P-au-P., 19 janv. 09 [AlterPresse] --- La gouverneure générale du Canada a exhorté les haïtiens à « rompre une fois pour toutes avec le chacun pour soi et avec le chacun pour son clan ».
Selon Michaëlle Jean, qui s’exprimait lors d’une réception organisée en son honneur, à la résidence de l’ambassadeur du Canada, à Péguy Ville (banlieue est de P-au-P), un tel comportant n’a servi qu’à « perpétuer indument les divisions insensées et parfois assassines ». Il n’a aussi contribué, poursuit-elle, qu’à accentuer des inégalités profondes dont se nourrissent abondamment l’injustice et l’exclusion.
La gouverneure générale a appelé tout un chacun à prioriser « le bien de l’ensemble, le bien commun », et faire montre en tout temps de sens du devoir et de responsabilité.
« Je maintiens que c’est à cette seule condition que Haïti parviendra à rallumer tant de regards éteints, à redresser tant de corps voutés (tout cela par le poids de la misère) et emplir aussi des ventres creux. Cela est possible », a fait savoir Michaëlle Jean.
Michaëlle Jean a appelé au décloisonnement des régions en vue de la création, sans entrave, de réseaux de collaboration et de chaînes d’entraide.
« Oui un compromis. Oui un grand pacte. Il faut appuyer la société civile pour que les passerelles de solidarité se multiplient et promeuvent aussi l’engagement citoyen. Le pays a besoin de ce vaste pacte de solidarité. Il faut penser à l’intérêt supérieur et collectif d’Haïti », martèle la gouverneure générale.
Michaëlle Jean a en fait complété le propos de la Première ministre d’Haïti. Michèle Duvivier Pierre-Louis venait d’appeler à un compromis susceptible de « nous projeter dans l’avenir comme un peuple grand ».
« Je crois que, à ce tournant de son histoire, il est extrêmement important que le pays vive, consente, accepte ce compromis, et que nous puissions donner au monde, à l’international qui nous regarde et nous observe également, le sens de notre grandeur, de notre histoire, de notre identité », a souligné la cheffe du gouvernement.
Michaëlle Jean et Michèle Duvivier Pierre-Louis se retrouvent ainsi sur la même longueur d’ondes à propos de la nécessité du compromis. Sur la même longueur d’ondes peut-être aussi avec le président René Préval qui avait appelé, dans son discours du nouvel an, à un dialogue national devant garantir entre autres la stabilité.
Mais à la différence du Chef de l’État qui invoque souvent le bilan des cinquante dernières années, la gouverneure générale répète que le bilan est connu et qu’il convient plutôt aujourd’hui d’agir.
« Les bilans sont faits, nous savons, nous avons mesuré pendant des décennies, nous l’avons fait assidûment, nous avons mesuré l’ampleur des besoins. Je crois que plus vaste encore doit être notre volonté d’y répondre », a lancé la gouverneure générale du Canada. [vs apr 19/01/00:50]