P-au-P., 09 janv. 09 [AlterPresse] --- L’un des temps forts de l’année 2008, en Haïti, aura été les violentes émeutes contre la cherté de la vie au début du mois d’avril, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Elles se sont soldées par plusieurs morts, des dizaines de blessés et des pertes matérielles considérables.
Le 8 avril, des manifestants chauffés à blanc ont même tenté à plusieurs reprises de renverser la barrière principale du Palais présidentiel, à l’aide de grosses poubelles métalliques.
Le chef de l’État, René Garcia Préval, a alors, tardivement il est vrai, ordonné à la Police nationale de rétablir l’ordre dans le pays et annoncé un train de mesures exceptionnelles destinées à alléger les souffrances de la population.
La mesure phare concerne une baisse prochaine du prix du riz sur le marché haïtien. Cette réduction, qui s’est faite à contre-courant du renchérissement observé sur le marché international, est le résultat d’un compromis entre le gouvernement et les principaux importateurs de riz.
En outre, le président a annoncé des dispositions visant à permettre avant peu aux paysans de se procurer des semences à bas prix.
Cette disposition devait amener, selon René Préval, une augmentation de la production agricole nationale et rendre le pays moins vulnérable aux aléas du marché international.
Ce discours tant attendu du chef de l’État a laissé de nombreux parlementaires sur leur soif. Et pour cause, seize sénateurs sur vingt-sept ont sommé le Premier ministre d’alors Jacques Édouard Alexis de démissionner dans les soixante-douze heures.
La séance d’interpellation du 12 avril, au Grand corps, a débouché sur un vote de censure contre le gouvernement.
La crise gouvernementale consécutive au renvoi de Jacques Édouard Alexis a duré cinq mois. Deux candidats au poste de Premier ministre, Éricq Pierre et Robert Manuel, buteront sur un refus du Parlement les 12 mai et 12 juin respectivement.
Après ces échecs successifs, le chef de l’État a jeté son dévolu le 23 juin sur la directrice de la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL). Michèle Duvivier Pierre-Louis a reçu l’aval de la Chambre Basse et du Sénat pour sa déclaration de politique générale les 29 août et 5 septembre respectivement, au terme d’un processus ponctué par de nombreuses tractations et allégations sur sa vie intime.
« Mon sens moral et éthique a toujours été reconnu par tous », a lancé la Première ministre ratifiée en réaction à ces rumeurs.
Le gouvernement de Michèle Pierre-Louis a annoncé un programme axé sur la production nationale, les infrastructures et l’énergie, la protection de l’environnement et de la biodiversité, le tourisme et l’éducation.
Le gouvernement a débuté ses fonctions sur fond de catastrophe humanitaire. Quatre tempête et ouragans ont frappé le pays entre la mi-août et le début du mois de septembre, faisant des centaines de morts, ravageant les plantations agricoles et détruisant les infrastructures routières.
Pour y faire face, le gouvernement a décrété l’état d’urgence. Le Parlement l’a approuvé à travers le vote d’une loi qui a permis le déblocage de pas moins de cent quatre-vingt-dix-sept millions de dollars extraits des fonds du programme Petrocaribe.
Pour leur part, les Nations unies ont lancé un appel à l’aide de la communauté internationale. Sur les cent huit millions de dollars visés, l’Organisation n’en a récolté jusqu’à novembre qu’un peu plus de 30%.
Alors que le pays peine à se remettre de ces intempéries, de nouvelles tragédies sont venues endeuiller la population au cours du mois de novembre.
Quatre-vingt-dix personnes dont des élèves et enseignants ont en effet péri dans l’effondrement d’un bâtiment scolaire à Nérette, à Pétion-Ville, le 7 novembre.
L’écroulement d’un autre édifice scolaire, au Canapé-Vert, cinq jours après, allait se solder par une dizaine de blessés.
Ces drames en série ont suscité une certaine psychose parmi la population, notamment dans les milieux scolaires.
Face à ces tragédies (à répétition), le gouvernement a promis d’accorder dorénavant une attention particulière aux structures de génie civil des établissements scolaires.
Le déchaînement des éléments a contribué à aggraver une situation socio-économique déjà précaire, marquée notamment par le renchérissement, tout au long de l’année (2008), des prix des produits pétroliers, avec ses effets d’entraînement.
À partir de la mi-novembre, des baisses successives sont enregistrées au niveau du prix de l’essence. Si celles-ci ont influé sur les tarifs des transports en commun, elles ont toutefois demeuré sans effet sur les autres produits de base.
Le 12 décembre, des milliers de personnes, dont des paysans, ont défilé à Port-au-Prince, à l’initiative notamment de diverses organisations paysannes, autour des préoccupations de l’heure.
Les manifestants ont réclamé des mesures destinées à la reconquête de la souveraineté alimentaire et à la reconstruction de l’environnement. Ils ont dénoncé le projet du gouvernement de recourir aux agrocarburants.
Une autre marche pacifique - ayant constitué une grande première - c’est celle organisée contre le kidnapping par le regroupement LUNAK (Lutte nationale contre le kidnapping), à Port-au-Prince, le 4 juin. Elle a rassemblé des milliers de personnes.
Le Parlement votera en novembre un projet de loi contre le kidnapping, proposé par ce regroupement d’organisations de la société civile (LUNAK).
Par rapport à 2007, le taux de criminalité est jugé stable et plus faible en 2008, par la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (MINUSTAH.
De concert avec la Police haïtienne, la Mission ONUsienne avait lancé le 8 décembre (2008) « Bouclier bleu », une opération destinée à prévenir la criminalité, généralement en hausse pendant les fêtes de fin d’année. [vs apr 09/01/09 18:55]