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Société haïtienne, fermée à l’émancipation de la femme rurale

P-au-P., 15 oct. 03, [AlterPresse] --- La situation des femmes en milieu rural d’Haïti est particulièrement difficile, alors que leur apport dans l’économie nationale est fondamental, a déclaré à AlterPresse le Coordonnateur exécutif de l’Association des Paysans de Value (APV), Yvon Faustin, à l’occasion du 15 octobre, journée internationale des femmes rurales.

Le Coordonnateur de l’APV, association basée dans la 12ème section de la commune de Petit-Goave (Ouest), a fait savoir que le milieu rural haïtien a toujours été négligé par les autorités. Pourtant, l’économie haïtienne est essentiellement agricole, a-t-il fait remarquer. « Dans les milieux ruraux, les femmes travaillent dans les jardins et ce sont elles qui transportent au marché les produits des récoltes », a-t-il souligné.

Selon des données officielles, 49 % de la population active haïtienne sont des femmes qui entreprennent des activités agricoles. Elles sont chefs de famille dans 26% des cas de familles mono parentales en milieu rural.

La société haïtienne ne se montre pas encore prête à accepter l’émancipation des femmes. Toutefois, la lutte menée par les femmes, a indiqué Yvon Faustin, a permis leur participation à divers niveaux de la vie socio-politique. « Dans les milieux ruraux, à Value en particulier, les femmes sont membres d’organisations et participent aux élections », a-t-il poursuivi.

L’analphabétisme et la situation économique du pays, selon le coordonnateur de l’APV, sont les principaux problèmes des femmes rurales. Il a rappelé qu’autrefois, dans les familles haïtiennes la tendance a toujours été d’envoyer les garçons à l’école alors que les filles restaient à la maison pour s’occuper des travaux domestiques.

L’organisation Solidarité des Femmes Haïtiennes (SOFA), dont les membres sont en majorité des femmes rurales, croit que la pauvreté est en adéquation avec la fragilisation des femmes. La SOFA entreprend des activités de plaidoyer visant à interpeller les responsables de l’Etat sur leur obligations envers la société, notamment les femmes qui sont les plus touchées par la pauvreté, a déclaré Carole Pierre-Paul Jacob, responsable du bureau executif de la SOFA. « Nous avons un état complètement démissionnaire, les services à la population n’existent pas, ce qui entraîne la féminisation de la pauvreté », a-t-elle souligné.

La journée de la femme rurale a été adopté au cours de la Conférence des Nations Unies sur les femmes, à Beijing, en Septembre 1995. Cette initiative a été lancée par trois organisations non gouvernementales internationales : la Fondation Sommet Mondial des Femmes (FSMF), la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles (FIPA) et l’Association mondiale des femmes rurales (ACWW). [rv gp apr 15/10/2003 14:20]