Español English French Kwéyol

Haïti : Entre la nationalité unique et la double nationalité

P-au-P, 3 avril 09 [AlterPresse] --- Des citoyens haïtiens consultés par le Groupe d’appui aux rapatriés (GARR) et réfugiés à travers le pays autour des questions liées à la nationalité haïtienne se positionnent pour une reconnaissance légale de la double nationalité.

Le rapport de restitution des consultations organisées par le GARR autour du thème "Migration, nationalité et citoyenneté" dans des régions fortement touchées par la migration dans cinq départements du pays a récemment été rendu public.

Les citoyens qui y ont participé, pour la plupart des notables et leaders locaux dont des maires, juges de paix, des rapatriés, représentants religieux et de la société civile avec la participation active des femmes, s’accordent sur l’idée d’un amendement de la constitution haïtienne afin de permettre la double nationalité.

Cette dernière n’est actuellement admise en aucun cas selon la constitution de 1987. On ne peut donc pas opter pour une autre nationalité tout en gardant la nationalité haïtienne, ce qui a des implications sur les droits et devoirs de nombreux migrants et sur l’exercice de leur citoyenneté haïtienne.

"Haïti devrait autoriser ou reconnaître la double ou la multi-nationalité, vu le nombre de ses migrants/migrantes et leurs descendants à l’étranger", ont préconisé les participants aux consultations, se positionnant contre le fait que les migrants haïtiens soient considérés comme des traîtres.

Selon une estimation du Congrès mondial haïtien (C.M.H.), plus de trois millions d’Haïtiens vivent à l’étranger. Pour la plupart, ils conservent la nationalité haïtienne. « Mais d’autres, écrit le Garr, tout en gardant des liens sociaux et économiques avec leurs familles restées en Haïti, acquièrent, pour des raisons politiques ou économiques, la nationalité du pays d’accueil, sans renoncer à la nationalité haïtienne ». Le Garr précise que si la nationalité haïtienne est constitutionnellement incompatible avec toute autre, il n’existe concrètement pas de lieu où exprimer son renoncement à cette nationalité.

Selon les avis émis lors des consultations, la reconnaissance de la double ou multi-nationalité apportera beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients à la fois à Haïti et au binational haïtien. « Haïti connaît actuellement une carence en ressources humaines. Et plus de 80% de nos cadres - dont la plupart jouissent d’une nationalité étrangère - vivent à l’extérieur. L’on ne peut envisager le développement de l’Haïti de demain sans l’intégration et la participation de tous ses fils et toutes ses filles », éclaire le rapport. [mm gp apr 03/04/2009 09 :00]