De notre envoyé spécial
Washington, 02 avril 09 [AlterPresse] --- Le Venezuela porte l’entière responsabilité du flux de drogue qui traverse les Amériques, y compris la République Dominicaine, Haïti et les pays de l’Amérique centrale, pour atteindre la côte Est des États-Unis d’Amérique et finalement l’Europe, considère la nouvelle administration étasunienne du président Barack
Obama.
“Le Venezuela ne travaille avec aucun des pays voisins pour intercepter le flux de drogue qui transite dans l’hémisphère en direction de l’Europe. C’est une partie du problème”, affirme Thomas A. Shannon, assistant secrétaire américain au Bureau des affaires de l’hémisphère Ouest dans le département d’Etat (ministère nord-américain des affaires étrangères), lors d’une entrevue accordée, dans l’après-midi du 2 avril 2009, à une dizaine de journalistes des Caraïbes et d’Amérique centrale, dont de l’agence en ligne AlterPresse. [1]
90 % de la drogue, qui sort de l’Amérique centrale, entre par la frontière Nord des États-Unis d’Amérique avec le Mexique. Une autre partie part du Venezuela pour arriver à la côte Est des Etats-Unis, transitant par la République Dominicaine et Haïti, souligne le fonctionnaire étasunien.
Pour Shannon, le Venezuela, par où transborderait la cocaïne, constitue un tremplin important. A ce titre, son administration devrait assumer une plus grande responsabilité dans un processus d’interdiction, voire de blocage du passage des flux de drogue.
“Je ne dis pas que ce pays est un narcoEtat, puisqu’il ne produit pas de la drogue. Nous voyons cependant une extension du problème de la drogue dans la région, où les pays se convertissent en consommateurs", ajoute l’assistant secrétaire d’Etat américain au département d’Etat.
Au Mexique, durant longtemps, les cartels se sont concentrés principalement dans la logistique de commercialisation à partir de la Colombie vers les Etats-Unis d’Amérique.
Constatant la possibilité de gagner beaucoup d’argent, les cartels de drogue au Mexique ont commencé par vendre la drogue dans ce pays, à consentir des négoces avec des détaillants et à affronter les autorités locales mexicaines, afin d’écouler les flux en soudoyant des passeurs.
Les Etats-Unis d’Amérique sont en train de prendre des dispositions pour combattre le trafic de la drogue sur son territoire vers le Mexique. Un véhicule, soupçonné de transporter de la drogue, a terminé sa course dans un lac, et sa cargaison a atteint le Mexique, suivant les images diffusées dans la soirée du 1er avril sur la chaine Univision de Washington.
Thomas Shannon préconise davantage de ressources économiques à dégager pour une lutte commune, à partager par les pays des Amériques, contre le narcotrafic. A ses yeux, les quartiers de Caracas et d’autres villes sont plus violents que ceux de Mexico.
Un plan anti-drogue, dénommé Merida, pour lequel les Etats-Unis ont déboursé 165 millions de dollars, concerne 7 pays, regroupant les pays de l’Amérique centrale et le Mexique. Ce dernier, qui a reçu 400 millions de dollars en 2008, bénéficiera de 300 millions en 2009 dans le cadre des actions contre la drogue.
Le congrès américain a approuvé 5 millions de dollars américains pour la République Dominicaine et un montant équivalent pour Haïti, dans le cadre des efforts concertés contre la drogue.
“C’est très peu, sans doute” reconnaît Thomas Shannon.
Mais, dit-il, l’administration politique étasunienne se penche actuellement sur la manière de renforcer l’initiative entreprise avec le Mexique et les pays d’Amérique centrale, dans l’objectif d’avoir des incidences sur les pays des Caraïbes.
Il s’agit là d’une perspective différente du plan de lutte anti-drogue, développé en Colombie, lequel comporte divers aspects, en particulier ceux visant des groupes qui “sont, à nos yeux, des terroristes”, soutient Thomas Shannon. [rc apr 02/04/2009 17:00]
[1] Invités à Washington par le bureau des affaires publiques de l’ambassade américaine, les journalistes présents – qui entreprennent une série d’investigations dans le cadre du prochain sommet des Amériques (Port of Spain, 17 – 19 avril 2009) - font partie des médias suivants : Trinidad Guardian (Trinidad), The Gleaner Company Limited (Jamaïque), La Prensa Grafica (El Salvador), La Nacion (Costa Rica), Radio Cadena Voces (Honduras), La Hora (Guatemala), Listin Diario (République Dominicaine), AlterPresse (Haïti), El Nuevo Diario (Nicaragua).