Par Wooldy Edson Louidor
P-au-P., 16 avril 09 [AlterPresse]--- Le cinquième Sommet des Amériques qui se tiendra du 17 au 19 avril 2009 à Port-of-Spain (Trinidad et Tobago) représente un baptême de feu pour le nouveau président américain Barack Obama qui devra dialoguer avec ses homologues latino-américains.
En prélude à ce grand rendez-vous continental où 34 chefs d’État et de gouvernement (à l’exception de Cuba) discuteront des thèmes liés à la prospérité humaine, la sécurité énergétique et la durabilité environnementale, l’administration de Barack Obama réalise une tournée dans la région, pendant que les dirigeants des pays de l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques) se réunissent en conclave pour dégager une position commune.
Du côté de l’administration Obama
Depuis mars, des membres de l’administration de Barack Obama effectuent des visites en Amérique Latine pour s’entretenir avec des dirigeants de la région.
Par exemple, au cours du mois de mars, le vice-président américain Joseph Biden s’est rendu au Chili et à Costa Rica. Durant d’un Sommet (le Sommet du Progressisme) réalisé au Chili (Viña del Mar) à la fin du mois de mars, le vice-président aurait déclaré que « c’est fini l’époque où nous donnions des ordres ».
Le président Barack Obama est actuellement en visite au Mexique (jusqu’au 17 avril), pendant que la secrétaire d’État Hillary Clinton réalise du 16 au 19 avril une tournée en Haïti, en République Dominicaine et à Trinidad et Tobago.
Outre la réalisation de visites dans l’Hémisphère, l’administration américaine a eu le soin d’assouplir sa politique envers Cuba, selon le vœu de presque tous les pays latino-américains, qui exigent la levée de l’embargo contre l’île communiste.
Par exemple, le président américain vient d’ordonner lundi 13 avril au Secrétaire d’État, aux secrétaires au Trésor et au Commerce la levée des restrictions sur les voyages et transferts d’argent à Cuba.
Du côté des leaders de gauche latino-américains
Du côté de l’Amérique latine, les dirigeants des pays de l’Alba se réunissent à Cumaná (Venezuela) les 16 et 17 avril pour s’entendre sur une position commune à exposer au Sommet.
La levée de l’embargo américain contre Cuba et la participation de l’île communiste au Sommet des Amériques et à l’Organisation des États Américains (OEA) figurent parmi des points envisagés par les chefs des États membres de l’ALBA qui partiront ensemble vers Trinidad et Tobago.
Rappelons que les dirigeants de la région ont, à travers plusieurs déclarations conjointes, exigé des États-Unis d’Amérique de mettre fin à l’embargo contre Cuba.
Contexte du Sommet
Ce Sommet se réalise dans un contexte spécial marqué d’une part par la crise financière mondiale et, d’autre part, par une percée de la gauche en Amérique Latine.
Il existe de plus en plus de divergences entre les États-Unis d’Amérique et un bon nombre de nations latino-américaines sur la façon de résoudre l’actuelle crise financière mondiale.
Selon des dirigeants latino-américains, les pays les plus riches ne veulent pas réellement transformer l’architecture financière mondiale, responsable de la crise, en incluant les nations émergentes et en développement dans les grands espaces de décision. À travers leurs réunions et sommets, ces États riches du Nord ne cherchent qu’à réinventer le même système capitaliste néolibéral en lui donnant un faciès de régulation, dénoncent-ils.
Au cours de la dernière réunion des 20 plus grandes économies du monde (G20) tenue à Londres au début de ce mois d’avril, les décisions qui en ont été dégagées sont toutes orientées vers le renforcement de la libéralisation du commerce mondial et du rôle des institutions de financement international pilier du système, ainsi que vers une plus grande circulation des capitaux, soutiennent des leaders latino-américains.
La velléité de lutter contre les paradis fiscaux et contre les hauts salaires perçus par les dirigeants des grandes entreprises ne s’est pas accompagnée de mesures concrètes, font-ils remarquer, tout en soulignant que les banques dans les pays riches continuent à être renflouées.
Par ailleurs, les trois plus grandes économies latino-américaines (le Brésil, le Mexique et l’Argentine) ne cessent de demander une plus grande participation aux prises de décisions sur le système financier mondial.
Les gouvernements latino-américains à tendance de gauche, dont Cuba, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua et l`Équateur, réclament le changement du modèle économique actuel. Certains d’entre eux recherchent même des alternatives à travers l’ALBA, le PétroCaribe, la Banque du Sud...
Parallèlement, les peuples latino-américains appuient de plus en plus les leaders de gauche ainsi que leurs initiatives. Après la victoire de Hugo Chávez (Venezuela), de Evo Morales (Bolivie) et de Rafael Correa (Équateur) qui ont pu les trois doter leur pays de nouvelles constitutions par référendum et le leader de gauche Mauricio Funes du Front Faraboundo Martí de Libération National (FLMN) vient de gagner les élections présidentielles au Salvador. [wel gp apr 16/04/09 12 :00]