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Élimination de la discrimination à l’égard des femmes

Haïti à Genève pour un bilan initial

De notre envoyé spécial

Genève, 25 janv. 09 [AlterPresse] --- Haïti présentera officiellement à Genève, cette semaine, son rapport sur la convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, selon les informations obtenues sur place par l’agence en ligne AlterPresse.

Le texte de la dite convention fait obligation aux États signataires, en son article 18, de dresser un rapport initial, une sorte d’état des lieux, puis de soumettre des rapports périodiques (tous les quatre ans) sur l’application de la convention.

Après avoir accumulé du retard dans l’élaboration de ses rapports, Haïti remet finalement sa « copie ».

Une délégation - composée de représentants de plusieurs entités de l’État et conduite par la ministre à la condition féminine et aux droits de la femme Marie Laurence Jocelyn Lassègue - a fait le déplacement pour Genève, le samedi 24 janvier (2009).

« Cette délégation va avoir maintenant des discussions constructives avec les experts membres du comité de suivi » (au niveau des Nations unies), a confié à l’envoyé spécial d’AlterPresse un membre de la délégation, Adeline Magloire Chancy.

Une fois ce tout premier rapport présenté, Haïti devra dorénavant rendre compte, tous les quatre ans, des progrès, retards et obstacles enregistrés ainsi que des projets envisagés et mesures prises en regard de la convention.

« C’est ça l’avenir de la question jusqu’à ce qu’on arrive à une société égalitaire, une société plus juste », explique la consultante nationale en la matière.

La convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes embrasse tous les aspects de la vie sociale.

Selon la consultante nationale, le rapport que devra présenter Haïti présente plusieurs aspects positifs liés au fait que la constitution (haïtienne) consacre l’égalité des hommes et des femmes.

Adeline Magloire Chancy relève toutefois l’existence de certains règlements et décrets « qui comportent encore des clauses discriminatoires ». La militante féministe souligne aussi la nécessité de combler un certain vide juridique constaté au niveau de certains domaines de la vie sociale.

L’ancienne ministre à la condition féminine et aux droits de la femme présente, par ailleurs, comme une entreprise de longue haleine celle qui vise à bousculer les stéréotypes à l’égard des femmes.

« On sait que c’est une lutte qui est longue, puisque c’est vraiment intériorisé dans les consciences. Les femmes elles-mêmes l’intériorisent (cette question de la représentation de la femme) », martèle Adeline Magloire Chancy.

Selon la consultante, il y a un gros travail à faire dans les familles, les écoles et dans toutes les sphères de la vie sociale. « Les institutions doivent donner le ton dans ce domaine », estime-t-elle.

La consultante relève un certain décalage entre la situation juridique (favorable à certains égards à une égalité des hommes et des femmes) et la situation de fait. Adeline Magloire Chancy rappelle qu’il y a encore des poches de résistance à ce niveau en Haïti.

Le rapport, que doit présenter Haïti, insiste sur la participation de la femme à la vie publique et à la vie politique.

Adeline Magloire Chancy croit nécessaire la recherche par toutes les parties concernées d’une stratégie d’ensemble en vue d’encourager la participation des femmes aux espaces de décision, étant donné le poids de celles-ci dans la vie sociale, la famille et (dans) l’économie du pays.

Adoptée et ouverte à la signature, à la ratification et à l’adhésion par l’Assemblée générale des Nations unies le 18 décembre 1981, la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes est entrée en vigueur le 3 septembre 1981.

Selon la dite convention, « l’expression discrimination à l’égard des femmes vise toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine ». [vs apr 25/01/09 22:00]