Par Denise Martel,
Publié dans Le soleil, Québec, 18 avril 2009
Repris par AlterPresse le 23 avril 2009
Le dernier titre de Dany Laferrière La fête des morts, album-jeunesse défraie la chronique au Canada. Après Je suis fou de Vava, le célèbre écrivain Dany Laferrière met en mots et en images son enfance, sa famille et sa ville. Au grand bonheur des jeunes lecteurs.
« Les enfants sont de grands lecteurs. Contrairement à la plupart des adultes, ils ne lisent pas uniquement les mots, ils lisent les images. Ils regardent le moindre détail et peuvent facilement lire le même ouvrage 20 ou 30 fois », soutient Dany Laferrière qui vient de lancer La fête des morts, le deuxième album jeunesse conçu avec la collaboration de l’illustrateur Frédéric Normandin.
Comme le premier, Je suis fou de Vava qui avait remporté le Prix du Gouverneur général pour le meilleur texte jeunesse en 2 006, La fête des morts est extrêmement coloré et abondamment illustré. D’ailleurs, les textes prennent place à l’intérieur des images qui s’étalent sur les pages entières.
« On n’a pas abaissé le niveau de lecture aux enfants, la langue est très sophistiquée et les illustrations très vivantes. La fête des morts a vraiment été écrit et conçu pour tout le monde, mais en particulier pour la jeunesse et la famille. Le premier livre parlait de l’amour, le second parle de la mort, mais j’ai voulu en parler pour que ça ne soit pas morbide », précise l’auteur lors de son passage à Québec pour participer à l’émission Horizons lointains, enregistrée par l’équipe de l’animateur français Patrick Poivre d’Arvor.
« La mort est un sujet que les enfants peuvent comprendre bien, tant aux plans poétique que philosophique. Ils ont du temps pour penser à ça, ils n’ont pas de factures dans la tête, moins d’angoisses que nous... »
« Étonnamment, on leur donne de la nourriture fade alors qu’ils ont beaucoup d’imagination et du temps. La mort occupe une place importante dans la vie, surtout celle des enfants, mais on ne prend pas vraiment le temps de leur expliquer ce qui s’est passé. On se contente de dire que grand-mère est partie, qu’elle ne reviendra plus. Pourtant, quand on parle sérieusement aux enfants, on réalise qu’ils ont compris beaucoup de choses », insiste l’écrivain.
Enfance en Haïti
« Quand j’ai pensé à écrire sur la mort, je me suis rappelé mon enfance en Haïti. A la campagne en particulier, la mort était quelque chose de très vivant. Il y avait beaucoup de musique et le cercueil dansait sur les épaules des porteurs parce qu’ils avançaient au rythme de la musique. C’était très joli ».
Quant à sa collaboration avec Frédéric Normandin, Laferrière explique que pour le premier livre, ce dernier ne connaissait rien d’Haïti. Il lui avait alors conseillé de lire L’Odeur du café, roman qui s’inspire de son enfance, et d’illustrer les choses comme il les voyait dans son imaginaire en retrouvant la sensibilité de sa propre enfance.
« J’ai créé l’histoire à partir de ses images tandis que pour le second, il était plus à l’aise et on a fait l’inverse. Il m’a demandé de faire les textes d’abord et il a ensuite fait les illustrations », raconte l’auteur et chroniqueur.