De janvier à avril 2009, au moins 17 cas de ressortissants haïtiens assassinés ont été répertoriés en République Dominicaine, en plus d’autres actes répréhensibles, comme des arrestations et rapatriements forcés.
P-au-P, 6 mai 09 [AlterPresse] --- A la suite de plusieurs secteurs nationaux, le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) enjoint les autorités haïtiennes à mettre un terme à la banalisation du droit à la vie des Haïtiens se trouvant en terre étrangère, dans une note de protestation dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Dans cette prise de position, publiée 72 heures après la décapitation, le samedi 2 mai 2009, d’un Haïtien en République dominicaine, le Rnddh se dit consterné devant la répétition des crimes contre les migrants haïtiens en territoire dominicain.
Accusé à tort, selon des témoins, d’avoir tué un ressortissant dominicain, le ressortissant haïtien du nom de Carlos Nérilus, a été capturé puis décapité en pleine rue d’un quartier populeux de Buenos Aires (à Santo Domingo, la capitale dominicaine), en présence d’une foule nombreuse, massée pour la circonstance et qui, au terme de ce crime macabre, a manifesté sa joie par des applaudissements.
« La décapitation de Carlos Nérilus constitue une violation grave des droits à la vie, à la dignité humaine et à l’intégrité psychique et morale, non seulement de la victime mais aussi de toute la nation haïtienne », écrit le Réseau national de défense des droits humains dans cette note de protestation.
« Cet acte barbare heurte l’article 5, alinéas 1 et 2 de la Convention Américaine relative aux Droits de l’Homme et l’article 3 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques, auxquels Haïti et la République Dominicaine sont parties », poursuit la note.
L’assassinat de Carlos Nérilus ne peut, en aucune façon, être considéré comme un acte isolé, [Ndlr : c’est un acte isolé, suivant la position exprimée par l’ambassade dominicaine en Haïti, dirigée par le diplomate Ruben Silié], vu que les Haïtiens continuent d’être l’objet d’actes de violence, les uns plus atroces que les autres, tant par des membres de la population que par les autorités dominicaines, estime le Rnddh.
Ces crimes sont perpétrés sous des formes diverses : strangulation, lapidation, disparition, décapitation, asphyxie, assassinats par balles, rappelle le Rnddh.
Pas moins de 17 ressortissants haïtiens ont été assassinés en République Dominicaine durant la période allant de janvier à avril 2009. Sept autres ont, dans l’intervalle, été blessés ou agressés.
D’autres actes répréhensibles sont commis à l’encontre des Haïtiens, dont des arrestations et rapatriements forcés, dans l’irrespect flagrant du Droit International des Droits de l’Homme, relève le Réseau national de défense des droits humains.
Les « discours virulents et discriminatoires » de certains dirigeants des pays des Caraïbes, à l’encontre du peuple haïtien, encouragent, selon le Rnddh, de tels actes sur les ressortissants haïtiens.
A preuve, le Rnddh cite les propos des premiers ministres respectifs de Trinidad et Tobago et de Saint-Vincent et Grenadines, lors du 5 e Sommet des Amériques, tenu du 17 au 19 avril 2009 dans la capitale trinidadienne Port of Spain.
« Haïti représente une honte pour la région et un handicap au développement », avaient déclaré les dirigeants de ces deux pays ».
« L’Etat haïtien assiste passivement à cette campagne discriminatoire contre le pays et cette inertie légendaire engendre l’aggravation de la situation des Haïtiens vivant en terre étrangère », déplore le Rnddh.
Condamnant fermement ces assassinats en série, le Rnddh enjoint les autorités haïtiennes à porter plainte contre la République Dominicaine et tous autres États qui se seraient rendus coupables du non-respect des engagements internationaux et régionaux en matière de protection des droits humains auxquels ils ont adhéré. [do rc apr 06/05/2009 10 :40]