureau.
“Désormais, nous devons inscrire le code d’identification de la personne en regard de sa photo sur notre liste, nous ne pouvons plus faire voter les gens, découragés de ne trouver leur nom nulle part, à l’aide d’un procès-verbal”, ajoute-t-il.
Dans la journée, le Conseil électoral provisoire (Cep) a tenté de reagir à ces écueils, mais sans doute trop tard pour que l’information traverse les 9,267 bureaux de votes ouverts dans le pays aujourd’hui.
“Nous avons fait des progrès depuis le premier tour et nous en ferons encore par rapport à ce deuxième tour des sénatoriales”, fait savoir Frantz Gérard Verret, le président de l’organisme électoral, rencontré par AlterPresse au moment d’une visite d’inspection dans le centre de vote du Lycée de Cité Soleil.
Interrogé par la presse, Verret estime qu’ aucun problème majeur n’a été relevé dans le pays, parlant d’une proportion infime d’incidents enregistrés dans une douzaine de bureaux de vote pour un nombre de plus de 9 mille BV .
Stabiliser les institutions démocratiques et faire roder la machine électorale
“Le but de ces élections [Ndlr : sénatoriales partielles] est double : la stabilisation des institutions démocratiques et le fait pour le Cep de faire roder la machine en prévision des autres rendez-vous électoraux à venir”, indique Frantz Gérard Verret.
Quelques jeunes électeurs, mécontents de s’être rendus en vain dans plusieurs bureaux de vote, ont tenté, sans succès, d’interpeller le président du Cep dans la cour du Lycée de Cité Soleil.
Verret n’a pas pris le temps de répondre aux interpellations de ces électeurs, préférant poursuivre sa tournée d’inspection dans les centres de vote de la capitale.
Peu de violence à Cité Soleil
“Les radios de la police ne se font presque plus entendre dans la cité”, affirme, souriant, Rosemond Aristide, responsable (depuis 2007) de la Police Nationale d’Haiti (Pnh) pour Cité Soleil, pour illustrer le calme qui règne dans la commune en ce jour de scrutin.
Montrant sa radiocommunication à AlterPresse, Rosemond Aristide évoque la mission de la police nationale consistant à garantir la sécurité de la population.
« Les autres problèmes, comme les difficultés pour électeurs de retrouver leurs noms sur les listes électorales, relèvent des institutions appelées à endosser leurs responsabilités démocratiques face aux demandes de la population qui recherche beaucoup plus d’intégration dans la société... », confie-t-il.
Les six agents de la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haiti (Minustah) lourdement armés, en poste devant la grille du lycée de Cité Soleil, témoignent, cependant, de mesures de sécurité renforcées dans la zone par rapport aux autres centres de vote.
Une présence marquante de policiers nationaux et de militaires onusiens est notée dans l’ensemble des centres de vote visités par AlterPresse dans la zone métropolitaine de la capitale. [mm rc apr 21/06/2009 15:30]