Discrimination, tendance au renforcement de pratiques esclavagistes, absence de salaire minimum, augmentation de l’horaire de travail pour cette catégorie de travailleuses et travailleurs, sont parmi les limitations contenues dans la nouvelle loi, aux yeux de la Conap.
P-au-P, 25 mai 09 [AlterPresse] --- La Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (Conap) relève au moins trois manquements dans la loi sur le « travail domestique » récemment votée au Parlement haïtien, dans une prise de position transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Tout en saluant les efforts consentis par les sénateurs et députés, la Conap estime que cette loi contient toutefois des limitations en ce qui concerne la garantie des droits, comme êtres humains vendant leur force de travail, des personnes qui s’adonnent à des tâches domestiques.
Une première limitation, identifiée par la Conap, est l’utilisation du terme « travail domestique » qui est différente de l’expression « gens de maison » utilisée dans la langue française.
La Conap déplore l’usage du mot « domestique » pour différencier ces personnes à d’autres catégories de travailleurs et travailleuses. Le terme « domestique » n’a pas le même sens, quand on s’exprime en Créole ou en Français. Le regroupement d’organisations de femmes demande à l’Exécutif de corriger cette erreur avant de publier cette loi dans le journal officiel « Le Moniteur ».
A l’instar du code du travail en vigueur, la nouvelle loi sur le « travail domestique » encouragerait la discrimination.
Un autre manquement, signale la Conap, se situe dans les prescrits du code du travail sur les personnes travaillant dans les secteurs agro-industriel et commercial qui ne s’appliquent pas à celles effectuant des travaux domestiques.
Rien n’est dit pour les gens évoluant dans le secteur agricole et de la pêche, souligne la Conap.
En outre, la nouvelle loi sur le « travail domestique » reprend certains règlements qui se trouvent déjà dans le code du travail, selon lequel les « gens de maison » ne sont pas considérés comme des travailleurs à l’instar des autres catégories sociales.
« Une loi, qui reconnaît, sur une base égalitaire, les droits des travailleuses et travailleurs de maison, valoriserait les tâches de maison en encourageant le partage des responsabilités entre femmes et hommes dans la cellule familiale », indique la Conap.
La loi sur le « travail domestique » ne prévoit pas de salaire minimum pour les travailleurs et travailleuses de ce secteur, note la Conap.
Ces personnes devraient avoir un salaire minimum leur permettant de survivre et d’aider leurs familles, ce que semble ignorer la loi sur le travail domestique qui vient augmenter l’horaire de travail de ces personnes en le portant à 14 heures par jour, fait remarquer la Conap.
Elles devraient travailler 8 heures par jour suivant la loi fixant le nombre d’heures qu’une personne doit travailler par jour en Haïti.
Les règlements inscrits dans la nouvelle loi sur le « travail domestique » démontrent qu’il reste encore beaucoup de chemins à parcourir pour divorcer d’avec les pratiques esclavagistes, aux yeux du regroupement d’organisations de femmes.
Rappelant les négociations, que les organisations de femmes avaient entamées avec le Parlement en 1997 et 1998, en vue de modifier les contenus sexistes et discriminatoires à l’égard des femmes – que renferment le code pénal, le code civil et le code du travail, la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes conseille aux autorités nationales de prendre des dispositions pour corriger ces manquements, non seulement dans la nouvelle loi sur « le travail domestique », mais aussi dans plusieurs autres lois qui seront adoptées en vue de l’amélioration des conditions de vie de la population. [do rc apr 25/05/2009 14 :30]