Communiqué de plusieurs organisations haitiennes
Soumis à AlterPresse 13 février 2009
L’Office Fédéral de la Justice(OFJ) de la Suisse, a rendu publique, en date du 12 février 2009, une décision en faveur d’Haiti au sujet d’un reliquat de la fortune des Duvalier qui existe encore dans les banques suisses.
Par cette décision, la Suisse s’engage à retourner ces fonds à l’Etat haitien pour qu’ils servent à des projets humanitaires et sociaux, financés en toute transparence, en vue d’améliorer les conditions de vie du peuple haitien.
Cette mesure de justice est l’aboutissement de longues démarches qui ont commencé en 1986, en passant par des reculs successifs dans cette période de vingt ans, de longues négociations entre les deux gouvernements, et finalement une campagne documentée et persistante d’un groupe d’ONG suisses alliées à plusieurs organisations nationales haitiennes. Il s’agit là d’un acte important qui a un caractère exemplaire dans le contexte international actuel. C’est un signal clair lancé aux dictateurs et leurs acolytes pour qu’ils sachent qu’ils ne sont plus en sécurité, nulle part dans le monde, étant la cible de juridictions internationales capables de prendre des sanctions, surtout après la ratification de la Convention Internationale contre la Corruption.
Nous remercions le gouvernement suisse de cet acte de justice tant attendu. Nous remercions aussi la Coalition des Organisations suisses qui ont mené ce combat pour obtenir cette restitution, notamment Action de Carême, Action Place Financière Suisse, Déclaration de Berne, Pain pour le Prochain, Plateforme Haiti de Suisse, Transparency International Suisse et TRIAL.
Nous, organisations haitiennes soussignées, demandons au gouvernement haitien d’assurer le suivi de cette décision et de garantir que la réalisation des projets qui seraient financés soit faite, comme le demande le gouvernement suisse, dans une totale transparence.
Rappelons que les sommes d’argent détournés par leurs dirigeants dans des pays appauvris comme Haiti, représentent plus de dix fois les quelques huit milliards d’aide fournis chaque année par les gouvernements et associations de la société civile de par le monde. En agissant ainsi, ces officiels délinquants privent leur Etat de ressources importantes qu’ils auraient dû investir dans des services sociaux de base en vue de garantir le droit à l’alimentation, à la santé et à l’éducation de leurs enfants.
Nous espérons que la décision de la Suisse servira d’exemple et de mise en garde à tout gouvernement et ses acolytes qui pensent pouvoir continuer à piller, voler et tuer en toute impunité.
Port-au-Prince, le 12 février 2009
Les organisations signataires :
Colette Lespinasse, Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés(GARR)
Marilyn Allien, Fondation Héritage
Père Jean Hanssens, Justice et Paix
Jean Claude Bajeux, Centre Oecuménique des Droits Humains