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Valcin II : "l’étoile de la nouvelle saison des semailles"

Avec la collaboration de Yolette Hazel, peintre et critique d’art

P-au-P., 6 mars. 02 [AlterPresse] --- L’un des peintres haïtiens les plus connus, Valcin II entre dans sa 37ème année de carrière. L’oeuvre de Valcin II est multiple et dense. Il a produit des centaines de tableaux en cherchant à décrocher le "bonnet de l’arc en ciel", selon le mot du metteur en scène Rassoul Labuchin, actuellement maire de Port-au-Prince.

A l’occasion de son 55ème anniversaire ce 6 mars, Valcin II a retracé à AlterPresse son parcours jalonné de défis et de succès :

Né à Jérémie, au Sud-Ouest d’Haïti, Valcin II, de son vrai nom Favrange Valcin, est fils du peintre naïf Pierre Joseph Valcin. Il débute très jeune dans l’ambiance familiale : son oncle , l’artiste Gérard Valcin figure dans de nombreux ouvrages d’art, consacrés a la peinture primitive haitienne.

C’est en 1965 qu’il expose pour la première fois au salon ESSO des jeunes artistes, organisé par l’Institut Haitiano Américain. Après ses débuts à succès en Haïti, Valcin II part aux Etats-Unis ou il approfondit l’étude des couleurs au Brooklyn Museum Art School de New York. Il expose dans plusieurs villes des Etats-Unis.

En 1972, Valcin II rentre à Port-au-Prince et organise au kiosque Occide Jeanty, une exposition en plein air a laquelle participent, entre autres, Emmanuel Pierre Charles, Ludovic Booz, Wilfrid Louis, Rosemarie Desruisseau. Avec son exposition à l’Institut Français d’Haïti en 1977, il obtient la consécration du public et la critique est unanime a reconnaître l’affirmation de son talent.

Valcin II campe le panorama social de ces dernières années avec une technique sure et un message percutant. Son langage direct, reflète la précision, la concision et lui permettent "d’aller droit au but", tel que le remarquait le professeur d’Histoire de l’art, Michel Philippe Lerebours.

Parmi les tableaux les plus marquants de la carrière de Valcin II, on note : "Le bidonville", "Le rouleau compresseur", "La fuite", "L’exode", "Qu’a t on fait de l’empereur ?", "Coumbites", "L’histoire du tiers monde", "La zafra" et "La rencontre des trois mondes".

A la fin des années 70, "la démarche engagée de Valcin II avait occasionné de nombreux et passionnés dialogues qui remettaient beaucoup de choses en question et qui concernent le peuple haitien" avait noté la critique Chantal Grim.

"L’artiste se veut être l’écho de son temps en traduisant dans ses tableaux la situation sociale de son peuple", considérait pour sa part le journaliste Webert Lahens. Alors, avait-il poursuivi, "la peinture descend dans les rues, s’insinue dans les usines, hante les quartiers ouvriers, assiste aux batailles, prend part à la mêlée sociale, monte à l’assaut de l’avenir. " [ya/gp apr 06/03/02 16:00]