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Haiti-Suisse : Le CADTM exige la restitution intégrale et sans condition des fonds Duvalier

Exigence aussi d’annulation totale et inconditionnelle de la dette haïtienne

Communiqué de presse du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM)

Repris par AlterPresse le 26 février 2009

Le 12 février dernier, la Suisse a décidé de restituer à Haïti 7,6
millions de francs suisses (5,1 millions d’euros) correspondant aux avoirs
de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier gelés depuis 2002. Cette
décision, qui intervient 23 ans après le déclenchement de la procédure
d’entraide judiciaire entre ces deux Etats, est justifiée par
l’incapacité
des héritiers de Duvalier de prouver que ces avoirs ne sont pas d’origine
criminelle. A l’expiration d’un délai de 30 jours au cours duquel ces
derniers peuvent encore introduire un recours devant le Tribunal pénal
fédéral suisse, ces fonds pourraient alors être affectés à des projets de
développement gérés par des « ONG qui détiennent une certaine expérience
 »
dans ce domaine, a annoncé l’Office fédéral de la justice helvétique.

Mais pour le CADTM, ces fonds doivent être remis intégralement et sans
condition à l’Etat haïtien. En effet, l’affectation de cet argent doit
être décidée exclusivement par Haïti de façon démocratique et
transparente
pour financer des dépenses sociales urgentes dans ce pays classé parmi les
plus pauvres de la planète. Le contrôle public de l’utilisation de ces
fonds, sous forme d’audit associant les mouvements sociaux, est également
nécessaire pour examiner leur destination réelle et le cas échéant
sanctionner les malversations.

Plus largement, les citoyens haïtiens devraient se saisir de l’audit de la
dette pour exiger la récupération de tous les biens mal acquis et refuser
le remboursement de la dette extérieure publique. Les fortunes illicites
amassées par les dirigeants du Sud et les dettes illégitimes léguées à
leurs Etats sont deux injustices intimement liées et perpétrées avec
l’accord des grands créanciers. Ainsi, en 1986, lors du renversement de
Jean-Claude Duvalier qui a trouvé refuge sur la Côte d’Azur française, la
dette extérieure haïtienne s’élevait à 800 millions de dollars alors que
les détournements d’argent public par le clan Duvalier étaient évalués
entre 500 millions et 2 milliards de dollars. On est donc loin du compte
avec les montants en passe d’être restitués par la Suisse…

L’écrasante majorité de la population haïtienne, qui vit dans la
pauvreté,
ne peut plus attendre. Des décisions radicales et justes telles que le
non-paiement de la dette doivent êtres prises pour que leurs droit humains
fondamentaux tels que le droit à l’alimentation ou encore le droit à la
santé soient enfin garantis. Il est également indispensable de rejeter les
solutions imposées par la Banque mondiale et le FMI, pour qui la réduction
de la dette n’est qu’un effet d’annonce destiné à relégitimer des
politiques qui ont échoué en terme de développement humain depuis le début
des années 1980.

Haïti n’est pas un cas isolé. Chaque année, les créanciers du Nord
continuent d’exiger des populations du Sud le remboursement de dette
illégitimes tout en refusant de leur restituer les avoirs illicites placés
dans les banques occidentales et ce, en violation de la Convention des
Nations unies contre la corruption. C’est le cas notamment de la Belgique
et de la France, qui après avoir soutenu financièrement des dictatures
comme celle de Duvalier à Haïti ou de Mobutu au Zaïre, font peser
aujourd’hui sur les populations haïtienne et congolaise la dette
illégitime de leur oppresseur. Soulignons que la fortune de Mobutu est
estimée à 5 milliards de dollars et que les Congolais n’ont toujours rien
récupéré…

Il est grand temps de dénoncer le double langage des créanciers du Nord
comme la Banque mondiale qui, d’un côté, prétendent lutter pour une
restitution des biens mal acquis et, de l’autre, font payer aux
populations les dettes illégitimes de leurs dirigeants kleptocrates. C’est
pourquoi le CADTM exige :

- la restitution intégrale et inconditionnelle par le gouvernement suisse
des fonds détournés par Duvalier au peuple haïtien sous leur contrôle
démocratique pour financer des dépenses urgentes telle que la réforme
agraire
- l’annulation totale et inconditionnelle de la dette extérieure publique
d’Haïti et l’abandon des politiques imposées par la Banque mondiale et le
FMI
- l’application effective de la Convention des Nations unies contre la
corruption par les Etats pour restituer aux populations du Sud tous les
biens mal acquis
- la mise en place en place d’audits de la dette pour identifier les
responsables de détournements d’argent public et fonder la nullité de
toutes les dettes illégitimes du tiers-monde.

Suisse, 25 février 2009

Contacts :
Damien Millet, porte-parole du CADTM France, france@cadtm.org , 00 33 6 60
54 27 13
Juan Tortosa, porte-parole du CADTM Suisse, suisse@cadtm.org , 00 41 22
733 40 83
Renaud Vivien, juriste au CADTM Belgique, renaud@cadtm.org, 00 32 497 04
79 99