P-au-P, 4 nov. 08 [AlterPresse] --- Les points de vue sont partagés sur l’avenir des relations haïtiano-américaines à partir de des élections présidentielles qui se tiennent ce 4 novembre aux Etats-Unis d’Amérique.
Si certains Haïtiens s’attendent à des changements au niveau de la politique américaine à l’égard d’Haïti, d’autres au contraire estiment que ces élections n’apporteront rien de sérieux dans les relations entre les deux pays.
« Il y aura probablement une certaine amélioration de la situation de nos compatriotes vivant dans des conditions irrégulières aux Etats-Unis », espère Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).
Pierre Espérance souhaite également des changements au niveau de la politique américaine vis-à-vis des pays pauvres, dont Haïti. De tels changements, selon le militant des droits humains, devrait être opérés au niveau de la canalisation de l’aide américaine qui généralement passe par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID).
Membre du directoire du parti Fusion des sociaux-démocrates, Micha Gaillard s’attend à une plus grande coopération des Etats-Unis avec Haïti. Mais, il revient aux Haïtiens de travailler à l’avancement de leur pays, selon Micha Gaillard.
La politique des Etats-Unis n’est ni républicaine ni démocrate, souligne le juriste haïtien Edouard Camille Junior, doctorant en Droit public à l’Université Pierre Mendès France et chargé de mission à la Faculté de Droit et des sciences économiques (FDSE) de Port-au-Prince.
« Les élections américaines intéressent d’abord et avant tout les Américains. Cependant, vu l’importance de la politique extérieure américaine, Haiti sera certainement touchée par un changement de politique étrangère aux USA », pense Edouard Camille.
Marc Arthur Fils-Aimé de l’Institut culturel Karl Levêque (ICKL) parle, quant à lui, de la continuité de l’action impérialiste américaine sur les petits pays comme Haïti. « Le système américain fonctionne selon ses besoins », signale Marc Arthur Fils-Aimé qui estime qu’il n’y a aucune différence entre la gestion des républicains et celle des démocrates.
« Haïti ne doit pas compter sur les autres. C’est à nous de prendre notre destinée en main », indique le docteur Frantz Large qui, cependant, croit que « nous n’avons pas intérêt au déclin de l’Amérique ».
Un démocrate noir ou un républicain à la Maison Blanche…
« Le contexte international joue en faveur de Barack Obama », analyse Pierre Espérance qui prévoit une forte représentation des démocrates au niveau du Congrès et du Sénat américains. « Pendant deux ans, ils pourraient réaliser beaucoup de choses », dit-il.
« Ce sera une bonne opportunité d’avoir un noir à la tête des Etats-Unis », pense, pour sa part, Marc Arthur Fils-Aimé, très critique à l’endroit de l’impérialisme américain.
« Pour le seul fait que ces élections risquent de voir, pour la première fois, un Noir accéder à la présidence de la Première Puissance Mondiale, elles sont d’un intérêt capital pour Haïti, le pays qui a souvent été mis en quarantaine pour toutes sortes de raisons, y compris sa constitution ethnique », estime le professeur Fritz Deshommes, de l’Université d’Etat d’Haïti.
Une victoire des démocrates, représentés par Barack Obama, pourrait améliorer la situation des Haïtiens de la diaspora, notamment en matière de droits humains, estime Micha Gaillard.
« Il ne faut pas se bercer d’illusions, l’élection de Barack Obama ne va pas changer la donne, si la politique américaine à l’égard d’Haiti ne fait pas l’objet d’une remise à plat », fait remarquer Edouard Camille Junior qui invite à la prudence.
Le sénateur démocrate de I’Illinois est toujours donné vainqueur dans les quelque 200 sondages publiés au cours des six dernières semaines précédant les élections présidentielles. [do gp apr 04/11/2008 10:00]