P-au-P, 21 janv. 09 [AlterPresse] --- L’organisation syndicale « Batay Ouvriye » (Lutte ouvrière) demande aux autorités haïtiennes de prendre des dispositions pour déterminer un niveau de salaire minimum, proportionnel au taux d’inflation dans le pays.
Le niveau du salaire minimum, qui continue de susciter des débats au niveau du Parlement et de l’Exécutif., et qui figure au menu législatif pour la session ordinaire en cours, devrait être ajusté chaque fois que l’inflation dépasse les 10 pour cent l’an, préconise « Batay Ouvriye », se référant à l’article 137 du code du travail en vigueur, dans une prise de position transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Depuis un peu plus cinq ans, les gouvernements qui se sont succédé n’ont jamais pu appliquer cette disposition en faveur des ouvrières et ouvriers, déplore l’organisation syndicale .
« Des acquis d’importance ont été réalisés », dans certaines entreprises privées où les syndicats d’ouvriers ont trouvé des compromis avec leurs patrons, note, cependant, « Batay Ouvriye ».
La firme Codevi, propriétaire de la zone franche de Ouanaminthe, ville frontalière avec Dajabon (République Dominicaine), et le syndicat des ouvrières et ouvriers Sokowa, ont finalement signé un contrat de travail collectif.
« Le fait d’avoir un contrat de travail collectif est d’une grande importance… pour signifier, de manière concrète, l’unité des ouvriers d’une entreprise », se réjouit « Batay Ouvriye » dans cette note acheminée à AlterPresse.
Il convient de « faire savoir au public qu’aucun des patrons haïtiens n’accepte d’obtempérer à la loi qui prévoit les conditions pour avoir accès au contrat de travail collectif, quand bien même les ouvriers les auraient toutes remplies, comme nous pouvons facilement le décrire dans bien des cas qui se sont présentés durant nos luttes sur cet aspect ».
Dans le Nord, les ouvriers des entreprises Marnier Lapostole ont réussi à gagner chacun 380 gourdes par jour (il faut aujourd’hui plus de 40.00 gourdes pour un dollar américain), suite aux négociations annuelles d’ajustement de salaire engagées avec une délégation de la direction venue de France. Ces ouvriers percevaient, il y a un an de cela, 345 gourdes par jour.
« Batay Ouvriye » parle également de la compagnie américaine « Knights Apparel, Inc. », une entreprise de fabrication des maillots (T-shirts) qui se propose de s’installer sous peu dans la zone franche de Ouanaminthe.
La « Knights Apparel, Inc. » s’est engagée, en 2008, à payer, aux ouvrières et ouvriers qui seront à son service, la somme de 337.12 dollars américains par mois, équivalent à un salaire journalier d’environ 560.00 gourdes au moins, selon « Batay Ouvriye » qui ne précise pas quand cette compagnie compte s’y implanter.
De plus, poursuit l’organisation syndicale, la compagnie promet de financer toute construction nécessaire à la vie hors travail à l’intérieur de la zone franche (cafétéria, garderie, dispensaire…).
Tous ces acquis, de 2008, devraient servir d’exemple aux acteurs haïtiens concernés par la fixation du salaire minimum, selon « Batay Ouvriye » qui estime trop long, chez les autorités haïtiennes, le débat sur le niveau du salaire minimum (qui est à 70.00 gourdes depuis plusieurs années).
L’organisation syndicale rappelle avoir publié une note en mars 2008, dans laquelle elle considérait « inacceptable et, de plus, illégal » un niveau de « salaire minimum à 150.00 gourdes ».
Le relèvement du salaire minimum est encore agité au Parlement, où il doit être l’objet d’une décision au cours de l’actuelle session ordinaire ouverte le lundi 12 janvier 2009.
La possibilité de porter le salaire journalier à 200 gourdes n’est pas écartée. [do rc apr 21/01/2009 13 :30]