Plus de 80% du riz cultivé en Haïti proviennent des 28 mille hectares de plaines irriguées dans la Vallée de l’Artibonite, au nord de la capitale Port-au-Prince. Cette région, qui pourrait être le grenier d’un pays en proie à l’insécurité alimentaire, n’a pas été épargnée par les dernières catastrophes naturelles survenues en été 2008. Les récoltes des paysans ont été emportées.
Par Djems Olivier
Vallée de l’Artibonite, 6 nov. 08 [AlterPresse] --- François est l’un des 15 mille paysans qui se sont investis dans la culture du riz dans la Vallée de l’Artibonite. Privé d’encadrement de techniciens agricoles, François ne compte que sur ses expériences pour cultiver ses parcelles de terre laissées en héritage par ses grands parents.
Les rizières de ce petit producteur n’ont pas été épargnées lors des ouragans en série qui ont balayé Haïti fin août et début septembre 2008. Dans la seule Vallée de l’Artibonite, les dix mille hectares de rizières ont tous été inondés.
« Il est inutile de parler de récolte dans une situation pareille, parce que les cyclones ont tout emporté », explique François, accompagné de trois ouvriers agricoles recrutés pour récolter ce qu’il lui reste de son lopin de terre plantée en riz.
La récolte est certes perdue, mais François doit coûte que coûte payer à chacun de ces ouvriers les 125 gourdes (un dollar américain vaut aujourd’hui 39 gourdes) réclamées par journée de travail.
Pour une assistance technique aux petits agriculteurs
Le manque d’encadrement technique, la perte des récoltes font partie, selon François, des raisons qui poussent de nombreux paysans de l’Artibonite à se diriger vers les grandes villes à la recherche d’une vie meilleure.
« Nous avons des problèmes de curage des canaux, les terres ne sont pas irriguées et nous travaillons avec les moyens du bord », soutient-il, regardant avec désolation le peu de riz récolté sur une surface qui a produit, durant les périodes passées, jusqu’à 2.5 tonnes métriques de riz.
Problèmes d’irrigation et de nettoyage des drains
Le gouvernement de Michèle Duvivier Pierre-Louis, installé le 5 septembre 2008, a récemment consacré une enveloppe de 2,27 milliards de gourdes (près de 58 millions de dollars) à la réparation des infrastructures agricoles endommagées, en vue de la garantie d’une certaine disponibilité alimentaire dans le pays pendant au moins cinq mois succédant la saison cyclonique.
Des paysans, regroupés au sein du Mouvement revendicatif des planteurs de l’Artibonite (Morepla), ont même fait état de la disponibilité de 60 millions de gourdes destinées au nettoyage des canaux d’irrigation dans la Vallée de l’Artibonite.
« Des contrats de 700 000 gourdes, un million et même 6 millions de gourdes sont déjà signés entre les autorités locales et des organisations bidon formées à cet effet », dénonce Assancio Jacques, producteur de riz et responsable de Morepla.
Sur la route menant à la Petite Rivière de l’Artibonite, de petits travaux de nettoyage de certains canaux sont en train d’être effectués. De tels canaux n’ont rien à voir avec les terres consacrées à la production agricole, selon des responsables d’organisations de planteurs.
« Je ne sens pas vraiment l’effet de ces travaux. Ce sont tout simplement des coups d’épée dans l’eau », stigmatise François, qui souhaite, néanmoins, une intervention gouvernementale pour nettoyer plusieurs milliers d’hectares de terres couvertes d’herbes sauvages depuis plus d’une dizaine d’années.
Assancio Jacques demande aux autorités concernées de prendre les dispositions nécessaires au nettoyage des terres couvertes d’herbes sauvages, en vue de permettre aux paysans d’avoir accès à la totalité des terres cultivables. [do gp apr 06/11/2008 09:00]