P-au-P, 6 févr. 09 [AlterPresse] --- Seize candidats du parti Fanmi Lavalas se trouvent sur une liste de 40 postulants aux sénatoriales du 19 avril 2009 qui ont été écartés de la course par le Conseil électoral provisoire (Cep), suivant les informations transmises par l’organisme électoral à l’agence en ligne AlterPresse.
Dans la nuit du 5 au 6 février courant, le Cep a publié ce qu’on appelle dans le pays « le carnet de résultats », c’est-à-dire une liste de 65 candidats habilités à mener campagne dans le cadre de ces compétitions visant à élire 12 sénateurs, dont 10 pour renouveler un tiers du Sénat et 2 autres pour remplacer les sénateurs Noël Emmanuel Limage (décédé, Artibonite/Nord) et Rudolph Henry Boulos (écarté pour double nationalité, Nord-Est).
Pour ces élections, le parti de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide – divisé en deux branches – s’était présenté avec 16 candidats en vue de pourvoir aux 12 sièges disponibles au Sénat.
Après étude des dossiers, aucun des candidats Lavalas n’a été agréé pour participer à ces joutes.
24 autres personnalités, inscrites à ces élections, ont également été mises à l’écart. Ce qui porte à 40 le nombre de candidatures rejetées pour les sénatoriales du 19 avril 2009.
La décision du Cep est basée sur les principes légaux régissant la matière, à savoir la Constitution du 29 mars 1987 et la loi électorale en vigueur, affirme le président de l’institution électorale, l’ingénieur Frantz-Gérard Verret, qui intervenait le 6 fevier 2009 sur les ondes d’une station privée de Port-au-Prince.
Frantz-Gérard Verret dit avoir fait un travail technique, non émotionnel.
Elu sous la bannière de Fanmi Lavalas en 2006, le Sénateur Yvon Buissereth (Sud) estime que, sans ce parti, « la majorité de la population ne va pas aux élections ».
« Je crois que le Cep est assez intelligent pour ne pas écarter ce parti politique qui est majoritaire dans le pays. Il faut que le Cep se penche sur ce dossier pour rectifier le tir », indique Yvon Buissereth, interrogé par AlterPresse au siège du Cep, à Delmas.
Le Sénateur Rudy Hériveaux, responsable avec la docteure Maryse Narcisse de l’une des deux branches rivales de Fanmi Lavalas, critique la décision du Conseil électoral d’écarter le parti de Jean-Bertrand Aristide des prochaines sénatoriales.
Il s’agit, selon le parlementaire, du début d’une chronique de mise à l’écart de la Fanmi Lavalas. Rudy Hériveaux, qui dit mettre en avant l’arme de la dialectique pour mener
ses combats politiques, appelle les partisans Lavalas à garder leur calme.
Pour sa part, la docteure Maryse Narcisse considère la décision du Cep comme ce qu’elle appelle « les mêmes manœuvres qui se sont produites en 2004 » pour renverser Jean-Bertrand Aristide du pouvoir.
Bell Angelot, ancien directeur général du ministère de l’intérieur, qui s’était lui aussi porté candidat sous la bannière de l’autre branche de Fanmi Lavalas, nést pas non plus agréé pour les porchaines sénatoriales d’avril 2009.
Actuellement, le secteur Lavalas est représenté au Sénat par les sénateurs Rudy Hériveaux (Ouest) et Yvon Buissereth (Sud).
La candidature de 24 autres personnalités, pour la plupart controversées, a été rejetée.
L’ancien commissaire de police, Guy Philippe (ex-chef de la rébellion anti-Aristide), le PDG de Cœurs Unis Coopératives, David Chéry (impliqué dans la faillite des coopératives d’épargne et de crédit en 2003) sont sur cette liste de 40 personnalités rejetées.
Sur les 9 candidats dénoncés, en début de semaine, par le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), 7 ont été évincés par le Cep, parmi eux Guy Philippe et David Chéry.
Le Rnddh avait recommandé d’éviter de transformer le Sénat en « refuge de bandits » en acceptant la candidature de personnes soupçonnées de « crimes graves ».
Des candidats Lavalas sont également pointés du doigt dans la note du Rnddh transmise au Cep.
« L’Organisation Politique Fanmi Lavalas rappelle au Rnddh qu’en dehors des prescrits de la Loi électorale, les vrais juges seront les électeurs avec leurs bulletins de vote », précise le parti de Jean-Bertrand Aristide dans une note portant la signature de la docteure Maryse Narcisse.
Le rôle des organisations citoyennes, poursuit la note, devrait être de faire l’éducation des électeurs pour qu’ils puissent accomplir cette tâche avec intelligence pour une société plus juste.
Après la publication de la liste des candidats agréés, le Cep doit plancher sur le calendrier permettant à ces aspirants sénateurs de mener campagne.
Depuis le mercredi 4 février 2009, les mesures de sécurité sont renforcées dans les parages du Conseil électoral, à Delmas 38.
Des agents de la Police nationale, des policiers onusiens et des blindés de la Mission de stabilisation des Nations Unies (Minustah), montent la garde aux abords du siège de l’institution électorale. [do rc apr 06/02/2009 12 :15]