P-au-P, 10 nov. 08 [AlterPresse] --- Les chances de retrouver des survivants dans les décombres de l’école « La promesse évangélique » à Nérette (localité de Pétionville, à l’est de la capitale d’Haïti) demeurent très minces, environ 72 heures après l’effondrement (le 7 novembre) de l’édifice qui a coûté la vie à 92 personnes et fait 150 blessés, particulièrement des écolières et écoliers (bilan officiel provisoire).
Des dispositions sont attendues ce lundi 10 novembre pour passer à une autre étape, à la suite des tentatives, la veille, des secouristes haïtiens, américains et martiniquais pour enlever la toiture principale de l’ancienne bâtisse de 5 étages.
En considérant l’instabilité du bâtiment effondré, érigé aux abords d’un ravin en dehors des normes de construction requises, il reste probable d’envisager la destruction totale du reste de l’école au cas où les spécialistes s’accorderaient sur cette éventualité.
Les caméras utilisées par les secouristes n’ont permis de déceler aucun signe de vie humaine à l’intérieur des débris et dans tout ce qui reste de salles, citernes et autres, suivant les informations fournies à la presse par la direction de la protection civile et le ministère à la jeunesse, ce dernier organisme en charge de la coordination des opérations.
D’après les estimations effectuées, environ 350 personnes se trouvaient dans le bâtiment au moment de l’accident, contrairement au chiffre de 700 avancé aux premières heures de ce nouveau drame humain qui vient endeuiller les familles haïtiennes au lendemain des intempéries mortelles d’août et de septembre 2008.
Le vendredi 7 novembre était une journée de couleur pour les élèves de l’établissement « La promesse évangélique » qui fonctionnait en deux vacations pour un effectif quotidien total d’environ 700 écolières et écoliers.
Le ministre de la jeunesse, des sports et de l’action civique, Evans Lescouflair, appelle la presse nationale à faire preuve de beaucoup de prudence face aux données véhiculées par les riverains, susceptibles de modifier la nature des interventions programmées par les spécialistes.
La structure fragile de l’ancien édifice, pour une bonne partie établi sans ciment ni fers de construction, ne favorise pas les opérations. Malgré les qualifications des pompiers haïtiens, il a fallu l’apport de techniciens étrangers qui disposent de matériels adéquats (inexistants dans le pays) pour ces genres de catastrophes. Une coordination est effectuée entre les spécialistes haïtiens, américains et martiniquais pour planifier les modes d’intervention faite par rotation avec des équipes de 6 sauveteurs.
Le gouvernement a promis de ravitailler la population proche de l’édifice effondré, vu que les habitants sont confinés chez eux depuis le 7 novembre pour ne pas gêner les opérations de secours. En plus des soins aux personnes blessées, d’autres types d’assistance sont envisagés pour les parents des enfants décédés.
A partir de ce lundi 10 novembre 2008, une liste des écolières et écoliers, identifiés comme décédés, sera affichée au siège social de la municipalité de Pétionville. Déjà, le samedi 8 novembre, la croix rouge haïtienne a transmis aux médias une liste de 40 blessés qui recevaient des soins dans un des hôpitaux gérés par Médecins sans frontières à Delmas (nord-est de Port-au-Prince).
Dans l’intervalle, une enquête sera conduite afin de déterminer les causes de l’accident. Les parents des jeunes, victimes dans l’accident, pourraient se constituer partie civile.
En détention préventive à la direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Fortin Augustin, le pasteur propriétaire de l’école « La promesse évangélique » - qui avait des classes du kindergarten jusqu’en terminale (philosophie) et qui servait également d’église – sera entendu ce 10 novembre au Parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince. Claire Lydie Parent, mairesse de Pétionville, sera également interrogée par le commissaire du gouvernement de la capitale.
Le ministère de l’éducation nationale a annoncé le 7 novembre, jour de l’accident, un processus d’évaluation (par l’unité de génie scolaire) des structures des établissements scolaires et des dispositions institutionnelles immédiates à l’encontre de ceux qui n’auront pas répondu aux normes de construction réglementaires.
Globalement, la responsabilité des organismes d’Etat (dont le service de génie municipal de Pétionville, la protection civile et la sécurité publique) est engagée dans ce nouveau drame humain, enregistré en pleine période de grève de médecins résidents à l’hôpital de l’université d’Etat d’Haïti (HUEH), principal centre hospitalier du pays dysfonctionnel depuis plus d’un mois.
Beaucoup de voix s’élèvent pour réclamer, malgré leur caractère impopulaire, des mesures énergiques de prévention de désastres naturels et anthropiques, de manière à ne pas essuyer d’autres tragédies nationales en Haïti. [rc apr 10/11/2008 7 :00]