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Haïti-Accident : Plusieurs familles menacées après l’effondrement partiel d’une maison à Delmas

P-au-P, 17 nov. 08 [AlterPresse] --- Plusieurs centaines de familles se trouvent aujourd’hui menacées après le brusque effondrement partiel d’une maison, enregistré dans la matinée de ce lundi 17 novembre 2008, à Musseau dans la commune de Delmas, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.

Construite sur des failles près d’un ravin,
cette maison, propriété d’un Haïtien vivant à l’étranger, aurait été habitée, jusque la semaine dernière, par des membres de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), selon des riverains.

« Il n’y avait personne dans cette maison. Denis, le dernier membre de la Minustah, est parti la semaine dernière », explique un voisin, interrogé par AlterPresse.

La partie effondrée de cette maison a été fissurée depuis quelque temps. Des étais métalliques, qui servaient de support à la toiture dans certains endroits, ont été libérés par un ouvrier qui était chargé de démolir le mur crevassé.

« Je l’ai vu ce matin en train de démolir le mur avec des burins, il a libéré les étais, quelque temps après c’est l’effondrement », raconte ce citoyen qui habite la zone.

Laneau Jeudy est un vieux de la zone qui pratique le métier de maçonnerie. En 1978, il y avait une vieille maison abandonnée sur ce terrain qui appartenait à la famille Lamothe, explique Jeudy qui était encore adolescent.

De retour en 1981, Laneau Jeudy dit n’avoir vu que les ruines de cette masure, précisant que le terrain situé à la ruelle Avalon – où s’est produit l’accident du 17 novembre 2008 – a, par la suite, été vendu à un Haïtien vivant à l’extérieur du pays.

L’effondrement d’une partie de la maison, reconstruite sur des failles, a causé l’endommagement d’autres cahutes dans ce bidonville contrasté.

Des fonctionnaires du ministère des travaux publics, transports et communications (Mtptc) ainsi que de la municipalité de Delmas se sont rendus sur les lieux pour constater les dégâts.

Dans l’après-midi du 17 novembre, des gents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et des militaires de la Minustah montaint la garde près du lieu de l’accident.

Inquiétude et desiderata de la population avoisinante du lieu de l’accident du 17 novembre

« Presque toutes les maisons de la zone sont fissurées », affirme un autre citoyen qui dit n’avoir pas la quiétude d’esprit quand il pleut à Port-au-Prince.

Les résidents de l’impasse Avalon à Musseau n’ont pas tardé à réagir face à ce qu’ils appellent le désengagement de l’Etat.

Il n’y pas longtemps, une secousse sismique a, en quelques secondes, fendu les murs de plusieurs maisons et plié des arbres qui servaient de pylônes électriques.

« L’Etat devrait prendre des mesures pour nous assister, parce que nous sommes tous menacés », réclame Vélaine Charles.

Dans ce bidonville, Vélaine Charles vit piteusement depuis 12 ans avec ses six enfants dans deux petites chambres qu’elle a construites avec les moyens du bord.

Cette mère de famille, sans secours, n’est pas la seule à connaître l’enfer de ce bidonville qui a déjà enterré 16 de ses enfants décédés dans l’effondrement de l’école La Promesse de Nérette, à Pétionville.

Dans ce drame, survenu le 7 novembre 2008, une jeune enseignante de la zone, compagne d’un employé d’une chaîne de télévision locale, a, elle aussi, été tuée.

Cette situation dramatique ne laisse pas indifférents les jeunes, résidant aux environs de l’impasse Avalon, qui critiquent l’attitude électoraliste des dirigeants haïtiens.

« Ils ne pensent à nous que lorsqu’il faut voter pour eux aux élections », stigmatise un groupe de jeunes habitant aux abords d’un ravin rempli de gravats.

Le maire principal de Delmas, Wilson Jeudy, aurait sommé les occupants de ce bidonville de vider les lieux, dans le meilleur délai, pour éviter des pertes en vies humaines.

Déplacer la population ne serait pas une mauvaise idée, dans la mesure où l’Etat prendrait toutes les dispositions pour assister les familles, pense Peter Leconte qui croit nécessaire de déconcentrer les activités économiques en vue de permettre aux non originaires de Port-au-Prince de regagner leurs pénates.

« Il est normal de déplacer la population, même provisoirement, parce que la zone est vulnérable. Mais il faut assister les plus déshérités », déclare-t-il d’un ton sévère.

Le mieux qu’on puisse faire, selon Peter Leconte, c’est de « déconcentrer les usines, créer les conditions nécessaires dans les villes de province pour permettre aux gens d’aller travailler dans leurs zones ».

Des explications techniques avancées

L’accident de l’impasse Avalon porte à quatre le nombre de maisons effondrées ou partiellement effondrées depuis le 7 novembre 2008 à Port-au-Prince.

Les spécialistes du Bureau haïtien des Mines et de l’énergie ne cessent point d’alerter les autorités sur les menaces de secousses sismiques qui pèsent sur le pays, avec l’existence d’une faille s’étendant de la presqu’île du Sud jusque sur les hauteurs de Pétionville.

Des surcharges techniques, jointes à la qualité du sol et aux déficiences structurelles, expliqueraient l’effondrement de deux édifices d’établissements scolaires, enregistré en l’espace de 5 jours dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, affirmait, le 12 novembre 2008, à AlterPresse le géologue et géotechnicien Claude Prépetit, conseiller technique au Bureau haïtien des mines et de l’énergie (Bme) [cf. http://www.alterpresse.org/spip.php?article7877].

« Techniquement, il y a des alternances de gonflement et de retrait du sol. Beaucoup de maisons sont érigées sur des versants ou pentes, elles ont été construites sur des fondations peu solides, associées à des calculs déficients de ferraillage et de poutres (un mauvais dimensionnement de structure) », souligne Prépetit.

Selon le conseiller technique au Bme, les surcharges mobiles produisent généralement des vibrations, telles de petites secousses telluriques, qui agissent sur les structures des édifices, lesquelles structures sont susceptibles d’être ébranlées.

De plus, l’explosion démographique, notamment sur les versants instables des villes comme Port-au-Prince, serait une des causes du phénomène constaté ces derniers jours en Haïti.

Entre le 16 août et le 7 septembre 2008, le territoire national a vécu le passage de 4 cyclones (Fay, Gustav, Hanna et Ike) qui ont provoqué 1 200 mm de pluie, une pluviométrie généralement atteinte annuellement. [do rc apr 17/11/2008 17 :30]