Spécial L’atmosphère d’agitation persiste en plusieurs points du pays, notamment aux Gonaives (Centre-ouest) et à Port-au-Prince (Ouest). Elle est encore une fois marquée par l’intolérance.
UPDATE D’UNE SITUATION SOCIO-POLITIQUE AGITEE
Après une pause de deux jours, la population des Gonaives a encore manifesté en fin d’après-midi du 23 octobre pour réclamer le départ du président Jean-Bertrand Aristide et exiger justice en faveur de Amiot Métayer, chef de l’ancienne « Armée Cannibale », assassiné à la fin du mois de septembre.
La visite la veille dans cette ville d’une délégation ministérielle, promettant de ramener l’ordre et la sécurité aux Gonaives, n’a visiblement pas eu d’effet immédiat. Cette délégation était composée des ministres de l’Education Nationale, Marie Carmel Paul Austin, de l’intérieur, Jocelerme Privert, de l’agriculture, Sébastien Hilaire et des Travaux Publics, Harry Clinton.
Cette visite est intervenue suite à environ un mois d’agitation d’agitations antigouvernementales aux Gonaives. Ces manifestations ont, à plusieurs reprises, été brutalement dispersées par la police et fait plusieurs morts, dont le plus récent remonte à des incidents le 20 octobre où le jeune Edner Morancy a été tué par la police.
Au lendemain de cet acte, la Mission Spéciale de l ’Organisation des Etats Américains (OEA) a estimé que la police n’a pas fait usage d’une force proportionnelle à la gravité de la situation. L’OEA a exprimé ses préoccupations face à l’implication dans les actes de violence et de répression aux Gonaives, « de personnes apparemment tolérées par les autorités ou agissant aux côtés ou sous le couvert de celles-ci, mais n’appartenant pas à la PNH ».
Dans ce même communiqué, précédent la tenue d’une manifestation projetée à Port-au-Prince par des franges de l’opposition, la Mission a souhaité que les évènements se déroulent dans le calme et le respect de la dignité. Mais cela n’a pas été le cas. Des groupes de partisans du gouvernement ont étouffé dans l’oeuf cette manifestation.
Les militants des partis et associations de l’opposition ont été contraints par les membres de groupes proches du pouvoir de rester cloîtrer au local du Parti National Démocratique et Progressiste Haïtien (PNDPH) d’où devait partir la marche. De très tôt, la présence des militants pro-lavalas a été remarquée dans les parages et les rues ont été barricadées de pneus enflammés.
« Les militants pro-lavalas ont attaqué le bureau du PNDPH et des membres d’associations et partis qui ont lancé cette manifestation antigouvernementale », a déclaré Turneb Delpé, Secrétaire Général du PNDPH. Cette situation, a ajouté Delpé, s’est produite « sous les yeux de la police ». Il a condamné "énergiquement cet acte sauvage".
Sur l’intervention de l’ambassade des Etats-Unis et de l’OEA les militants de l’opposition ont pu évacuer le local du PNDPH, mais ils ont été poursuivis par des partisans du pouvoir.
Les militants lavalas ont également menacé le local de la coalition d’opposition Convergence Démocratique. La Police Nationale d’Haïti est intervenue pour les maintenir à distance.
Près du bureau de la Convention Unité Démocratique (KID), des militants de l’opposition ont tenté de bloquer une rue et ont brisé à coup de pierres les vitres d’un véhicule de la compagnie mixte de transport « Service Plus ». La police est rapidement intervenue pour calmer la tension.
Au bas de la ville, les groupes pro-lavalas ont attaqué le local de la Faculté d’Ethnologie où des étudiants criaient des propos hostiles au gouvernement. Plusieurs vitres de l’édifice ont été cassées par des jets de pierres. (24 heures plus tard, des hommes armés ont violé l’enceinte du rectorat en poursuivant 2 jeunes, accusés d’être anti-lavalas.)
René Civil, chef du groupe pro-lavalas Jeunesse Pouvoir Populaire (JPP) a applaudi au comportement de ses paires. « Le peuple a été invité à manifester ; il a été présent, mais les dirigeants se sont cachés », a-t-il ironisé.
La manifestation anti-gouvernementale du 22 octobre a été convoquée par des associations et partis favorables à une résolution adoptée par des secteurs d’opposition le 15 décembre 2002 exigeant la démission du président lavalas Jean Bertrand Aristide.
Un symposium organisé au Cap-Haïtien depuis le 23 octobre par le Front de l’opposition dans le Nord, se déroule sans incident. Les militants de ces partis et associations planchent sur la nécessité de sortir formellement de tout processus de négociation avec le pouvoir lavalas.