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Haïti-Santé : Une unité dédiée aux victimes de violences, notamment les femmes

Par Marie Visart

P-au-P., 17 déc. 08 [AlterPresse] --- Dans le cadre de son programme d’appui à la prise en charge des victimes de violence, la branche en Haïti de Médecins du Monde France (Mdm) [1] a procédé, le mardi 16 décembre 2008 au centre privé de santé Bernard Mevs, à l’inauguration d’une unité dédiée à « la relation d’aide » pour les personnes victimes de violence, particulièrement les femmes, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

« Aujourd’hui, le centre Bernard Mevs a intégré le réseau de collecte de données sur la violence faite aux femmes et enfants, pour qu’en 2009 on connaisse les chiffres exacts de ce phénomène en Haïti », déclare Dr Jerry Bitar, directeur médical de cet hôpital privé.

Pour les 6 premiers mois de l’année 2008, un total de 2 033 cas de violences faites aux femmes a été recensé par les organisations membres de la concertation nationale contre les violences faites aux femmes.

En 2007, 2 519 cas de violence subie par les femmes et les mineurs ont été rapportés.

« Sur les 1 066 cas comptabilisés dans les 5 hôpitaux desservis par Médecins du monde, la moitié sont des mineurs », révèle Carine Thibault, coordinatrice du programme d’appui de Mdm à la prise en charge des victimes de violence.

La violence entraîne beaucoup de conséquences psychologiques qui s’expriment notamment par la dépression, l’anxiété et différents autres signes.

L’ouverture de l’unité de « relation d’aide » au centre de santé Bernard Mevs s’inscrit dans la continuité d’un travail de sensibilisation et de plaidoyer, entrepris dans la capitale haïtienne par Mdm.

Les capacités de membres du personnel de 4 hôpitaux étaient jusqu’ici renforcés par Mdm, en ce qui concerne l’accueil et les soins gratuits aux victimes de violence.

Six membres du corps médical du centre de santé Bernard Mevs, dont deux médecins et 4 infirmières, ont suivi, pendant trois semaines, une formation intensive dispensée par Médecins du monde, dans la perspective de devenir des acteurs relationnels, rodés sur divers axes, tels : accueillir, écouter, conseiller et référer les victimes de violence, en particulier en cas d’agression sexuelle.

« Souvent les victimes arrivaient décomposées, avec du dégoût d’elles-mêmes et parfois avec le désir de s’ôter la vie. On nous a appris comment canaliser leurs sentiments pour leur permettre de s’en sortir et faire face à leur désespoir », explique Dr Jephté Thomas.

Parmi les axes développés avec les acteurs relationnels, l’accueil est un point fondamental dans la prise en charge et le suivi des victimes de violence. Il s’agissait aussi de leur doter de techniques pour repérer les signes indicatifs et le comportement usuel d’une victime de viol.

« On a appris à repérer les signes à partir des gestes, du positionnement du corps, mais également de choses aussi simples comme l’importance du silence (pour être à l’écoute de la victime) », ajoute Dr. Thomas.

L’organisation internationale Médecins du monde a également dispensé une formation en information, éducation et communication (Iec), portant sur la prise en charge médicale légale ainsi que des séances basées sur la façon de remplir les certificats médicaux légaux et sur celle de respecter les procédures.

Le personnel soignant du centre de santé Bernard Mevs bénéficie également d’un accompagnement psychologique pour pouvoir être « toujours de bonne humeur psychologique pour recevoir les patients ».

Aujourd’hui, 43 acteurs à la relation d’aide travaillent dans l’accompagnement des victimes de violence qui viennent chaque jour dans les centres de santé touchés par Mdm.

En plus du programme de prise en charge psychologique, de la formation à l’accueil, Mdm a équipé un de nos laboratoires de matériels de prise en charge, précise Dr Marlon Bitar, directeur administratif du centre de santé Bernard Mevs.

A l’occasion de l’inauguration, le 16 décembre 2008, de l’unité dédiée à la relation d’aide pour les victimes de violence, l’accent a été mis sur la nécessité de poursuivre les initiatives de sensibilisation dans les communautés, de renforcer la prise en charge médicale et l’accompagnement légal.

« Afin de pérenniser l’action de Mdm et de reprendre la relève, il importe, dans un futur proche, de mettre en place des dispositifs de prise en charge psychosociale, semblables à ceux établis à cette unité (centre de santé Bernard Mevs) pour accueillir les victimes d’agressions sexuelles, ce qui est aussi important que la prise en charge médicale », soulignent Dre.Nicole Magloire, secrétaire exécutive de la concertation nationale contre les violences faites aux femmes, et le docteur Hans Legagneur, directeur du département sanitaire de l’Ouest au ministère de la santé publique et de la population (Mspp).
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Les activités de sensibilisation, effectuées par les animateurs de Mdm, doivent être consolidées et s’élargir à travers le pays afin de pouvoir toucher toutes les communautés et en finir avec la violence faite aux femmes, préconise, pour sa part, Maggy Moreau de Mdm.

L’inauguration de l’unité dédiée à la relation d’aide a été marquée par une représentation théâtrale, interprétée par les animateurs de Médecin du monde et ayant conquis les patients du centre de santé Bernard Mevs. [mv rc apr 17/12/2008 0:00]


[1l’organisation internationale Mdm France œuvre en Haïti depuis 1994