P-au-P, 02 juin 09 [AlterPresse] --- Des résidents de TiLori (Cerca La Source, Plateau Central / Nord- Est) pressent les autorités haïtiennes de prendre des mesures pour assurer la sécurité de la population de cette zone frontalière avec la République Dominicaine, selon un rapport d’actes d’agression commis par des ressortissants dominicains dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Ces habitants affirment être constamment victimes d’exactions de la part des ressortissants et militaires dominicains au niveau de la frontière.
Lérostène Charles est l’une des dernières victimes de ces actes horribles, perpétrés par des Dominicains sur des citoyens haïtiens.
Il figurait, le 11 mai 2009, parmi les trois Haïtiens qui ont été mutilés dans diverses parties de leur corps au moment où ils rentraient chez eux à TiLori après une journée de travail dans des fermes agricoles en République Dominicaine.
Charles et ses deux collègues – Eligène Exavier et Rénold Désir – ont eu, chacun, une oreille coupée après avoir été matraqués par des Dominicains.
« Ils nous ont battus, ils ont coupé une oreille à chacun de nous. Par la suite, ils nous ont laissé pour morts », indique Lérostène Charles qui retrace le fil de l’événement lors d’une conférence de presse au siège du Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), le mardi 2 juin 2009.
« Les coups de piques et de couteaux, que nous avons reçus, nous laissent des cicatrices au dos », ajoute Charles qui porte encore des pansements au niveau de l’oreille coupée.
Cette conférence de presse, convoquée par le Garr, a été l’occasion pour ces résidents frontaliers de signaler d’autres incidents survenus au niveau de la frontière TiLori/Restauración.
Cédène Etienne, un jeune Haïtien habitant la zone, a été blessé à l’épaule, le 28 mai dernier, lorsque des militaires dominicains ont fait feu pour disperser un groupe de manifestants haïtiens.
Cette manifestation avait pour objectif de protester contre une opération de destruction d’une vingtaine de jardins, appartenant à des paysans haïtiens mais qui se trouvent sur le territoire dominicain.
Cette opération a été menée par des militaires dominicains dans le cadre d’un projet de reboisement, mis en œuvre par le gouvernement dominicain.
Edner Joarélus, l’une des victimes de cette mesure, précise que les petits agriculteurs haïtiens exploitent ces terres, se trouvant en territoire dominicain, suite à une entente verbale qui a été trouvée entre les deux parties.
Joarélus, qui indique que cette pratique existe depuis la décennie 1990, critique la manière dont les autorités dominicaines ont procédé à la destruction de ces champs.
Présents à la conférence du 2 juin, Elmétas Anestin , un des élus locaux, ainsi que Adelo Thimotée, militant de droits humains dans la zone, réclament l’intervention de l’Etat haïtien en vue de faire cesser de tels actes contre les ressortissants haïtiens.
Ils demandent, à la fois, la présence de la police haïtienne au niveau de la frontière TiLori et l’intervention du Consulat haïtien à Dajabón en vue de discuter, avec les autorités dominicaines, sur la nécessité de dédommager les cultivateurs haïtiens victimes de cette mesure de destruction des champs.
Ils suggèrent également au ministère de l’Agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr) d’assister les petits paysans haïtiens qui s’investissent dans la production agricole.
TiLori est une localité de la troisième section communale de LaMiel, située dans le haut Plateau Central.
Entre 10 mille et 13 mille personnes vivent dans cette section communale dépendant de la commune de Cerca-La-Source, selon Anestin, coordinateur de l’Assemblée de la section communale (Asec) de La Mielle. [do rc apr 02/06/2009 14:30]