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Amérique Latine : L’urgence d’une réunion de chefs d’État dans le cadre de l’ONU sur la crise financière internationale

Par Wooldy Edson Louidor

Bogotá, 3 nov. 08 [AlterPresse] --- « Réaliser des consultations en vue d´évaluer la possibilité de convoquer une urgente réunion des chefs d´État et de Gouvernement, dans le cadre des Nations Unies, face à la gravité de la crise financière », tel est l´un des principaux accords conclus par 19 mandataires et autres représentants des 22 pays de la communauté ibéro-américaine lors du 18e Sommet Ibéro-américain tenu du 29 au 31 octobre 2008 à San Salvador.

Dans un « Communiqué spécial sur la conjoncture économique internationale », signé par 21 États à l´exception du Chili, la communauté ibéro-américaine estime nécessaires « la prompte récupération de la stabilité financière » et le « retour à la croissance économique durable ».

Ces deux objectifs ne pourront se réaliser, ont-ils précisé, sans « la participation universelle, démocratique et équitable dans le débat et la solution de l´actuelle crise financière internationale ».

Rappelant dans le même document la responsabilité des pays développés dans l´actuelle crise du système financier international et ses effets sur le secteur économique ainsi que sur la stabilité politique et sociale des pays du Sud, la communauté ibéro-américaine juge « importante sa participation dans la recherche d´une réponse internationale » à cette crise.

Représentant les trois plus grandes économies latino-américaines, les présidents mexicain, Felipe Calderón, brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, et argentin, Cristina Kirchner, ont été investis du mandat de « présenter des changements dans la structure du système financier et de transmettre la position ibéro-américaine » à la réunion du G20 prévue le 15 novembre prochain à Washington.

Les trois présidents ont également reçu de leurs homologues ibéro-américains des documents qui présentent des stratégies visant à « améliorer la liquidité financière des banques et des entreprises », selon la présidente du Chili, Michelle Bachelet.

D´autres accords conclus

Reconnaissant les rapports étroits existant entre les finances et le commerce, surtout dans le contexte de l´actuelle crise, la communauté ibéro-américaine insiste sur l´urgence pour les États membres d´arriver à « une conclusion satisfaisante et équilibrée pour entreprendre les négociations multilatérales dans le cadre de la Conférence de Doha ».

Pour ce, les pays ibéro-américains s’engagent à « harmoniser leurs positions dans la prochaine Conférence de Doha sur le Financement pour le Développement », en maintenant « des canaux de communication fluides et rapides entre les gouvernements de la communauté ibéro-américaine afin de partager des informations sur l´évolution de la crise et ses effets économiques et sociaux sur les pays en développement ».

À rappeler que la prochaine Conférence de « Doha » a été convoquée par le directeur général de l´Organisation Mondiale du Commerce (Omc), Pascal Lamy, lors de la réunion du Comité des négociations commerciales du 10 octobre 2008.

Prévue pour le 12 novembre 2008 avec la participation des principaux bailleurs de fonds pour le commerce, cette importante réunion de l´Omc vise à créer des mécanismes en vue d’aider les pays en développement à avoir accès aux moyens de financement des importations et exportations et parvenir à un accord sur les négociations commerciales, initiées au début de l´année 2000, afin de libéraliser le commerce mondial.

Les termes de ces négociations, dont l´ensemble forme le Programme de Doha pour le Développement, ont été définis par les gouvernements des pays membres de l´Omc au cours de la 4e Conférence Ministérielle célébrée à la ville de Doha (Qatar) en novembre 2001.

Deux grandes tendances se partagent la région

Par ailleurs, le 18e Sommet Ibéro-américain a été le théâtre de débats et de confrontations entre deux grandes tendances politiques et économiques divergentes prévalant dans la région.

D´une part, des pays comme le Chili, le Brésil, le Mexique et l´Espagne réclament des réformes du système financier international, dominé unilatéralement par le G7 (les 7 pays les plus industrialisés), en vue d´une plus large participation et inclusion des pays émergents et en développement dans les prises de décision au sein des institutions financières (le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale) et d’autres instances internationales (le G7, le G20, Omc…).

D´autre part, la Bolivie, l´Équateur, l´Argentine et le Nicaragua, suivant la lignée socialiste de Cuba et de Venezuela, invitent la région à tourner le dos aux institutions de Bretton Woods et au système économique mondial « capitaliste », dont la crise actuelle, dans ses dimensions à la fois « financière, alimentaire, énergétique et même climatique », vient de sonner le glas.

Inventer de « nouveaux paradigmes », « reconstruire la multilatéralité », « renforcer l´unité et l´intégration régionale »… : autant de slogans scandés, au cours du Sommet, par les chefs d´État à tendance de gauche, qui invitent leurs homologues à adopter un autre modèle économique plus équitable pour la région.

Le Sommet Ibéro-américain, un espace diplomatique de plus en plus important

Réalisé pour la première fois dans la ville de Guadalajara (Mexique) le 19 juillet 1991, le « Sommet Ibéro-américain des Chefs d´État et de Gouvernement » se tient chaque année autour d´une thématique spécifique.

Constitué de 22 États, cet espace s´est converti peu à peu en un forum diplomatique de haut niveau représentant la voix d´environ 600 millions de personnes.

Les 22 États membres sont l´Espagne, le Portugal, Andorre (pays d´Europe du Sud intégré au Sommet à partir de 2004) et 19 pays de l´Amérique latine : l´Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, Costa Rica, Cuba, le Chili, l´Équateur, la République Dominicaine, l´Uruguay, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Pérou, le Venezuela, le Nicaragua, El Salvador, le Guatemala et le Paraguay. [wel gp apr 03/11/08 10:24]