P-au-P, 30 avril 09 [AlterPresse] --- La nécessité ou non d’une « loi sur la presse »
a été, mercredi soir (29 avril 2009), au centre d’un débat lancé par l’ONG américaine Internews en partenariat avec l’Association des Journalistes Haïtiens (AJH).
Panéliste à ce débat, le ministre de la culture et de la communication, Olsen Jean-Julien évoque la nécessité de mettre en place un « cadre normatif » pour « réglementer » la pratique du journalisme.
« Il est essentiel de placer la presse dans un cadre normatif », estime Olsen Jean-Julien, ajoutant qu’il est difficile, dans le contexte actuel, de construire des institutions démocratiques en dehors de ce cadre.
Le ministre de la culture et de la communication argumente en faisant référence au développement des Technologies de l’information et de la communication (TIC), de la propriété intellectuelle et de la multiplication exponentielle des médias.
La nécessité de réglementer le secteur de la presse est présente, insiste Jean-Julien, soulignant qu’« il est important de planifier le développement social en fonction de la place à accorder à la liberté de la presse ».
Newton St-Juste, Avocat et Journaliste à la Télévision nationale d’Haïti (TNH), se
positionne en faveur d’une « loi sur la presse » pour uniformiser, dit-il, le statut journalistique.
« Nous sommes pour une législation qui réglemente la profession du journalisme, non
pas pour entraver l’exercice du journalisme, mais pour protéger les citoyens » contre les délits de presse, affirme Me. Newton St-Juste, après avoir énuméré différentes lois ayant trait à la presse en Haïti depuis 1922.
Le Juriste/Journaliste, qui critique certaines émissions attaquant les bonnes mœurs, croit également nécessaire de réguler les agences de presse et les médias qui diffusent les informations sur Internet.
Jacques Sampeur, PDG de Radio et Télé Antilles et président de l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH), ne partage pas l’idée d’une loi sur la presse.
Les prescrits de la Constitution de 1987 et du Code pénal sont suffisants pour réguler la presse haïtienne, dit-il, invitant à la prudence lorsqu’il s’agit de loi sur la presse en Haiti.
Sampeur précise que « dans une démocratie, on n’a pas besoin de loi sur la presse. On a [plutôt] besoin d’institutions fortes, d’une presse responsable. »
« Je crains toute loi sur la presse en Haïti », lâche, pour sa part, Marcus Garcia, directeur de Radio Mélodie FM, de l’hebdomadaire Haiti en Marche et responsable de l’Association des médias indépendants d’Haïti (AMIH). Aux États-Unis, il n’existe aucune loi sur la presse, pourtant des journalistes sont trainés devant les tribunaux, relève-t-il.
Il met en substance l’accent sur les contextes historiques autoritaires dans lesquels des lois sur la presse ont été édictées en Haiti et s’interroge sur la finalité d’une loi sur la presse aujourd’hui dans le pays.
Pourtant, selon l’intervenant, actuellement la presse haïtienne ne fonctionne pas dans un vide normatif. Il rappelle les dispositions constitutionnelles, légales ainsi que des institutions comme le ministère de l’Intérieur et des collectivités territoriales (MICT) et le Conseil national des télécommunications (CONATEL) impliquées dans l’autorisation et le contrôle technique des médias audiovisuels.
Penchant en faveur de l’auto-régulation, le dirigeant de l’AMIH propose la mise en place d’un code d’éthique qui explicite les droits, les devoirs et les responsabilités des journalistes et médias pour le grand bien de la population. Il opte également pour la création d’un Conseil supérieur de la communication.
Au moment des débats, des positions se sont exprimées pour et contre une loi sur la presse en Haiti. Dans ce cadre, des questions relatives à un meilleur traitement pour les journalistes, un plan de carrière journalistique et la formation continue à l’intention des travailleurs de la presse, ont également été adressées.
Un confrère a fait part de l’initiative d’un groupe de journalistes de proposer une « loi sur la presse » et Marcus Garcia s’est montré choqué par cette démarche, affirmant que si l’Exécutif veut introduire une loi sur la presse, qu’il le fasse, mais ce n’est pas le rôle des journalistes.
Le ministre de la culture et de la communication a fait savoir que le gouvernement n’a pas l’intention d’élaborer une loi sur la presse. [do rc apr 30/04/2009 12 :00]