P-au-P, 13 janv. 09 [AlterPresse] --- Une nouvelle affaire de drogue, mettant en cause la famille d’un narcotrafiquant incarcéré depuis 2008 aux Etats-Unis d’Amérique après son arrestation sur le territoire d’Haïti, jette le discrédit, depuis novembre 2008, sur le système judiciaire, dont la police nationale départementale, dans le Nord-Ouest du pays, selon les informations parvenues à l’agence en ligne AlterPresse.
La nouvelle affaire de drogue du Nord-Ouest concernerait le « détournement » de plusieurs millions de dollars américains récupérés par l’appareil judiciaire dans un coffre-fort chez les parents du narcotrafiquant.
D’accusations en contre accusations, d’enquêtes en contre-enquêtes, d’interrogations en suspicions, de vérités en contre-vérités, dans le cadre de ce dossier, sept membres de l’appareil judiciaire de Port-de-Paix (Nord-Ouest) ont été arrêtés, le 9 janvier 2009, par des agents du Blts et du service américain anti-drogue (Drug enforcement Agency / DEA).
D’autres ont déjà été mis en disponibilité par les autorités compétentes depuis la fin de l’année 2008.
Entre-temps, un commissaire de police, Jean Raymond Philippe, du département géographique du Nord-Ouest, interpellé le 11 janvier 2009 par des agents du Bureau de lutte contre le trafic des stupéfiants (Blts), est décédé le lendemain 12 janvier dans un hôpital de la capitale haïtienne.
Le commissaire de police s’est éteint dans des conditions non encore élucidées.
Le ministère de la justice a déjà passé des instructions en vue de faire l’autopsie du cadavre du policier décédé.
Assistant du directeur départemental de la Police du Nord-Ouest, Jean Raymond Philippe a été emmené en avion à Port-au-Prince pour être auditionné dans le cadre de l’enquête autour d’un scandale de pillage des fonds appartenant à un narcotrafiquant détenu aux Etats-Unis d’Amérique.
Les fonds, estimés à plusieurs millions de dollars américains, ont été saisis par les autorités policières et judiciaires de Port-au-Prince lors d’une perquisition, le 12 novembre 2008, dans la localité de Lavaud (Port-de-Pauix, Nord-Ouest), chez Marc Frédéric, oncle du narcotrafiquant Alain Désir incarcéré aux Etats-Unis d’Amérique.
Les autorités, qui participaient à cette opération, n’auraient pas déclaré la totalité des fonds trouvés.
« Au lieu de deux millions (2,000,000.00), c’est plutôt trente-deux millions de dollars américains (32,000,000.00) qui avaient été trouvés chez l’oncle du trafiquant de drogue Alain Désir lors de la perquisition policière », a déclaré le 18 décembre 2008, Ronel Gelin, doyen du tribunal civil de Port-de-Paix.
Cette perquisition, selon un rapport du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), s’est transformée en une véritable opération de pillage.
Des objets de valeur ainsi qu’une forte somme d’argent, dont le montant exact ne peut toujours pas être estimé, ont été emportés par toute autorité judiciaire et policière ayant pris part à cette opération, à l’exception du représentant de la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah), souligne le rapport du Rnddh.
Par la suite, poursuit Rnddh, les pillards se sont entendus pour déclarer aux autorités la somme de cinq cent dix mille (510,000.00) dollars américains.
Au Commissariat et au Parquet de Port-de-Paix (chef-lieu du département géographique du Nord-Ouest), une distribution en règle a été réalisée les 12 et 14 novembre 2008, signale le Rnddh qui précise que plusieurs personnes avaient reçu leur part du gâteau.
Pour le Rnddh, « la mise en disponibilité de certains membres de l’appareil judiciaire de Port-de-Paix ne peut constituer une solution aux graves défis qu’il y a lieu de relever dans cette juridiction ».
L’idée que des fonctionnaires de l’Etat se transforment en de vulgaires pillards et en des voleurs à cravate est, selon le Rnddh, totalement inacceptable et doit être sanctionnée avec la dernière rigueur. [do rc apr 13/01/2009 13 :20]
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