P-au-P, 28 oct. 08 [AlterPresse] --- Une campagne de sensibilisation nationale sur la gestion des déportés vient d’être lancée à Port-au-Prince par le Centre œcuménique des droits humains (Cedh) de concert avec ses institutions partenaires.
Par cette campagne, ianugurée le 27 octobre, les initiateurs cherchent à « sensibiliser la population haïtienne à la situation des déportés, à déstigmatiser l’image de ces citoyens auprès de la population haïtienne ».
Ils cherchent également à « faire comprendre qu’il existe un intérêt collectif à ce que les déportés s’intègrent à la société afin qu’ils n’aient pas comme seul recours pour survivre la criminalité ».
Le Centre œcuménique des droits humains a présenté au public un document intitulé « Propositions pour une politique nationale de prise en charge de la question des déportés ».
Ce document, produit en huit mois, est le fruit des travaux d’une table de concertation nationale sur la question des déportés, selon Julie Kesteloot, coordinatrice de projet au Cedh, bénéficiant d’un financement de l’Union européenne et de l’Organisation internationale de la migration (OIM).
Le CEDH cherche parallèlement à impulser une « concertation régionale autour de la problématique de déportation ».
Des représentants de la République Dominicaine, Jamaïque, Guatemala et Etats-Unis ont participé à la rencontre du 27 octobre.
Le principal responsable du Centre œcuménique des droits humains, Jean-Claude Bajeux, croit nécessaire d’impliquer tous les pays de la région dans la lutte pour une « politique cohérente » sur la question migratoire.
Le problème de la migration n’est pas propre à Haïti, selon Jean-Claude Bajeux, qui juge indispensable de « se mettre ensemble pour défendre les droits des migrants ».
Espérant une meilleure prise en charge du dossier, Jean-Claude Bajeux estime que la situation des déportés s’est progressivement améliorée en Haïti.
Le sociologue jamaïcain, Bernard Headley, professeur à l’Université West Indies (Jamaïque), réfute la thèse selon laquelle les déportés participent aux actions criminelles.
Les enquêtes policières, soutient l’expert jamaïcain en criminologie, montrent qu’il n’existe aucun lien direct entre la criminalité et les déportés.
« Les dirigeants de la zone [Caraïbes] ont tendance à rendre les déportés responsables de la criminalité », souligne le professeur Headley qui participait, lui aussi, à la concertation régionale autour de la problématique de déportation.
Le sociologue jamaïcain pense que la présence des déportés en Haïti n’a aucune influence sur le phénomène de la criminalité.
« Nous sommes en train de mener des campagnes contre la stigmatisation des déportés », affirme Chandrai Estevez, déléguée de la République Dominicaine.
La représentante du Guatemala, Sonia Pellecer estime nécessaire de mettre un terme à la stigmatisation des personnes déportées. Sonia Pellecer est responsable du programme Déportés à OIM.
Les données fournies par le Cedh font état de 5 000 déportés qui sont arrivés en Haïti durant ces 20 dernières années. Selon le Centre, ces déportés proviennent de deux pays principaux : les Etats-Unis et le Canada.
Entre 2001 et 2004, quelque 2564 déportés sont entrés en Haïti, contre 1242 entre juillet 2004 et fin 2006.
Les statistiques du Département d’Etat font état de 3250 Haïtiens déportés sur base de dossiers criminels entre 1997 et 2005, souligne le Cedh dans son document de plaidoyer. [do apr 27/10/2008 14 :30]