P-au-P, 04 mai 09 [AlterPresse] --- L’interdiction, faite par la police nationale d’Haïti, le 1er mai, aux manifestants syndicaux de pénétrer l’aire du Champ de Mars, à proximité du palais présidentiel, n’a pas ébranlé l’enthousiasme de milliers de personnes, enfants, jeunes, femmes, hommes et vieux, à accourir sur la grande place publique du Champ de Mars, durant le premier weekend de mai 2009, pour observer l’exposition consacrée à la production agroartisanale en Haïti, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Au-delà de l’acquisition de biens locaux exposés, les participantes et participants à la foire se sont donné à cœur joie, pendant 4 jours (du 30 avril au 4 mai 2009), dans la consommation sur grande échelle de mets (naturels) du terroir, au son de musique d’ambiance et d’animations diverses.
Après la période du carnaval et de rara (manifestation populaire au rythme de vaccines et de tambours qui fait suite au défilé des trois jours gras), les nombreuses personnes s’étant déplacées en direction du Champ de Mars semblent avoir attendu le moment de l’exposition agroartisanale et de production (du premier weekend-end de mai 2009) pour se récréer, suivant les observateurs.
Placée sous le signe de la « Solidarité entre patrons, ouvriers, paysans et artisans pour renforcer la production nationale », la célébration de la fête de l’agriculture et du travail a donné l’opportunité aux agricultrices et agriculteurs haïtiens, venus de plusieurs départements géographiques du pays, de présenter leurs produits à Port-au-Prince à l’appréciation d’une population rongée par le chômage et le sous-emploi.
Des marchands de nourriture se sont installés çà et là, autour de l’exposition. Le Champ de Mars a été également transformé en un vaste restaurant en plein air, un marché public où tout se vend aux plus offrants.
Des vivres alimentaires, tels ignames, bananes, patates douces, giraumont, riz, haricot, pistache, manioc et ses dérivés, ont été exposés.
Des fruits et légumes, comme ananas, melons, mangues, cerises, citron, aubergine, laitue, oignons, piment, ont attiré l’attention au Champ de Mars.
Des produits transformés, tels boissons liquéfiées (vins et liqueurs de différentes saveurs), manba (beurre d’arachide), rapadou, cassave, ont été remarqués sur les étals.
Des œuvres artisanales, des produits d’élevage ainsi que des copies de livres et de films haïtiens étaient aussi montrés au Champ de Mars.
Des meubles en bambou, des sculptures en bois, des tableaux, des habits confectionnés par des créateurs haïtiens, des chapeaux, ont capté l’attention des visiteuses et visiteurs.
Les produits d’élevage, comme cabris, poussins, canards, ont été exposés sur la place des artistes près du Commissariat de Police. Dans ce même endroit, des motoculteurs ont été remarqués le long de la rue St-Honoré devant la salle de spectacle Rex Théâtre.
Les motivations des gens qui se rendaient au Champ de Mars, durant ce weekend de l’agriculture et du travail, étaient très diversifiées.
Certains se sont rendus au Champ de Mars pour observer les produits exposés, d’autres pour faire des emplettes, ou encore pour consommer tout simplement. Malheureusement, plusieurs personnes affirment avoir été rançonnées, dévalisées et « fouillées » par des voleurs au cours de la foire du premier weekend de mai 2009.
En plus de l’étalage de produits locaux, des messages de sensibilisation des jeunes contre la pandémie du syndrome immuno-déficitaire acquis (Sida), ont été lancés.
Un stand, dirigé par le météorologue Ronald Sémelfort, a été dédié à la météorologie. Des documents, expliquant les dégâts causés en Haïti par différents cyclones, ont été placardés.
A titre d’exemple, en 1963, le cyclone Flora avait fait plus de 8,000 morts en Haïti, alors que le cyclone Gordon avait occasionné la mort de 1,120 personnes dans ce même pays vulnérable aux catastrophes naturelles.
Le vendredi 1er mai 2009, les mouvements sociaux ont entamé une manifestation pour faire part de leurs revendications à l’occasion de la fête de l’agriculture et du travail.
Fait sans précédent depuis plusieurs années, la démonstration des syndicats et autres organisations paysannes et de défense de droits humains a été tuée dans l’œuf ce 1er mai 2009, à l’aide de gaz lacrymogènes, à quelques mètres du palais présidentiel, par la police nationale.
Emmenés par le « Kolektif pou yon lòt premye me / Collectif pour un autre premier mai », les manifestants scandaient des slogans en faveur du relèvement du niveau du salaire minimum, de 70.00 à 200.00 gourdes ( 1.00 USD = 42.00 gourdes aujourd’hui). [do rc apr 04/05/2009 11:30]