Mise en question de l’aide internationale de court terme au lieu de la recherche de solutions durables…
P-au-P, 25 nov. 08 [AlterPresse] --- La plate-forme britannique de plaidoyer sur Haïti, qui regroupe plusieurs organisations non gouvernementales et de solidarité avec la république caribéenne, appelle l’Organisation des Nations Unies (Onu) à focaliser l’attention des bailleurs de fonds internationaux sur la nécessité de venir en aide aux paysans haïtiens, durement éprouvés par une suite d’intempéries en août et septembre 2008, indique une lettre dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
<< Si Haïti veut éviter une famine généralisée dans un futur proche, il faut un grand effort pour soutenir les paysans haïtiens afin qu’ils puissent cultiver les récoltes et faire élever le bétail pour nourrir la population >>, suggère la plate-forme britannique de plaidoyer sur Haïti dans cette lettre adressée, le vendredi 21 novembre 2008, à John Holmes, secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires et l’aide d’urgence de l’Onu.
Les engagements obtenus jusqu’ici ne dépassent point les 828,000.00 dollars américains, soit moins de 8% du montant de US $ 10,5 millions sollicités comme allocation par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) en vue de recapitaliser le secteur agricole en Haïti affecté par les désastres naturels, déplore la plate-forme britannique de plaidoyer
Aider à reconstruire la subsistance des paysans, réhabiliter le réseau d’irrigation dans les endroits principaux touchés par les inondations de l’été 2008, aider à freiner la propagation de maladies à travers le bétail ayant survécu aux cyclones : tel est l’objectif poursuivi par la Fao dans sa demande d’allocation en faveur des paysans en Haïti, où environ deux tiers de la population vivent de l’agriculture.
Aujourd’hui, les paysans haïtiens font face à une situation précaire, alourdie par les dégâts de la série d’ouragans et d’inondations qui ont détruit les récoltes, emporté les champs et le bétail, et anéanti le rude réseau d’irrigation, rappelle la plate-forme d’Ong britanniques de plaidoyer sur Haïti.
Pour la plate-forme britannique, la hausse récente des prix au niveau international a induit un coût des aliments de base au-dessus des moyens de la plus grande partie de la population nationale.
D’une capacité à subvenir en grande partie aux besoins alimentaires de la population, la république d’Haïti est devenue de plus en plus dépendante de l’importation des aliments, due à des décennies de sous-investissements et la réduction des tarifs d’importation qui ont porté un rude coup au secteur agricole, en dépit des initiatives de regroupements (au niveau régional aussi bien que national) parmi les organisations paysannes.
<< Le fait que la réponse à l’appel d’urgence pour la partie destinée au secteur agricole soit si décevante fait comprendre que, encore une fois, la machine de l’aide internationale demeure vouée au court terme et a peu d’égard pour des solutions durables face aux problèmes d’Haïti >>, lit-on dans la lettre à John Holmes.
La plate-forme d’organisations britanniques de plaidoyer sur Haïti exprime également son inquiétude devant les réponses mitigées - seulement 33 % souscrit jusqu’au 21 novembre 2008 - à l’appel d’urgence de US $ 108 millions, lancé par l’Onu le 9 septembre.
Les bonnes intentions, relevées dans l’appel d’urgence et consistant à « reconnaître l’importance de réparer les ravages [causés] au secteur agricole tombent à l’eau, si les bailleurs de nations riches n’appuient pas au maximum cette partie de l’Appel », souligne Anne McConnell, coordinatrice de la plate-forme d’organisations britanniques de plaidoyer sur Haïti.
« Si les paysans haïtiens ne reçoivent pas de l’assistance, nous sommes en face d’une famine exécrable >>, prévient, pour sa part, Charles Arthur du groupe de solidarité avec Haïti, Haiti Support Group, membre de la plate-forme britannique, qui invite les instances internationales à œuvrer pour éviter la diffusion, à travers l’Europe et l’Amérique du Nord, « dans six ou neuf mois, d’images d’enfants haïtiens » montrant une aggravation de la situation. [rc apr 25/11/2008 9 :00]